Haïti/Agriculture: le cacao du Nord un atout à prendre en compte

25 juil 2016

Haïti/Agriculture: le cacao du Nord un atout à prendre en compte

Marie Yolette B. Daniel - UN/MINUSTAH

 

«J’ai grandi au beau milieu des plantations de cacao. Dès ma plus tendre enfance, j’ai compris que la culture du cacao faisait partie des traditions familiales, et même étant très jeune mon père m’initiait déjà à son entretien», confie IVaine Floréal, un fermier septuagénaire. Fort et fier de ses années d’expériences dans ce domaine, il propose des alternatives à ses camarades pour une meilleure exploitation de leurs champs de cacao. 

«  Pour bien comprendre le rendement d’un cycle de cacao, les producteurs doivent cultiver des denrées de subsistances telle que les bananes, l’igname, la patate douce etc. », explique-t-il avec un sourire convainquant. Si non, affirme-t-il, le paysans qui n’a pas d’autres sources de revenu est contraint de vendre sa production avant sa maturité et donc, en dessous du prix normal.

Le cacao a toujours fait partie du centre d’intérêt des petits exploitants agricoles de certaines localités du département du Nord, telle que : l’Acul du Nord,  Plaine du Nord, l’habitation Trémesse, Vieux-Terre, Marroké etc. Dans de nombreuses familles campagnardes, le revenu annuel tiré du cacao à l’état brut est surtout destiné à assurer leur survie. Une vente dont, malheureusement, les modalités en matière de « fixation du prix » leur échappent, témoignent certains exploitants.

 

 

Le capital perçu est alors utilisé pour couvrir des dépenses familiales telles : des frais hospitaliers, l’écolage des enfants et autres dépenses domestiques ponctuelles. Certains petits producteurs n’ont aucune idée du revenu qu’ils peuvent percevoir de leur récolte pourtant importante à leurs yeux.

 « Je ne peux pas avancer un chiffre de ce que je gagne  de la production du cacao car, tout au long de l’année, nous grappillons les fruits que nous vendons au fur et à mesure »,  affirme Floréal Alix, qui vit de la culture du cacao depuis 25 ans.

Le Cacao, plus qu’un outil économique

Marie Yolette B. Daniel - UN/MINUSTAH

Le cacaotier une fois mise en terre porte des fruits dès la 3ème année souligne Floréal Alix d’un air ravi. Cependant, comme ses paires, sa seule déception reste le fait que ce ne sont pas eux qui fixe le prix de vente de leur produit, et que malheureusement tout dépend des acheteurs. Certelus Dérésiaste, un sexagénaire qui a fait de la filière son gagne-pain entant que producteur-spéculateur partage cet avis.

Par ailleurs, Certelus est fier que « son fils étudie la médecine  à l’étranger et que les frais de ses études soient payées grâce aux fonds économisés», en l’occurrence l’achat et revente du cacao.  

Au-delà de la portée économique résultant de l’exploitation du cacao dans le Nord, ils sont légions les agriculteurs qui estiment que la culture du cacao a un impact positif sur l’environnement et la productivité des sols.

 

En effet, dans le temps, le cacaotier était considéré comme n’importe quel arbre fruitier sans grande importance, notamment dans le Nord. Les fermiers ignoraient leur potentialité et les rasaient à volonté, considérant qu’ils occupaient inutilement trop d’espaces cultivables. Mais depuis quelques années, le cacao haïtien regagne sa réputation, grâce à l’intérêt que lui portent certaines organisations spécialisées dans la filière, notamment l’organisation : Agronome Vétérinaire Sans Frontière (AVSF). 

Tardé Cassalvé, membre de plusieurs structures de promotion de la filière cacaoyère du Nord, dont la Coopérative Filière Producteur Agricole de La Cul du Nord (COFPAN) estime que le cacao a pris de la valeur pendant ces 5 dernières années

 

Marie Yolette B. Daniel - UN/MINUSTAH

Diverses manières de traiter le cacao

Selon les besoins du consommateur, le cacao une fois arrivé à maturité change de main et est manipulé et traité de diverses manières. Tantôt il est fermenté, tantôt séché ou encore transformé en tablettes de chocolat. « Tout ceci favorise la création d’emploi, promeut l’entreprenariat et encourage l’apprentissage d’un métier et diminue en même temps l’oisiveté chez certains jeunes », témoigne Luc Charles, PDG de l’« entreprise bon nan bouche », un  atelier artisanal de transformation du Cacao.

 

 

Rédaction : Marie Yolette B. Daniel