Haïti, Élections: Jwèt pou ou (à ton tour)

29 sep 2016

Haïti, Élections: Jwèt pou ou (à ton tour)

Photo : Marie Yolette B. Daniel - UN/MINUSTAH

Dans tous les pays démocratiques du monde, les élections sont des exercices constitutionnels et inhérents. Elles visent notamment le renouvellement du personnel politique de manière démocratique. « C’est aussi l’occasion pour le peuple, principal détenteur du pouvoir par le biais de leurs votes, de demander des comptes aux sortants et  de questionner et  analyser  le programme des impétrants », estime Jérémie Pluviôse, tailleur et leader communautaire à Fort Mercredi, Fort National.

Le 9 octobre prochain, est le jour retenu par le Conseil électoral provisoire (CEP), en Haïti, pour reprendre le premier tour des élections présidentielle du 25 octobre 2015. Un scrutin dont les résultats ont été contestés par une forte majorité de la classe politique et de la société civile, rappelle-t-il.

C’est également en cette date que seront organisés le second tour des législatives complémentaires et le 1er tour devant substituer le 1/3 du Sénat dont le mandat arrive à terme la première quinzaine de janvier 2017.

 

Aussi, le peuple étant formellement invité en ses commisses par les hautes autorités de l’état habilitées à organiser  les scrutins, exprime leurs attentes par rapports à ces élections qui représentent un tournent important pour l’avenir d’Haïti et ses habitants.

 

Une première grande question : Qu’attendez-vous de votre vote ?

 

 

 

 

« J’attends de mon vote que les élus, députés, sénateurs et présidents puissent être guidé par l’esprit de notre emblème  l’union fait la force en mettant de côté l’esprit de compétition qui les opposait lors de la campagne électorale afin de sortir le pays de la marche-arrière enclenchée depuis plus de 3 décennies. Pour se faire, une fois au pouvoir, les élus auront besoin de penser Pays sans distinction de partis politique », débute Claudine Pierre, en réponse à la question : qu’attendez-vous de votre vote ?

 

 

 

 

 

 

Photo : Marie Yolette B. Daniel - UN/MINUSTAH

 

Âgée de 27 ans,  Claudine fait partie de ces jeunes-femmes  qui rêvent  d’un avenir meilleur pour tous les Haïtiens. Un avenir où  les droits fondamentaux de tous enfants y compris, les enfants de rues seront respectés, les besoins spécifiques des femmes seront pris en compte et la voix de la jeunesse sera comptabilisée. Un idéal qui ne se repose que sur des élections libres, honnêtes et inclusives, nous dit-elle.

Pour Claudine, voter est un droit et un devoir citoyen qui n’est pas négociable. « Si je ne vote pas, quelqu’un le fera pour moi », concède-elle avec un haussement d’épaule plein de sous-entendus. Par ailleurs, cet individu qui remplira son rôle fera peu de cas de ses besoins et espoirs à elle. Il les ignore d’ailleurs…

 

 

Photo : Marie Yolette B. Daniel - UN/MINUSTAH

 

Elle n’est pas la seule à y croire. Commerçants, artisans, étudiants, éducateurs, activistes politique, juristes, et autres se mettent d’accord sur ce principe. 

 

 

 

En rallongeant la liste d’attentes des électeurs, Jésutane Jean Jacques, employée de maison, se fait la porte-parole de ceux et celles qui n’ont pas la chance de se faire entendre.  

 

 

 

 

« Je suis âgée de 35 ans et je n’ai jamais voté pendant les élections passées. Cette fois-ci, j’ai décidé d’aller remplir mon devoir civique. Cependant, mon vote n’aura du sens que si les élus prennent en compte la situation des femmes et des hommes de ma catégorie sociale », déclare-elle de but en blanc.

 

 

 

 

Photo : Marie Yolette b. Daniel - UN/MINUSTAH

 

Elle confie avoir été mariée à 23 ans et que son époux l’a abandonnée avec un enfant de 15 mois. Aujourd’hui, son fils est âgé de 12 ans et son père ne lui a jamais donné un centime. « J’ai dû quitter ma ville natale, Bennet pour Port au prince où je travaille depuis près de 5 ans comme employée de maison ». Ce travail lui permet tout juste de joindre les deux-bouts.

 « J’attends de mon vote que ceux qui vont investir le palais national et le parlement, grâce à mon vote, se soucient de l’existence des plus pauvres en y incluant dans leur plan une politique spécifique qui prend en compte notamment leur sécurité, la valorisation de leur travail en augmentant et en faisant respecter le salaire minimum », conclut-elle avec un sourire d’espoir.

 

Photo : Marie Yolette B. Daniel - UN/MINUSTAH

 

De même que Jésutane et Claudine, Solange Joseph, la quarantaine, marchand de rafraichissement aux Champs de Mars, compte sur le 9 octobre pour avoir une meilleure qualité de vie pour elle et ses deux enfants qu’elle élève toute seule. Celle-ci inclurait un plan de sécurité pour qu’elle ne soit plus rançonnée par des malveillants et une perspective d’assainissement visant le curage de la place où elle  et des dizaines de mères de familles sont contraintes de chercher le pain quotidien de leurs enfants.

« J’attends de mon vote qu’il y ait un vrai changement. Regarder bien, l’espace est si salle que certaine personne hésite à nous acheter une boisson de peur d’attraper des microbes», déplore cette cheffe de famille monoparental. Frisant la quarantaine, elle explique avoir envoyé des gens à la chambre des députés, au parlement, à la mairie et au palais national grâce à son vote.

« J’élève toute seule mes deux enfants et je ne compte que sur cet igloo pour entretenir mes gosses. Aujourd’hui, j’attends que grâce à ma carte électorale, je puisse me sentir en sécurité et installée dans un espace accueillant et propre », opine-t-elle.

À l’instar de ces citoyens consciencieux qui sont convaincus qu’il est de leur devoir de prendre part aux suffrages du 09 octobre 2016 dont dépendant le futur du pays, la participation de la jeunesse haïtienne, l’implication des personnes à mobilité réduite et les femmes sont des sujets qui suscitent des questionnements.

 

Jean Marc Bien-Aimé, la trentaine, amorce  la deuxième grande question : Est-il important pour les jeunes d’aller voter ?

À lire : (https://www.facebook.com/Minustah/posts/1423971950965176:0) D’autres questions relatives à la participation des femmes et des personnes à mobilité réduite dans la prochaine édition : Haïti, Élections: Jwèt pou ou (à ton tour)

 

 

Rédaction : Marie Yolette B. Daniel