Quand l’ONU inspire des artisans haïtiens !

6 jan 2012

Quand l’ONU inspire des artisans haïtiens !

En face du Quartier général de la MINUSTAH, à Port-au-Prince, un décor qui passe difficilement inaperçu : des statuettes de Casques bleus et autres objets représentant des emblèmes de l’ONU sont exposés à côté de nombreuses œuvres représentatives de l’artisanat traditionnel haïtien.

Quand l’ONU inspire des artisans haïtiens !

 

Photo : Jesus SERRANO REDONDO - UN/MINUSTAH

Ils sont une vingtaine d’artisans haïtiens au total qui tiennent boutique sur le trottoir qui fait face à l’entrée du Quartier Général de la MINUSTAH. Certains accrochent leurs œuvres tout au long du mur. Qui sont-ils ? Qu’est-ce qui les inspire ? Qui sont leurs clients ? Rencontre avec l’un d’entre eux.

Il s’appelle Manassé Germain. Depuis 1989, avec une dizaine d’autres artisans, il crée des objets décoratifs très colorés à partir du bois, de la pierre, du cuir ou du fer forgé. Aujourd’hui, son échoppe attire la curiosité par sa touche originale : des petites statuettes en bois de chêne représentant des Casques bleus de la MINUSTAH ou des agents de la Police Nationale d’Haïti (PNH) s’ajoutent à la panoplie des objets artisanaux haïtiens.

C’est depuis 2004, année du déploiement de la Mission en Haiti, que Manassé et ses collègues sont installés dans cette rue du quartier de Tabarre, un lieu stratégique en raison de sa proximité avec l’aéroport international Toussaint Louverture et la Direction générale et autres entités de la Police Nationale d’Haïti (PNH).

«Pas une journée ne passe sans que les piétons ne s’arrêtent pour observer les agents de la police haïtienne et les Casques bleus qui montent la garde devant ma boutique », raconte, fièrement, Manassé qui a commencé à fabriquer ces statuettes quand un Brésilien lui a demandé de sculpter un soldat. « Il m’a fallu un an et demi pour y parvenir. Par la suite, je me suis perfectionné », se félicite Manassé Germain pour qui cela représente un gagne-pain additionnel pour subvenir aux besoins de sa famille.

Outre ces sculptures, Manassé confectionne des plaques portant le logo des Nations Unies, souvent accompagnées de messages en espagnol et en portugais. Un clin d’œil en direction des Casques bleus brésiliens et argentins qui figurent parmi sa fidèle clientèle, outre, bien entendu, les agents de la PNH, eux aussi très friands de ses statuettes. Aujourd’hui, Manassé et ses collègues tentent aussi de fidéliser touristes étrangers et autres amateurs d’art haïtien, notamment en essayant de diversifier leurs produits.

Car effectivement, avant le séisme du 12 janvier 2010, lorsque le Quartier général de la MINUSTAH se trouvait encore à l’Hôtel Christopher, à proximité de l’Avenue John Brown Bourdon, les artisans haïtiens confectionnaient aussi des hélicoptères, des blindés ou des véhicules miniaturisés de la MINUSTAH utilisant toutes sortes de matériel allant de l’aluminium, au plastique, au fer forgé ou au bois.

Rédaction : Jonas Laurince
Edition : Habibatou Gologo