Claircine 18 : biens et services à portée de main

15 mar 2016

Claircine 18 : biens et services à portée de main

 

Photo: Marie Yolette B. Daniel - UN/MINUSTAH

Photo: Marie Yolette B. Daniel - UN/MINUSTAH

 

“Rien de précieux ne s’obtient sans sacrifice, dit-on. Cet adage semble prendre tout son sens dans le quotidien de certaines femmes haïtiennes, majoritairement mères de famille, en quête du pain quotidien.

Sur des trottoirs, dans un coin de rue, au croisement des carrefours, elles bravent chaleur, poussière ou même insécurité. L’important, c’est d’être sur place. 

 

Photo: Marie Yolette B. Daniel - UN/MINUSTAH

Photo: Marie Yolette B. Daniel - UN/MINUSTAH

 

Main au visage, l’air lointain et réservé, Bellina Bel, 24 ans, figure parmi les dizaines de femmes de la Capitale d’Haïti, Port-au-Prince de tout âge et d’activités  diverses dont le lieu de travail quotidien n’est autre que les trottoirs du Boulevard Toussaint Louverture, à côté de la Direction centrale de la Police judiciaire, (DCPJ).  Comme ses voisines, Bellina occupe un petit espace que son conjoint et elle ont aménagé pour exposer leur commerce, constitué majoritairement d’articles artisanaux en bois.

Situation oblige, son bricolage est étalé à quelques pas de la rue, sous une petite tente de fortune.  D’apparence modeste, cette jeune mère raconte ses débuts, son rêve de meilleures conditions pour écouler ses produits, et également des craintes quant à sa sécurité.

 

 

De l’autre côté de la rue, formant l’un des  trois côtés d’un triangle, Jésula Télusmé dit madame Saintillac vient de plonger dans la poche de son tablier un  billet de 25 gourdes reçu d’un client à qui elle a tendu un petit sachet en papier après quelques 5 minutes d’attente.

 

Photo: Marie Yolette B. Daniel - UN/MINUSTAH

Photo: Marie Yolette B. Daniel - UN/MINUSTAH

 

Teint clair, le visage fatigué, arborant un couvre-chef en tissus qui laisse dépasser de longues tresses de cheveux crépus, Jésula, la cinquantaine exécute avec une habilité remarquable la manœuvre consistant à aérer la pâte notamment préparée avec de la farine et de l’eau, pour atteindre la forme désirée.

 

 

Depuis 14 ans, cette activité lui permet de contribuer au budget familial. Écoliers, passants, chauffeurs de tap-tap, de taxis-motos ainsi que la majeure partie de ceux qui fréquentent la DCPJ en quête de documents légaux tels les certificats de ‘’bonne vie et mœurs’’ font un stop pour échanger 25 gourdes contre un Pâté.

Quand elle a démarré son affaire, Jésula était très jeune. Elle s’est toujours accordée pour  garder le capital de 2500 gourdes, ($US42 environ), s’assurant ainsi d’avoir les fonds indispensables pour se procurer les ingrédients nécessaires à la continuité de son business.

 

Comment se présente la situation pour elle aujourd’hui entant que femme ?  Elle répond…

 

 

Avec beaucoup d’émotion, Jésula dit espérer concrétiser son rêve de voir ses enfants évoluer, faire des études supérieures, et vivre décemment. Par ailleurs, elle est fière de pouvoir supporter son mari dans ses efforts visant à subvenir aux besoins de leurs trois enfants et deux petits-enfants. 

 

 

A environ 50 mètres de Jésula, Marie Denise est debout derrière une petite table faite de bois brut. Un petit réchaud portable à kérosène, une batteuse, des ustensiles de cuisine dont deux casseroles froissées à force d’usage, des récipients contenant  les ingrédients (oignon, tomate, laitue hachés), pains, spaghetti etc. constituent  l’essentiels des matériels et produits dont dispose la dame pour ‘’dépanner’’ ses clients qui souvent ne désirent qu’un sandwich ou des spaghettis. Sa tablette surchargée d’accessoires et  tout son attirail est disposé sur le trottoir  entre deux  prestataires de service libres comme elle, distants de quelques mètres.

 

Photo: Marie Yolette B. Daniel - UN/MINUSTAH

Photo: Marie Yolette B. Daniel - UN/MINUSTAH

Légèrement bègue, Marie Denise est la gardienne d’une famille élargie de 6 personnes. Taille moyenne, la quarantaine avancée, cette batailleuse est l’une des centaines de milliers de survivant du tremblement de terre du 12 janvier 2010. De 06h00 du matin à 16h30 du soir, cette résidente de Jérusalem 7, un bidonville située à environ 30 minutes de voiture au nord de Port-au-Prince, parle spontanément de sa vie et son activité.

 

 

Le sourire sincère et spontané ainsi que la chaleur humaine avec laquelle ces infatigables débrouillardes accueillent les clients témoignent de l’altruisme qu’elles pratiquent dans leur entreprise. Et, ceci, en dépit des rayons de soleil souvent puissants auxquels elles sont exposées involontairement ou des nuages de poussière mélangées à du dioxyde de carbone  rejeté par des milliers de véhicules qui empruntent quotidiennement cet artère.

 

 

Rédaction : Marie Yolette B. Daniel