Haïti/Reconstruction : Un Village modèle à Gressier pour 150 familles victimes du séisme
Trois ans après le séisme du 12 janvier 2010, quelques mille personnes vont bientôt quitter leurs tentes à Gressier (Ouest), pour emménager dans un village modèle construit par la Fédération Luthérienne Mondiale (FLM).
Photo : Marie Laetitia Ceccaldi – UN/MINUSTAH |
« Je suis heureuse d’avoir enfin ma propre maison », se réjouit Marie Micheline Desmornes, qui a perdu son mari et sa maison lors du séisme. Jean Anélo Félix, un autre habitant de Gressier, vivait, lui, sous une tente chez un ami dans cette commune proche de l’épicentre du séisme. « Ces constructions sont un début dans la commune », dit M. Félix, qui souhaite que les travaux continuent.
Maitre d’œuvre de ce projet de relocalisation des déplacés du séisme, la Fédération Luthérienne Mondiale (FLM) a construit 150 maisons en béton selon les normes parasismiques et anticycloniques internationales. Considéré comme un ‘modèle’, le village a été construit sur une colline nue au lieu-dit de Bois Bocot, sur les hauteurs de Gressier, à 20 kilomètres de Port-au-Prince.
Chacune des maisonnettes mesure 37 mètres carrés et comprend deux chambres à coucher, un salon, une cuisine, une salle de bain et une véranda avec une balustrade en béton, et une toiture métallique.
Un village ‘vert’
« Ce village est un modèle en Haïti par son respect de l’environnement », explique le coordonateur du projet à la FLM, Jean Denis Hilaire. « Modèle » car, dit-il, la FLM « a introduit pour la première fois en Haïti – grâce à ce projet – une technologie ‘verte’ de traitement des eaux usées ». En effet, un système de drainage amène les eaux usées de chaque maison vers un bassin contenant du sable et des plantes aquatiques. L’eau naturellement purifiée servira à l’arrosage des jardins et des parcelles.
L’accès des foyers à l’eau courante est assuré par un réservoir d’eau de 150.000 litres approvisionné par deux puits. Des panneaux solaires fixés sur les toits des maisons fournissent l’électricité au village. Enfin, trois espaces communautaires ont été aménagés pour l’épanouissement des résidents, dont une bibliothèque et une médiathèque.
La FLM prévoit d’offrir aux familles des formations sur la gestion des risques et des désastres avec l’aide de brigades déjà existantes. Et, afin de protéger l’environnement du site, la plantation de bambous et d’autres variétés de plantes est prévue.
L’héritage des Casques bleus coréens
Pendant sept mois, le contingent de génie militaire coréen de la MINUSTAH (ROKENGCOY) a participé à la préparation et à la construction du village. Les Casques bleus, qui ont quitté Haïti à la fin 2012, ont construit la route d’accès qui serpente jusqu’au village, et préparé le terrain d’une superficie de 14.000 mètres carrés. La MINUSTAH a soutenu ce projet par le biais de la Cellule de Projet de la Mission (MPC) en coordonnant l’action des militaires.
Selon les responsables du projet, afin de pouvoir emménager dans une maison, il faut être un résident de Gressier ou de Léogane et avoir perdu sa maison pendant le séisme du 12 janvier 2010. Chaque famille doit verser une somme de 1.000 dollars US pour accéder à une maison. Ce qui, selon le représentant de l’organisation, Perolof Lundkvist, « représente à peu près 10% de la construction d’une maison puisqu’elles coûtent chacune 14.000 dollars US ». Un contrat est aussi signé entre chaque propriétaire et la FLM pour prévenir la commercialisation et éviter la spéculation immobilière.
Ce projet est financé à hauteur de 5.5 millions de dollars US par diverses organisations non-gouvernementales partenaires de la Fédération Luthérienne Mondiale.
Jonas Laurince et Marie-Lætitia Ceccaldi