Jus canna: une nouvelle façon de veiller sur sa santé

4 mai 2017

Jus canna: une nouvelle façon de veiller sur sa santé

Photo : Marie Yolette Daniel - UN/MINUSTAH

«Chaque jour, je prends un jus de canne. Pour des raisons de santé, je ne consomme pas de sucre artificiel. Ce jus naturel c’est ma seule source d’énergie en termes de sucre. Donc, vous pouvez comprendre si je vous dis que ce produit est un cadeau du ciel », affirme Killick Joseph, un des clients de l’atelier de production de Jus de canne à sucre à Hinche. L’air ravi de sa boisson rafraichissante, il vient de parcourir 5 km environ pour se rendre à l’atelier, confie-t-il.  A son avis, l’haïtien devrait recommencer à valoriser les produits locaux, comme ce jus pur et naturel.

« Aujourd’hui, bon nombre de jeunes souffrent d’hypertension artérielle, de diabète et d’une profusion de maladies qui, dans le temps, étaient considérées comme des maladies de vieillissement. Cette dégradation sanitaire est étroitement liée aux produits de conserve que nous consommons », soutient Killick regrettant l’époque où le riz local était un plat de luxe que l’haïtien moyen mangeait une fois par semaine, le dimanche. « Ce n’était pas faute de moyens économique, mais par principe. Aujourd’hui, tout est différent et, c’est malheureux,», se désole-t-il tout en félicitant l’initiateur de cette entreprise

 

Démarré à la fin du mois de Février 2017,  l’atelier “Jus canna“ est petite entreprise qui est au stade d’essai. Cependant, elle a une très grande incidence sur la vie des gens de la communauté. « J’ai 22 ans et c’est moi le responsable du fonctionnement de l’atelier. Avec cette nouvelle responsabilité, je prends de l’importance aux yeux de ma famille, de mes camarades et aux yeux de toute la société », confie  Jude Dadson qui a eu son premier emploi à cet atelier. Pour lui, c’est une initiative à multiplier car le service offert est non seulement apprécié mais l’aspect création d’emploi peut sauver beaucoup de jeunes de la oisiveté, qui peut aussi les entrainer vers des vices plus destructeurs. L’atelier emploi en effet plus de 5 personnes dont 3 jeunes comme lui.

De son côté, Félesse Dagéus, un jeune pédiatre de la fonction publique actif dans la commune de Hinche fait valoir  son point de vue en fonction de son expérience dans le domaine de la santé. Il est ravi de consommer ce produit local. Entant que médecin, il dispose d’une certaine connaissance de la valeur nutritive de la canne à sucre. « Le sucre naturel que contient la canne a moins d’incidence sur la santé que le sucre ordinaire », souligne-t-il. Par ailleurs, le médecin reconnait l’importance du sucre dans la vie de l’homme et en même temps, le danger qu’il représente.  

 

Un moulin en stainless inoxydable, une passoire, une demi-douzaine de seaux de 5 et 3 gallons, de grands verres à jus, des chaises,  quelques tablettes, des seaux à glaçons constituent l’ensemble des matériels qui fait fonctionner cette petite entreprise dont l’objectif est la promotion de la consommation des produits naturels tel que la canne à sucre. « Le fait de produire l’extrait de la canne   facilite la consommation de la canne par plusieurs catégories de personnes et donne une valeur ajoutée au travail du producteur », estime Dr. Camille Joseph, PDG de l’atelier…..

En effet,  la canne à sucre est l’une des principales cultures pratiquée par les petits et moyens agriculteurs du Plateau Central. Localement et de manière rudimentaire, cette culture est exploitée de diverses manières. «Nous utilisons un moulins artisanal pour moudre la canne. Le jus une fois extrait, nous le faisons cuire grâce à un four également artisanal », explique fièrement Délouis Tirané, un des planteurs de Jouanaria, une section communale de Hinche. La cinquantaine avancée, Délouis confie que la culture de la canne à sucre, dont les dérivées de cette transformation rustique sont nombreuses, est sa principale source de revenu. L’Écolage des enfants, les soins de santé et les autres obligations familiales, ainsi que ses épargnes reposent sur sa petite plantation de canne. Et, il n’est pas le seul à faire cette confidence.

 

La production sucrière artisanale dont il est question ici est pratiquée dans de nombreuses régions d’Haïti, notamment dans le département du Centre. Il s’agit de petites plantations de canne dont les propriétaires assurent eux-mêmes la production de sucre brut (rapadou en créole) et du sirop de canne, entre autres. La canne est broyée dans une presse artisanale composée de deux cylindres verticaux dont une partie forme un engrenage assurant le couplage des deux cylindres. Ainsi, le mouvement rotatif est assuré par une courroie reliée à une poulie émondée par traction animale généralement des bœufs.  

Une culture moins exigeante a multiple fonctions

La canne à sucre est une grande graminée tropicale herbacée. Elle est cultivée pour sa tige. Sa culture est moins exigeante que certaine culture pratiquée en Haïti comme le maïs, le pois haricot, la pistache, le riz etc. « La canne à sucre n’a pas besoin de grand soins pour se développer. Il suffit de préparer  le terrain, de mettre les boutures en terre et elles poussent toutes seules. La sécheresse n’affecte pas son développement comme les autres cultures qui nécessitent plusieurs séances de désherbage, une saison pluvieuse régulière et/ou des engrais», explique Onick Nelson, cultivateur. Pour lui, le paysan peut cultiver la canne par ses propres moyens. Cependant, il a besoin d’appui pour mettre sa production en valeur « il nous faut un appui des autorités étatiques ou encore des institutions financières pour l’exploitation. Nous avons besoin de moulin mécanique par exemple pour une exploitation efficace de la canne », poursuit-l’agriculteur.

A l’instar de Nelson, Camille Joseph, médecin-vétérinaire, estime que la canne à sucre a une valeur historique pour le cultivateur Haïtien. « Au temps de la colonie, la culture de la canne à sucre occupait 14% des terres cultivable de Saint Domingue, mais elle représentait 40% de sa richesse », souligne le médecin. Selon lui, les autorités compétentes doivent se pencher sur cette culture qui peut non seulement avoir un impact considérablement positif sur l’économique du pays, mais aussi sur la capacité productive des sols « La canne est une plante antiérosif, mais les déchets résultant de sa transformation sont des engrais organiques qui enrichis les terres et augmentent leurs productivités ». 

Autant que possible, Ce médecin-entrepreneur invite tout un chacun à encourager l’exploitation de la canne à sucre tout en s’assurant que son exploitation ait un effet plutôt bénéfique sur l’environnement, la population et le pays en général.

Cette initiative innovante qu’est la mise en place de cet atelier de transformation de canne en « jus de canna » s’aligne avec les  objectifs de développement durable (ODD), appelés aussi objectifs mondiaux invitant tous les pays du monde à agir pour éradiquer la pauvreté, protéger la planète et faire en sorte que tous les êtres humains vivent dans la paix et la prospérité. A lire : A lire : (http://www.un.org/sustainabledevelopment/fr), notamment l’ODD8 (Travail décent et croissance économique) à lire  sur:

 

ODD 3 (Bonne santé et Bien-être) à lire 

 

 

 

 

 

Rédaction : Marie Yolette B. Daniel