Saint –Raphael : la production des légumes suscite des réflexions

19 juil 2016

Saint –Raphael : la production des légumes suscite des réflexions

Marie Yolette B. Daniel - UN/MINUSTAH

 

 La production des cultures maraichères représente la principale activité agricole dans la commune de Saint Raphael située à environ deux heures par la route soit 116 km de Cap-Haitien et également à 45km de la ville de Hinche dans le département du Centre. La commune de Saint-Raphaël  est d’une population de 50.000 habitants et est enclavée entre les communes de Pignon, St Michel de Latalaye, Dondon et Hinche.

L’accès à cette commune est difficile par les voies terrestres en raison de la mauvaise qualité des routes en terre battue. Une situation qui complique l’écoulement des produits dans les autres communes du pays. Joseph Nivrose  pratique l’agriculture dès son plus jeune âge et c’est aux fruits de son travail qu’il arrive à prendre soin de son foyer et payer les scolarités de ses enfants. Cet agronome encadreur évoque des problèmes d’encadrement de l’Etat qui est défavorable à la production agricole.

 

 

Des producteurs de légumes en quête de nouveaux marchés

Produire c’est bien mais trouver un marché  pour les écouler représente  un autre souci pour ces cultivateurs. « Les marchands des Gonaïves et des autres villes du pays débarquent pour acheter les denrées par parcelle cultivable »  nous raconte, Nicole Jean, cultivatrice spécialisée dans les cultures maraichères.

« Parfois, certaines denrées sont avariées soit par faute de marchés pour les écouler, soit à cause du blocage de routes » a-t-elle souligné. « Étant dépendant entièrement du marché local, il nous arrive de perdre toutes nos énergies », a-t-elle poursuivi.

Des acheteurs de produits agricoles viennent de plusieurs recoins du pays pour s’offrir une parcelle de légumes et emploient des travailleurs locaux pour la récolte et l’emballage des produits à destination de la capitale et ou des autres villes de provinces. Ces activités permettent aux ouvriers de subvenir à leurs besoins.

Sècheresse et déboisement : les pires ennemis des agriculteurs

Les agriculteurs de St Raphael font face à des fortes difficultés en matière de production des légumes (carottes, betteraves, oignon etc.). Ces obstacles sont causés notamment par la sécheresse, le déboisement et le curage des canaux.  « La source qui amène l’eau dans les canaux d’irrigation est quasiment déboisée, ce qui rétrécit le débit de l’eau en période de sécheresse et ralentit les activités des paysans » a fait remarquer Joseph Cluvia.

Cette commune est l’une des rares communautés du département du Nord qui dispose d’une grande superficie irrigable. « Les canaux ne sont plus curés et les autorités concernées n’interviennent pas au moment opportun » se plaint Joseph Nivrose, agronome encadreur des agriculteurs. « Le réservoir est au même niveau que les canaux. Nos démarches auprès des autorités gouvernementales pour nous aider à construire un réservoir en hauteur restent vaines »,  a-t-il poursuivi.

Cet agronome de profession qui vit avec ses trois filles confie que l’éducation et la subsistance même de sa famille dépend de la rentabilité des activités agricoles.

 

Le labourage  traditionnel des terres: encore de mise en plein 21ème siècle

Les agriculteurs de St Raphael utilisent les méthodes traditionnelles pour le labourage des terres afin d’en tirer profit. ( Vhotos, deux bœufs enchainés avec un joug)

Par ailleurs, l’agriculture reste la première source de revenu dans cette commune, appelée dans le passé le grenier du Nord. Cette règle n’exclus pas les jeunes à bas âge qui s’impliquent dans les activités agricoles. « Ces jeunes de moins de 18 ans participent activement dans la transplantation du riz et gagnent dignement leur vie », explique l’agronome en désignant un groupe de jeunes qui s’attellent à la tâche.

Marie Yolette B. Daniel - UN/MINUSTAH

 

Ce n’est pas toujours facile.

Les actes de violence ont un impact négatif dans les productions agricoles dans la commune de Saint Raphael. « Parfois, les bandits opèrent en plein jour et sèment la terreur, certains ont emporté l’argent des acheteurs comme des vendeurs » nous dit  Pierre Cluvia, âgée de 50 ans et mère de trois garçons, qui cultive notamment  la betterave, le poireau et l’oignon.    

 

 

« Nous avons souvent été victimes des actes de violence au moment des séances d’arrosage des champs surtout en période de sécheresse ». Des coups de pierre, couteaux  et arme blanche ont été enregistrés  et d’autres ont été battus par les bandits », a expliqué Pierre Cluvia, vice-présidente de l’union des femmes pour le progrès de Saint Raphael (UFPS). Veuve depuis 24 ans, Cluvia confie par contre, qu’elle élève seule ces trois enfants grâce aux fruits de son travail de cultivatrice dont les principaux produits restent les légumes. (

D’après un agriculteur, qui a gardé l’anonymat, l’investissement de 75000 gourdes dans la production de légumes pourrait rapporter à la fin de la récolte jusqu’à 125000 gourdes durant une période ne dépassant pas quatre mois.

 

Marie Yolette B. Daniel - UN/MINUSTAH

 

Rédaction : Quetony Saint-Vil

Photos et Vothos : Marie Yolette B. Daniel