Elections locales 2017: Vers le renouvellement des collectivités territoriales

26 jan 2017

Elections locales 2017: Vers le renouvellement des collectivités territoriales

Une séance de sensibilisation à Petites Rivières de Bayonnais (Gonaives ) sur l'intérêt de voter dans les élections locales. Photo : Taina Noster - UN/MINUSTAH

Près de deux mois après la tenue des élections présidentielles et législatives du 20 novembre 2016, Haïti se prépare à renouveler les collectivités territoriales qui sont composées des Conseils d’Administration des Collectivités territoriales (CASEC), des Assemblées des Sections Communales (ASEC) ainsi que des délégués de ville. « Géographiquement, Haïti est divisée en départements, communes et sections communales. Ces dernières constituent la plus petite entité administrative et sont gérées par les CASEC sous le contrôle des ASEC », explique Abner Georges, membre des Coordinations des Comités d’initiative des communes des Gonaïves (CCICG). Il y va de soi que le coordonnateur CASEC est le premier citoyen de sa zone, tout comme le président est le premier citoyen du pays.

Cependant, élus et candidats à ce poste se sentent délaissés par l’État, cette entité qu’ils sont justement appelés à représenter. « Les collectivités sont traitées en parent pauvre par le pouvoir central. Elles n’ont pas de moyens financiers à leur disposition. Les fonds destinés aux collectivités sont distribués aux parlementaires » déplore Bélony Jacques. Elu en 2006, le coordonnateur de la section communale de Petite Rivière de Bayonnais aux Gonaïves devait être remplacé depuis 2010. « Les élections n’ont pas eu lieu à deux reprises par manque de volonté politique », soutient M. Jacques. « En 2014, l’administration en place nous avait demandé de rester à nos postes jusqu’à ce que l’on soit remplacé par de nouveaux élus ». 

Appelée à être renouvelée tous les quatre ans, cette structure vise à améliorer l’accès aux services de l’État pour les citoyens des zones les plus reculées, à favoriser la décentralisation et le développement local. Pour les élections du 29 janvier prochain, ils sont 12,264 candidats dont près de 35% de femmes au poste de CASEC. Du côté des ASEC, 14,206 vont se présenter aux élections pour briguer ce poste avec près de 72% de femmes dans la course.

Photo : Loucius Eugène - UN/MINUSTAH

Il a été constaté une présence significative de femmes à ce niveau par rapport aux années précédentes, grâce au décret électoral qui fait obligation au cartel des CASEC, composés de trois membres, d’intégrer au moins une femme. Quant aux ASEC, il leur est demandé d’intégrer au moins deux ou trois femmes compte tenu du fait que l’effectif du cartel varie entre cinq à neuf membres dépendamment de la taille de l’électorat.

Elections locales = développement local

Dans les semaines précédant le scrutin, le Conseil Électoral Provisoire (CEP) à travers ses Bureau électoraux départementaux (BED) a organisé plusieurs séances de sensibilisation dans diverses sections communales du pays sous le thème « élections locales égale développement local ». Le but était de faciliter une meilleure compréhension du rôle des élus locaux dans le développement de la section    et d’encourager les électeurs à se rendre aux urnes. Ensemble, candidats, société civile et représentants du CEP ont échangé sur les attributions des collectivités,  l’importance de ces élections, la participation des électeurs, la sécurité et le financement des candidats.

En effet, que ce soit dans le Nord, l’Artibonite, le Nord-Est, le Nord-Ouest, le Centre, les Nippes, la Grande-Anse, l’Ouest, le Sud ou le Sud-Est, la question du financement de la campagne électorale et du paiement des mandataires est abordée. « Où allons-nous trouver l’argent pour couvrir nos dépenses si le CEP ne nous aide pas ?» s’interroge un candidat. S’ensuivent toujours des débats houleux durant lesquels les représentants du CEP aux activités expliquent que le financement des candidats ne relève pas du mandat de l’institution. « Adressez-vous aux dirigeants de vos partis politiques, » lance le président du BED de l’Artibonite, Emmanuel Laurent. Le responsable rappelle en effet que ce sont les partis politiques qui reçoivent de l’Etat une subvention pour couvrir les campagnes de leurs candidats – à tous les niveaux de poste.

Les participants ont également formulé le souhait que les sections communales soient dotées d’un budget propre, en attendant d’aboutir à un stade où les sections pourraient à l’avenir s’auto-développer via l’exploitation de leurs propres ressources.

Photo : Taina Noster - UN/MINUSTAH

Au total, 21 séances de sensibilisation ont été réalisées durant la période du 17 au 27 janvier 2017 avec l’appui de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH)

 

Importance des élections locales au regard de la population

Dans tous les départements visités, l’engouement pour ce scrutin et, depuis un certain temps, pour les élections en général, est partagé. Si certains y voient encore l’unique moyen de renouveler le personnel politique ; pour d’autres, il s’agit d’une perte de temps, d’énergie et d’argent.

 

Toutefois, ils sont nombreux, les habitants et candidats aux postes d’ASEC, CASEC, à  manifester un vif intérêt pour la réussite des élections. La sécurité constitue leur principale préoccupation. Le président du BED du Nord-Est, Kenty Monroe, se veut rassurant. « Des dispositions drastiques seront prises contre les fauteurs de troubles durant tout le déroulement du scrutin », a assuré Me Monroe.

Le 29 Janvier prochain, les haïtiens vont élire entre autres 570 cartels de CASEC et 568 cartels d’ASEC ainsi que ses 8 représentants au tiers-Sénat et le député de Fond Cochon dans la Grand-Anse.