Matthew : Sud d'Haïti, le temps de reconstruire

9 nov 2016

Matthew : Sud d'Haïti, le temps de reconstruire

Logan Abassi - UN/MINUSTAH

Taille moyenne, la cinquantaine  bien entamée, Laventure Franckel, un résident de la commune de Jérémie fait partie des milliers de victimes de l’ouragan Matthew. Juché sur ce qui reste de la toiture de sa maison complètement dévastée par les vents, Franckel Laventure,  mécanicien de profession, s’est momentanément métamorphosé en  charpentier. « Tous les menuisiers de la ville sont occupés à bricoler leur chaume également emporté par les vents. Je suis obligé de refaire moi-même la toiture de ma maison », explique-t-il d’un ton résigné.

Un large sourire figé sur son visage à la peau tannée par des années de dur labeur, M. Laventure s’estime heureux d’être lui et toute sa famille encore en vie et en bonne santé après la houleuse nuit du 03 au 04 octobre 2016.  Pour lui, tout le monde, intellectuel ou profane est impuissant devant la violence des phénomènes naturels monstrueux tels que cet ouragan.  

 

Vue la fragilité de la vie, « rendre chaque jour meilleur par sa façon de vivre devait être la mission de chaque personne », estime Pierre Claudel Zéphyr, théologien de profession.  En effet, en 48 heures, Matthew a réduit à néant des décennies de travail et surtout des souvenirs incommensurables. Du travail de toute une existence, dont certains n’auront plus jamais l’opportunité, l’énergie ou encore la capacité économique de reprendre. 

 

Une semaine après, les victimes les plus vaillants se sont remis au travail, essayant par tous les moyens  de recréer un environnement vivable. Déblayage des cours,  des potagers  et des sentiers, chacun, selon sa capacité de résilience essai de recoller les morceaux, « si morceaux il en reste », murmure Dulièpe Rosema, une autre victime.

Marie Yolette B Daniel - UN/MINUSTAH

 

 

 « Quand je pense à ma nouvelle situation, je me questionne sur ce que l’avenir nous réserve ? Je ne pense pas seulement à mon temps mais également à la génération futur »,  opine François Pierre Hermane, chauffeur de taxis. 

Originaire de la ville Des Cayes, Hermane est âgé d’une cinquantaine d’années. Célibataire et père d’un garçonnet de 7 ans, Hermane avoue avoir pris le temps de bien soupeser toutes les décisions qu’il ait prises pendant son demi-siècle d’existence, question d’éviter de se compliquer la vie. Mais, tout n’est pas toujours rouge ou blanc…

Perdu dans des pensées nostalgique, « J’e n’ai qu’un seul enfant. Avant la catastrophe je devais livrer un rude combat pour subvenir tant bien que mal à ses besoins primaires. Après l’ouragan, il ne me reste que ma foi », confie-t-il avec une nuance de tristesse. L’air détaché, le quinquagénaire estime qu’« il n’existe pas de planification contre les forces destructrices de la nature quand elles se déchainent».

Femmes, hommes, enfants, pauvres et riches, Matthew n’a pas fait d’exception en ce qui concerne ses victimes. Les maux laissés par son passage mettent tous à genoux.

Cependant, la résistance de la population Haïtienne, sa volonté de garder à tout prix sa dignité la maintiennent debout.  « depi genyen lavi, genyen espwa/ Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir »,  dirait  M. Zéphyr. Cette affirmation est appuyée par des centaines d’autres victimes.

Par ailleurs,  cette population si résiliente qu’elle soit a besoin de l’action consciente des autorités haïtiennes pour se relever. 

 

De leur côté, les autorités haïtiennes multiplient les efforts en vue d’apporter assistance et des  réponses appropriées un peu partout  à travers les communautés les plus touchées, quitte à braver des difficultés d’accès liés à l’état des voies de communication également affectées par l’ouragan.   Des efforts appuyés par des partenaires humanitaires les plus fidèles, dont le Programme  alimentaire mondial (PAM), le fonds des nations unies pour l’enfance (UNICEF), le fonds des nations unies pour la Population (UNFPA), l’agence des États-Unis pour le développement international (USAID), l’entité des nations unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU FEMME) ainsi que les casques bleus de la MINUSTAH. 

Rédaction : Marie Yolette B. Daniel