La jeunesse haïtienne : une ressource au service du développement durable

15 aoû 2016

La jeunesse haïtienne : une ressource au service du développement durable

Photo : Marie Yolette B. Daniel - UN/MINUSTAH

« De tout temps, dans les discours, sur du papier, on a attribué et on attribue encore le destin du pays aux jeunes. Mais dans la pratique, nos ainés n’ont pas vraiment confiance en nous », déplore Stevens Josil, 26 ans, animateur de groupe au sein du mouvement  ‘’Scout Sténio Vincent Des Cayes’’.

L’air plutôt sceptique quant à l’obligeance des décideurs vis-à-vis des jeunes, Steven rappelle que la jeunesse, en dépit du manque d’encadrement, dispose d’importantes capacités sous-exploitées. « D’ailleurs, les gouvernants haïtiens ne font rien pour renforcer ou encore intégrer cette catégorie sociale si importante en nombre mais aussi en ressources», fait-il remarquer.

 

 

En effet, dans la vie courante et selon le contexte choisi, la jeunesse est définie différemment. Par exemple : pour différencier deux groupes d’âge et/ou des générations (il est plus âgé qu’elle), ou encore pour mettre en valeur un état d’esprit ou la nature de la vision (vigueur, fraîcheur, spontanéité etc.). « Et, ce deuxième aspect n’est pas utilisée intelligemment dans la société haïtienne. Elle est à l’état brut, en chute libre », déclare Mathieu Painvier, gérant-responsable du mouvement socio-culturel Caravane Art Expo Des Gonaïves, un vétéran, farouche défenseur de la culture Haïtienne.

 

Photo : Marie Yolette B. Daniel - UN/MINUSTAH

 

À l’instar de Steven Josil, Mathieu estime que les jeunes, généralement bourrés de talents ont été trop longtemps marginalisés. Il est selon lui grand temps d’intégrer dans le curriculum scolaire une section sinon un chapitre « arts et métiers ».

 Une approche qui non seulement mettrait à profit la richesse mais également faciliterait la socialisation de la jeunesse. Elle permettrait du même coup d’éviter sa déperdition criante à laquelle on assiste aujourd’hui. Il entend par-là, l’implication des jeunes dans des actions vénal (vente et consommation de drogue, de l’alcool, détention d’armes illégales, vols, viols, des manifestations culturelles dépravées) etc.

« Initier ou participer à des activités sociales comme le sport, l’art, la culture etc. est fondamentale pour le bien-être et la santé mentale de la jeunesse Haïtienne. Cela lui permettra de mieux remplir  non seulement son indissociable rôle d’avenir du pays, mais également de relever son niveau de civilité dérivé de  sa socialisation», Souligne Junior Yacinthe, un Jeune footballer, habitant les environ du  Champs de Mars, à Port au prince.

Cette socialisation ne peut se faire que par l’influence positive des autres, un modèle à qui on souhaite ressembler…« Un jeune qui fait partie d’un club sportive et/ou d’une structure culturelle bénéficie d’une formation complémentaire à celle qu’elle reçoit au sein de sa famille, dans sa communauté religieuse et à l’école », croit Assamat Joseph. Âgé de 19 ans, Assamat est membre de « beautiful stars », un club culturel s’occupant notamment des jeunes issus des quartiers défavorisés des Gonaïves.

Chanteurs, danseurs, artistes peintre, musiciens, comédiens, poètes, diseurs, chorégraphes, metteurs en scène etc. sont entre autres, des talents artistiques regroupés au sein de beautiful stars.  « Nous Utilisons nos talents comme outil pour combattre la délinquance juvénile, promouvoir la culture de la paix, l’équité du genre et surtout pour notre propre épanouissement », explique avec fierté Prénélus Claire Mitha, présidente et membre fondatrice du club.

Artiste peintre et chanteuse, Claire Mitha a la ferme conviction que les jeunes, en mettant à profit leur talents artistiques peuvent contribuer à positiver les acquis culturels du pays  grâce à leur capacité créative et leur vision. « Moi, j’ai utilisé mon talent et mon leadership pour créer ce club culturel »,-a-t-elle affirmé avec un large sourire bienveillant. Et, chacun dans cette structure emploi le tien pour promouvoir quelque chose dans laquelle il croit.

 

 

Les jeunes, moteur du développement durable

En date du 17 décembre 1999 et sur recommandation de la Conférence mondiale des ministres de la jeunesse tenue à Lisbonne, au Portugal l’année précédente,  l’Assemblée générale des Nations Unies a approuvée la date du 12 aout comme  journée internationale des jeunes.

« La route vers 2030 : Éliminer la pauvreté et parvenir à des modes de consommation et de production durables », est le thème choisi, cette année par l’ONU comme fil conducteur pour susciter les débats autour du rôle des jeunes dans la réalisation du programme des Objectifs de Développement Durable (ODD).

Elle met ainsi l'emphase sur le rôle que les jeunes doivent jouer en vue de l'élimination de la pauvreté, ce qu’ils doivent faire par le biais de la consommation et de la production durables. (http://www.un.org/fr/events/youthday/)

En Haïti, c’est autour du thème : « Jèn, nou se lavni, angaje n pou n devlope peyi n » en français (jeunes, nous sommes l’avenir, engageons-nous pour développer notre pays) que les autorités haïtiennes et ses partenaires ont mené les réflexions. Un message que semble bien assimiler Junior Yacinthe qui appelle à plus d’infrastructures scolaires et sportives dans la lutte et en faveur de la relance économique du pays.

 

 

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Photo : Marie Yolette B. Daniel - UN/MINUSTAH

 

La cérémonie officielle de lancement a eu lieu à Port-au-Prince, le mercredi 10 Aout 2016, en présence du Président provisoire de la République, SEM Jocelerme Privert, de membres du cabinet ministériel dont Abel Nazaire, ministre de la jeunesse, des sports et de l’action civique, Amos Cincir, président du gouvernement jeunesse, Mme Marielle- Sander Lindstrom, Représentante du Fonds des Nations Unies pour la Population du FNUAP et de Paul Gomis, représentant en Haïti de l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la science et la culture, (UNESCO).

Au nombre des activités réalisées pour marquer la date, des conférences –débats, une exposition artisanale composée de stands tenus par des associations de jeunesse, des kiosques d’information et des ateliers de causeries et participatives variés, notamment sur la santé, les ODD et l’engagement volontaire. Le tout couronné dans l’après-midi du 12 Aout par des prestations culturelles par des jeunes artistes haïtien.

 

 

 

Rédaction : Marie Yolette B. Daniel