CONFERENCE DE PRESSE DE LA REPRESENTANTE SPECIALE DU SECRETAIRE GENERAL DES NATIONS UNIES EN HAITI ET CHEF DE LA MINUSTAH, MADAME SANDRA HONORE

24 mar 2016

CONFERENCE DE PRESSE DE LA REPRESENTANTE SPECIALE DU SECRETAIRE GENERAL DES NATIONS UNIES EN HAITI ET CHEF DE LA MINUSTAH, MADAME SANDRA HONORE

 

Photo: Srdan Slavkovic - UN/MINUSTAH

Photo: Srdan Slavkovic - UN/MINUSTAH

 

CONFERENCE DE PRESSE DE LA REPRESENTANTE SPECIALE DU SECRETAIRE GENERAL DES NATIONS UNIES EN HAITI ET CHEF DE LA MINUSTAH,
MADAME SANDRA HONORE

 

Mercredi 23 mars 2016

 

 

Introduction de Madame Sophie Boutaud de la Combe, porte-parole et chef a.i. du Bureau de la Communication et de l’Information Publique de la MINUSTAH 

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, bonjour.

Permettez-moi de commencer par saluer les auditeurs et auditrices de MINUSTAH FM qui nous suivent en direct dans tout le pays ainsi que de par le monde en streaming. Je salue également nos amis de la presse qui nous suivent en vidéo-conférence depuis Cap-Haïtien, Les Cayes et Gonaïves.

 

Bienvenue à cette conférence de presse de la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies et Chef de la MINUSTAH, Madame Sandra Honoré, sur sa présentation jeudi 17 mars au Conseil de Sécurité du rapport biannuel du Secrétaire général des Nations Unies sur la situation en Haïti.

Sans plus attendre je lui cède la parole.

Intervention de Madame Sandra Honoré, Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en Haiti (RSSG)

Merci beaucoup.

Mesdames et Messieurs. Bonjour,

La semaine dernière, le 17 mars, le Conseil de sécurité des Nations Unies s’est réuni pour discuter de la situation en Haiti sur la base du dernier rapport du Secrétaire-général, publié le 8 mars.  

 

Face à l’incertitude politique suite à l’interruption du processus électoral et conscients des retards observés dans la mise en œuvre de l’Accord politique du 5 février, les membres du Conseil de sécurité ont souligné l’importance cruciale du retour du pays à l’ordre constitutionnel le plus rapidement possible.  Tout en exprimant leur vive préoccupation quant aux conséquences de l’instabilité politique et des problèmes de gouvernance sur le climat économique et à la situation sociale qui a une incidence sur la vie quotidienne de millions de citoyens haïtiens, les membres du Conseil de sécurité ont exhorté les acteurs politiques à redoubler d’efforts pour une sortie rapide de la crise politique et un retour sur le chemin de la stabilité institutionnelle, à travers la tenue d’élections démocratiques, inclusives et équitables.

 

Le Conseil de sécurité a également noté, avec inquiétude, que malgré tous les efforts déployés pour la mise en œuvre de l'Accord politique du 5 février dernier, Accord qui fournit la base non seulement pour la continuité de l’Etat et ses institutions, mais aussi pour la conclusion du cycle électoral entamé en 2015, les différences entre les parties prenantes continuent à empêcher un consensus autour d’une vision commune pour le processus politique et pour le futur du pays.

 

Depuis la prestation de serment le 14 Février de l'ancien Président de l'Assemblée nationale Jocelerme Privert en qualité de Président provisoire de la République, comme vous le savez, une impasse a persisté quant à la nomination et l’installation d'un Premier ministre de consensus et de son  cabinet. L’installation d’un gouvernement intérimaire et la nomination subséquente des membres du Conseil électoral provisoire sont toutes des étapes prioritaires afin de relancer le processus électoral et garantir que la voix des Haïtiens et des Haïtiennes soient entendues et qu’ils puissent librement choisir leurs dirigeants.  Je prends note de la désignation hier par le Président Provisoire d’un nouveau premier ministre qui présentera instamment sa politique générale devant les deux chambres du Parlement. Je souhaite ardemment que cette procédure permettra que le vide de gouvernance du moment soit comblé aussitôt que possible, et ce dans l’intérêt du peuple haïtien et du pays.

 

Comme l’ont constaté les membres du Conseil de sécurité, seules des institutions stables et un système de gouvernance qui jouit de la légitimité démocratique peuvent adresser les défis auxquels Haiti fait face aujourd’hui. Haiti a besoin d’institutions pour assurer l’accès des citoyens aux services de bases, pour fournir le cadre propice pour les activités économiques et garantir la sécurité des citoyens et l’état de droit. Pour cela, les institutions ont besoin non seulement de ressources humaines et financières permettant leur fonctionnement, mais également d’une orientation programmatique pour que les exigences des citoyens soient adressées.   

 

Dans ce contexte, le Conseil de sécurité a aussi noté, avec préoccupation, le déclin économique, marqué par la chute des investissements publics et privés, une croissance économique très basse, une inflation aggravée par la sècheresse et ses effets sur la production agricole, toutes choses qui rendent la vie quotidienne plus chère pour des millions de citoyens haïtiens. En effet, trois années consécutives de sécheresse ont résulté en une récolte diminuée. A ce titre, 1.5 million d’Haïtiens font face à  une insécurité alimentaire sévère selon un rapport récent du Gouvernement d’Haiti et du Programme Alimentaire Mondial (PAM).

 

Les membres du Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes militaires et de police ont également mis l’accent sur la nécessité de renforcer des récents progrès à la professionnalisation de la police nationale qui a démontré ses capacités pendant le processus électoral. Par contre, ces pays ont déploré les progrès relativement lent en ce qui concerne les réformes profondes des institutions du système judiciaire.  

 

Par conséquent, l’avis du Conseil de sécurité et d’autres partenaires internationaux d’Haiti, est qu’il n’y a pas d’alternative au retour rapide à l’ordre constitutionnel, à travers la tenue d’élections libres, transparentes et inclusives. A cet égard, les Etats membres ont également insisté sur le fait que la collaboration des partenaires internationaux d’Haïti nécessite un gouvernement légitime qui résulte du suffrage universel, en conformité avec la Constitution haïtienne.

Sur cette base, le Conseil de sécurité a exhorté le pays à conclure sans plus tarder le processus électoral entamé en 2015. Il a également appelé tous les acteurs concernés à mettre en œuvre les dispositions principales de l'Accord du 5 février, tout en soulignant l'importance de restaurer formellement le Conseil électoral provisoire.

 

A ce moment déterminant pour les perspectives à court et moyen terme pour la consolidation de la démocratie en Haiti, je voudrais, au terme de mon propos, exprimer ma confiance que les acteurs politiques, conscients de leurs grande responsabilité pour l’avenir du pays, vont assumer cette responsabilité en toute sincérité et dans l’intérêt supérieur de la nation et de ses citoyens qui ont le droit de pouvoir conclure le choix de leurs élus, exprimé à deux reprises le 9 août et le 25 octobre. Ce droit ne doit pas être ignoré.

 

Pour conclure, je profite de l’occasion pour partager avec vous que les États membres ont été unanimes dans leur ferme conviction qu’Haïti, avec l'appui de l'Organisation des Nations Unies, doit faire tout son possible pour préserver les acquis de la stabilisation obtenus jusqu'à présent. Ils se sont engagés à suivre attentivement la situation d’ici au mois d’octobre lorsque le Conseil de sécurité aura à décider de l'avenir de la MINUSTAH, sur la base des recommandations du Secrétaire-général des Nations Unies. Pour sa part, le Secrétaire-général a réaffirmé son intention de présenter au mois d’aout, dans son prochain rapport sur la MINUSTAH des recommandations sur la future présence des Nations Unies en Haiti.

Merci beaucoup.

 

 

QUESTIONS/REPONSES

Sophie Boutaud de la Combe:

Merci Mme la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en Haïti et Chef de la MINUSTAH. Nous allons commencer en prenant une première question. Y-t-il déjà une question sur Port-au-Prince ? Je vous remercie, n’oubliez pas de vous présenter.

 

Question du journal Le Nouvelliste : Lors du renouvellement du mandat de la MINUSTAH pour une nouvelle année, le Conseil de sécurité avait émis le souhait d’un retrait progressif des troupes onusiennes en Haïti. Vu la dégradation de l’atmosphère politique, est-ce que ce retrait est toujours à l’ordre du jour au Conseil de sécurité?

 

Madame Sandra Honoré, RSSG : Merci. La résolution 2243 du Conseil de sécurité du mois d’octobre 2015 a effectivement parlé du retrait progressif de la Mission. Et cette résolution avait également renouvelé le mandat de la Mission pour une année. Le Conseil de sécurité avait demandé au Secrétaire général de pourvoir à une évaluation intégrée, stratégique, après l’élection d’un nouveau président de la République et après également l’installation d’un gouvernement. Il est vrai que ce processus n’a pas été conclu comme on espérait en 2015, ni au début de janvier 2016. Le Secrétaire général, comme j’ai indiqué, dans son dernier rapport du mois de mars, a indiqué au Conseil de sécurité qu’il présentera des recommandations au Conseil pour faciliter les décisions que le Conseil aura à prendre, une fois le mandat de la MINUTAH terminé cette année. De sorte que ces recommandations du Secrétaire général sur la situation dans le pays vont influer dans la décision que prendra le Conseil de Sécurité. Je saisis l’occasion pour renouveler l’appel que les membres du Conseil de sécurité ont fait au cours de leur réunion du 17 mars aux autorités haïtiennes, aux acteurs politiques haïtiens et à la société civile haïtienne comme un tout, de tout faire pour que le processus électoral entamé en 2015 soit continué, de tout faire pour mettre en œuvre les lignes de l’Accord du 5 février qui pourvoit la base pour la continuité institutionnel.

 

Question de Radio Télé Ginen : 12 ans après la mise en place de la MINUSTAH, on parle encore du retour à l’ordre constitutionnel. Ne devrait-on pas parler ici d’échec pour la Mission onusienne ? Qu’avez-vous fait depuis 12 ans pour renforcer les institutions haïtiennes qui ont un rôle clé dans la stabilisation du pays ?

 

Madame Sandra Honoré RSSG : On ne peut pas ne pas parler de retour à l’ordre constitutionnel dans la situation que vit le pays en ce moment. Nous reconnaissons que ce processus électoral qui aurait été le 3e processus électoral consécutif en ce qui concerne, par exemple, l’élection d’un chef de l’Etat, n’est pas arrivé à sa conclusion logique. La MINUSTAH, il est vrai, a été établie en 2004 avec un mandat pour contribuer à la stabilisation en Haïti. Il y a eu des acquis, il y a eu du progrès. Et je devrais dire que la responsabilité première pour quelque chose comme le processus électoral reste sur les épaules des acteurs haïtiens. Que la communauté internationale parle encore aujourd’hui de retour à l’ordre constitutionnel, oui c’est un fait, oui c’est un défi pour la société haïtienne comme un tout. Je ne dirais pas que c’est un échec pour le travail de la MINUSTAH, je dirais que la MINUSTAH continue à contribuer à travers le mandat qu’a la Mission pour la stabilisation en Haïti.

Qu’est-ce que la MINUSTAH a fait dans le pays depuis 12 ans ? Vous avez posé la question. Le mandat de la MINUSTAH comprend la professionnalisation de la police nationale d’Haïti, une contribution au renforcement de l’Etat de droit, une contribution au renforcement de la capacité de gestion électorale et les bons offices. Au cours de ces 12 ans y compris pendant cette année dramatique après le terrible séisme du 12 janvier 2010, la MINUSTAH a travaillé en accord avec son mandat. Nous avons vu les résultats avec la professionnalisation constante de la Police nationale d’Haïti. Nous avons vu par exemple une capacité accrue de la Police nationale, en ce qui concerne la couverture sécuritaire pour le pays. Nous avons vu le nombre d’effectifs de la Police nationale s’accroitre et nous voyons aujourd’hui une Police nationale sur la route pour atteindre ce chiffre minimal de 15.000, d’ici la fin de l’année 2016. Ce sont quelques domaines où nous avons travaillé. Nous avons travaillé également en appui au système judiciaire tout en reconnaissant qu’il y a encore du travail à faire dans le système judiciaire.

Je vais conclure en disant que le travail de la MINUSTAH et la contribution de la MINUSTAH est un élément de cette tâche. Un élément capital, un élément d’importance capitale est la partie à être effectuée par la partie haïtienne, par les acteurs haïtiens et la société haïtienne, comme un tout. Merci beaucoup.

 

Question de Radio Cap Inter : Lors de votre intervention vous avez cité la clôture du processus électoral. Nous aimerions savoir la position de la MINUSTAH concernant la demande des partis-politiques qui réclament une commission de vérification.

 

Madame Sandra Honoré, RSSG : Merci beaucoup pour la question. La poursuite du processus électorale est un élément, une disposition de l’accord du 5 février dernier. La demande de la vérification à laquelle que vous avez fait référence, est une demande faite par plusieurs acteurs politiques et également  des acteurs d’autres domaines de la société civile. On peut voir également dans l’accord du 05 février que cet accord parle d’une évaluation des étapes déjà franchi dans le processus électoral de 2015. Le Président provisoire à plusieurs reprises a mis l’accent sur le fait qu’il est obligé de répondre à cette demande pour une vérification. Les termes de cette vérification, le travail de cette vérification dépend si je comprends  bien de certaines consultations que le Président de la République était en train de faire en ce moment. Nous attendons une définition en ce qui concerne l’établissement d’une éventuelle commission sur la vérification.

Notre position en ce qui concerne le processus électorale en 2015 a été claire. Nous avons reconnu les failles après le 09 aout, nous avons salué les mesures correctives adoptées par le Conseil Electorale Provisoire en vue du scrutin du 25 octobre  et nous avons également reçu l’opinion et les rapports des missions d’observation électorales. La mission de l’Union  l’Européenne, la mission de l’Organisation des Etats américains, la mission de Panamericas. Et selon  l’information que nous avons de ces missions, les irrégularités n’ont pas été suffisantes pour invalider le processus électoral qui s’est déroulé en 2015. Nous attendons donc à savoir, à apprendre davantage sur le processus de vérification et l’incidence que ce processus aura sur la continuation du processus électorale selon l’accord du 05 février.  

 

Question de Radio Passion : La MINUSTAH  étant une  mission de stabilité en Haïti, quel est le regard de la MINUSTAH face à l’insécurité, même les policiers haïtiens ne sont pas épargnés ?      

Madame Sandra Honoré RSSG: Si j’ai bien entendu « qu’elle est la position de la MINUSTAH en ce qui concerne le regain de l’insécurité actuelle qui touche également à la Police Nationale d’ Haïti ». La MINUSTAH et la composante policière de la MINUSTAH travaillent d’une manière continue et constante avec la Police Nationale d’Haïti. Mous avons un système où la Police Nationale d’Haïti est en première ligne en ce qui concerne tout ce qui a trait à la sécurité dans le pays.

Le regain de l’insécurité, récent, est lamentable. De notre engagement avec la Police Nationale nous avons vu une Police Nationale déterminée à faire face d’une manière constante à ce regain d’insécurité. Nous regrettons la perte de vie parmi la police nationale. Nous pensons que c’est regrettable que des personnes puissent penser qu’ils peuvent se servir de la Police Nationale comme cible ou comme [bouc émissaire ndlr] quant au travail qu’aurait fait la Police en ce qui concerne son travail contre la criminalité et contre les crimes. 

Je dirais que notre appui à  la Police Nationale pour surmonter cette période, cet appui va continuer et la détermination que j’ai vu que notre composante policière voit chez la Police Nationale pour imposer la loi, pour protéger et servir comme cela se doit cela va continuer et j’espère que bientôt la Police Nationale va pouvoir dominer ce phénomène et continuer à pourvoir aux citoyens, sur le territoire nationale, la sécurité que mérite tous les haïtiens et toutes les haïtiennes.

 

Merci Madame. Je vous remercie. Merci aux auditeurs et auditrices de nous avoir suivis sur MINUSTAH FM et sur Internet. Je vous rappelle l’adresse de notre site :   www.minustah.un.missions.org  

 

A bientôt, passez une bonne fin de journée et de joyeuses fêtes de Pâques !