Conférence de presse de la délégation de l’ECOSOC au terme d’une visite de quatre jours en Haiti

1 juin 2013

Conférence de presse de la délégation de l’ECOSOC au terme d’une visite de quatre jours en Haiti

 

 

INTERVENTION DE  LA PORTE-PAROLE DE LA MINUSTAH, SOPHIE BOUTAUD DE LA COMBE

Madame, Mademoiselle, Monsieur,

Bonjour,

Merci de votre présence à cette conférence de presse clôturant la visite de la délégation du Groupe consultatif spécial de l’ECOSOC sur Haïti. Je cède la parole à son Excellence l’Ambassadeur, Gilles Rivard, Chef de la délégation du Groupe consultatif et Représentant permanent du Canada à l’ECOSOC.

INTERVENTION DU PRESIDENT DE LA DELEGATION DE L’ECOSOC,  MONSIEUR GILLES RIVARD

Merci Madame, Bonjour à tous

Je vais faire une déclaration en deux ou trois minutes pour expliquer l’objectif de la visite de ce groupe ici,  fait de représentants de pays amis d’Haïti : représentants des Bahamas, du Brésil, du Chili, du Pérou, de la Colombie, de Trinidad et Tobago, de la France, des Etats-Unis, du Canada, du Mexique, du Bénin ainsi qu’un représentant du gouvernement haïtien. J’espère que je n’ai oublié personne.

L’objectif de la visite qui se fait chaque année), vise à rencontrer les autorités gouvernementales, des représentants de la société civile et de faire des visites de terrain afin de voir qu’elle est la situation en 2013 par rapport à ce qu’elle était en 2012 (nous étions ici en mai de l’année dernière, et éventuellement refléter nos perceptions, nos vues, nos conclusions dans le rapport de l’ECOSOC, le Comité Economique et Social des Nations Unies, lequel rapport sera soumis au mois de juillet.

Je parlais du groupe des amis d’Haïti, parce que pour nous, ce qui est le plus important c’est qu’Haïti demeure à l’agenda des Nations Unies comme étant une priorité. Comme vous le savez, les Nations Unies ont déjà énormément de dossiers très prioritaires. Il y a des situations dans le monde qui demandent beaucoup d’attention, mais il ne faut pas oublier les pays qui ont connu des situations difficiles et qui ont encore besoin des Nations Unies et de la grande famille onusienne pour les appuyer ainsi que la communauté internationale. L’objectif de notre visite était donc justement de prendre acte et de refléter nos vues dans le rapport de l’ECOSOC et de s’assurer que Haïti demeure à l’agenda des nations Unies et de la communauté internationale.

Notre visite essentiellement se divise en trois volets. Nous avons rencontré les autorités gouvernementales, le ministère des Affaires étrangères, le Bureau du Premier ministre. Nous avons rencontré le Premier ministre, le ministre de l’Intérieur, les représentants des organisations non-gouvernementales, ainsi que le G12 qui représente les principales agences de développement et les institutions multilatérales, et nous avons effectué des visites sur le terrain. Nous sommes allés aux Cayes, à Port-Salut, à Roche-à-Bateaux pour constater tous les efforts et les investissements qui sont faits dans le Sud. L’année dernière, nous étions dans le Nord, à Dajabon et à Ouanaminthe. Cette année, nous sommes aussi allés visiter la mairie de Tabarre pour voir quels sont les efforts de reconstruction et de prévention des désastres. Nous avons aussi rencontré le groupe d’avocats qui travaillent sur des dossiers de libération des citoyens en détention préventive. Tout ceci résume un peu notre visite et maintenant je suis disponible pour répondre à vos questions, peut-être mes collègues aussi, s’il y en a.

 

Questions-Réponses

Vision 2000 - De quoi avez-vous discuté avec les autorités haïtiennes, les avocats et les représentants de la société civile ?

Gilles Rivard : Avec les autorités haïtiennes, nous avons fait le tour de la situation. Le Président Martelly a un programme circonscrit autour des cinq E (ndlr : Education, Environnement, Etat de Droit, Emploi, Energie). Pour nous, il s’agissait de voir comment évolue le programme. L’an dernier nous étions ici en mai et le Premier ministre venait juste d’entrer en fonction, c’était l’occasion de voir comment il avait mis en marche son programme. Nous avons parlé de l’aide, nous avons parlé aussi d’un certain nombre d’initiatives à caractère économique, des efforts de reconstruction, des efforts au niveau de la protection civile. Il nous a parlé en détail des enjeux qui entourent la question de l’Etat de droit. En d’autres termes le Premier ministre a essentiellement repris les cinq E du Président Martelly et nous avons revu la situation avec lui.

Avec le bureau des avocats, nous avons discuté de l’assistance légale aux justiciables démunis surtout en ce qui a trait à la détention préventive. C’est une visite extrêmement révélatrice pour nous. Nous avons rencontré un groupe d’avocats qui se consacre à essayer de faire libérer des détenus en détention préventive et actuellement les résultats sont spectaculaires. Alors, pour nous c’était  une bonne occasion d’évaluer la situation. Concernant la société civile et les ONGs, elles sont parfois critiquées en Haïti. Souvent on a tendance à assimiler les ONGs à toutes sortes de groupes. Pour elles, c’était important de clarifier la situation, de parler aussi du forum qui devait avoir lieu le 16 mai et qui a été reporté. Pour elles, c‘est très important que la coordination, la consultation et la communication avec le gouvernement se fassent. La tenue de ce forum pourrait aider à confirmer leur rôle et à s’assurer que la coordination entre toutes ces ONGs et le gouvernement se fasse de façon harmonieuse. Nous avons pris acte de leur souhait à savoir la réalisation de ce forum de coordination.

Scoop FM - Puisque votre visite consiste à faire des évaluations et à faire des propositions aux autorités, quels sont les conseils que vous avez prodigués aux autorités du pays ?

Gilles Rivard : Pour nous l’important était d’écouter le gouvernement, les représentants de la société civile et également des organisations non gouvernementales. Il s’agissait aussi de confirmer l’appui de la communauté internationale aux efforts du gouvernement haïtien. Je pense que cela doit être clair. Car, le fait que nous soyons ici pour appuyer le gouvernement haïtien doit être bien compris. Nous avons évidemment soulevé la question de la création d’emploi, c’est un facteur extrêmement important. J’ai beaucoup voyagé en Haïti depuis des années et je sais combien l’emploi est important pour qu’il y ait une classe moyenne en Haïti. Il y a beaucoup d’efforts qui sont faits. Nous avons aussi parlé de la question des élections qui est un élément qui attire beaucoup l’attention. La question des organisations non gouvernementales a également été aussi soulevée. C’est un ensemble d’enjeux qui nous permettent d’écouter le Premier ministre sur son plan d’action, la coordination qui est en place avec le conseil des ministres et aussi de voir quels sont ses souhaits pour l’avenir dans le cadre de la consolidation des cinq E, et essentiellement la création d’emploi. La réponse aux questions de santé et d’agriculture est évidemment importante.

Ce qu’il faut comprendre c’est que nous sommes ici seulement pour trois jours, on voudrait en faire plus. Avec les Nations Unies nous faisons énormément d’efforts pour couvrir le plus grand nombre de thèmes possibles. C’est très difficile. Cette année nous nous sommes concentrés aussi  sur un aspect important qui est la question de la décentralisation, de la déconcentration des services publics en province et c’est un autre élément que nous avons discuté, entre autres, avec l’OMRH hier après-midi, nous avons eu une très bonne rencontre avec eux.

Radio Caraïbes - Qu’est ce qui empêche le gouvernement de démarrer avec le processus de développement concrètement ? Car deux ans après l’arrivée du Président Martelly au pouvoir, c’est comme si rien n’a été fait.

Gilles Rivard : Ecouter, le Président Martelly a été élu il y a deux ans et je vous rappelle qu’il y a trois ans de cela, il y a eu 250 000 morts en Haïti avec des pertes de 12 milliards de dollars. Il faut quand même remettre les choses en perspective. Haïti est un pays qui peut tirer une grande fierté de la façon dont les débris ont été gérés. Le nombre de personnes vivant dans les camps a été réduit de 80 %, ce n’est pas moi qui le dis, ce sont des chiffres. Il est évident que les résultats pour une certaine tranche de la population paraissent être lents à se concrétiser. Mais à chaque fois que je viens en Haïti, je vois qu’il y a des changements qui s’effectuent dans la construction, des routes qui s’améliorent. Je n’ai pas visité de projets dans le domaine de la santé, mais il y a des choses qui s’y passent comme dans le domaine de l’éducation. Alors, c’est certain que pour les couches les plus démunies il y a d’autres choses à mettre en place. Mais je pense qu’il faut  reconnaitre qu’il y a des efforts extrêmement importants qui sont faits et des fonds qui ont été investis dans les services publics.

Je pense que la communauté internationale fait sa part aussi par le biais des Nations Unies et des agences multilatérales et par le biais des efforts bilatéraux d’un certain nombre de pays. Et dans ce contexte là tout ce qu’il y a lieu d’espérer c’est que ces efforts qui sont mis en place vont produire davantage de résultats. On voit de moins en moins de cas de réfugiés, ce qui sous-entend que ces déplacés ont été relogés. Nous sommes passés près de champs de Mars ce matin qui était un immense camp de réfugiés. Je suis passé près de la place Boyer qui a repris son espace, son milieu d’échange social. Ce sont là des signes, à mon avis, qui sont à relever. Quand on voit Port-au-Prince, on voit qu’il y a beaucoup de pauvreté, beaucoup de reconstruction à faire. Mais quand on regarde d’où le pays est parti et où il est maintenant, je pense qu’il y a lieu de conclure que les choses évoluent de façon positive.

Il ne faut certainement pas prendre tout pour acquis. La MINUSTAH n’est pas ici pour les vingt prochaine années, il est clair qu’Haïti doit compter davantage sur ses propres capacités pour assumer ses responsabilités. Ce matin, avec Mme Jean Baptiste nous parlions de protection civile et maintenant le gouvernement haïtien a ouvert une ligne de téléphonique d’urgence (ndrl : appelée ligne rouge) en cas de catastrophe, c’est déjà un acquis important.  Hier à la mairie de Tabarre nous avons rencontré le maire avec son équipe, qui nous ont fait une excellente présentation conçue par des ingénieurs et des informaticiens haïtiens dans le but de démontrer le travail qui est fait afin de limiter les risques. Le tremblement de terre a tué beaucoup de gens. La différence entre risque et désastres est que des risques il y en aura toujours et les désastres on peut les diminuer si on en parle davantage; et je crois qu’il y a beaucoup d’efforts qui ont été faits dans ce sens-là.

RFM - Au terme de cette visite quelle lecture faites-vous de la situation d’Haïti par rapport à ce qu’elle était l’année dernière ?

Gilles Rivard : Quand on regarde ce qu’il y avait l’année dernière, il y a de l’amélioration. En revanche, il faut reconnaitre que dans le sud, je connaissais Port-Salut avant de m’y rendre, mais la route est endommagée depuis l’ouragan Sandy, mais aussi peut-être en raison du fait que le gouvernement manque de moyens pour l’entretien des routes. Je me rappelle de la route reliant Gonaïves au Cap-Haitien qui a été refaite. Cette route a été refaite lors de ma première visite aussi en 1994. Ce qui est très important c’est que ces infrastructures doivent être entretenues. On voit les effets des ouragans et il faut s’assurer que les routes soient plus durables, moins vulnérables aux intempéries et tenir compte de la situation d’Haïti. Il y a du travail à faire de ce côté-là.

La question de l’éducation, à mon avis, est un élément important. Nous connaissons tous le système privé d’éducation haïtien qui a besoin d’être renforcé par un système davantage public et aussi contrôlé par le gouvernement, c’est un autre exemple que je pourrais vous donner. Le Canada investit beaucoup dans le domaine de la justice, la formation des juges, les pénitenciers, les commissariats et ainsi de suite. Encore une fois, nous avons entendu des commentaires sur le fait que la justice haïtienne a besoin de s’améliorer. Je crois que je ne vous apprends rien en vous disant qu’il y a énormément de choses à faire au niveau de ces trois aspects là de l’Etat de droit. Mais quand on regarde de façon générale, ce que nous avons vu représente un acquis ou une avancée par rapport à ce qui existait, et nous espérons que l’année prochaine sera encore mieux.

Vision 2000 - Combien de visites avez-vous déjà réalisées dans le pays ? Ensuite, avez-vous abordé avec les officiels du gouvernement les questions relatives à l’organisation des prochaines élections ?

Gilles Rivard : Cela fait ma troisième visite dans le pays et je crois que cela fait un total de sept visites de l’ECOSOC sur une base annuelle. Sur la question des élections, le gouvernement haïtien veut des élections en 2013, la classe politique aussi, la société civile aussi, la communauté internationale s’est prononcée en faveur des élections en 2013, et le conseil de Sécurité a souhaité que les élections soient tenues en 2013. Je pense que c’est clair, on veut des élections en 2013, le gouvernement s’est engagé à les faire et la communauté internationale est prête à les appuyer en ce sens-là. Alors tout ce que nous espérons est que les élections auront lieu en 2013. C’est un élément extrêmement important dans tout ce qu’on appelle l’image de stabilité d’Haïti qui va permettre des investissements et qui vont créer des emplois, ce qui sortira Haïti de la spirale de la pauvreté. Alors la relation de l’équation est assez simple, je crois que les élections se réaliseront en 2013 telles que le gouvernement s’est engagé à le faire.

Vision 2000- Alors vous pensez que ce serait possible d’organiser ces élections cette année ?

Gilles Rivard : Ecouter, l’autre soir avec le Représentant spécial du Secrétaire général nous en avons parlé et il y avait des spécialistes dans le domaine électoral qui nous ont dit qu’un agenda électoral pour des élections en 2013 est possible. Ce n’est pas facile, mais c’est possible. Alors dans ce cas-là tout ce qu’on peut souhaiter c’est qu’elles se réalisent.

Vision 2000- Quel est l’appui de l’ECOSOC à l’organisation de ces élections-là?

Gilles Rivard : Nous représentons la communauté internationale et d’entrée de jeu je vous dis que tous mes collègues ici appuient entièrement la tenue de ces élections en 2013. Je peux facilement parler en leurs noms et je suis sûr qu’ils sont d’accord avec moi.

Merci Beaucoup !

INTERVENTION DE  LA PORTE-PAROLE DE LA MINUSTAH, SOPHIE BOUTAUD DE LA COMBE

Madame, Mademoiselle, Monsieur,

Bonjour,

Merci de votre présence à cette conférence de presse clôturant la visite de la délégation du Groupe consultatif spécial de l’ECOSOC sur Haïti. Je cède la parole à son Excellence l’Ambassadeur, Gilles Rivard, Chef de la délégation du Groupe consultatif et Représentant permanent du Canada à l’ECOSOC.

INTERVENTION DU PRESIDENT DE LA DELEGATION DE L’ECOSOC,  MONSIEUR GILLES RIVARD

Merci Madame, Bonjour à tous

Je vais faire une déclaration en deux ou trois minutes pour expliquer l’objectif de la visite de ce groupe ici,  fait de représentants de pays amis d’Haïti : représentants des Bahamas, du Brésil, du Chili, du Pérou, de la Colombie, de Trinidad et Tobago, de la France, des Etats-Unis, du Canada, du Mexique, du Bénin ainsi qu’un représentant du gouvernement haïtien. J’espère que je n’ai oublié personne.

L’objectif de la visite qui se fait chaque année), vise à rencontrer les autorités gouvernementales, des représentants de la société civile et de faire des visites de terrain afin de voir qu’elle est la situation en 2013 par rapport à ce qu’elle était en 2012 (nous étions ici en mai de l’année dernière, et éventuellement refléter nos perceptions, nos vues, nos conclusions dans le rapport de l’ECOSOC, le Comité Economique et Social des Nations Unies, lequel rapport sera soumis au mois de juillet.

Je parlais du groupe des amis d’Haïti, parce que pour nous, ce qui est le plus important c’est qu’Haïti demeure à l’agenda des Nations Unies comme étant une priorité. Comme vous le savez, les Nations Unies ont déjà énormément de dossiers très prioritaires. Il y a des situations dans le monde qui demandent beaucoup d’attention, mais il ne faut pas oublier les pays qui ont connu des situations difficiles et qui ont encore besoin des Nations Unies et de la grande famille onusienne pour les appuyer ainsi que la communauté internationale. L’objectif de notre visite était donc justement de prendre acte et de refléter nos vues dans le rapport de l’ECOSOC et de s’assurer que Haïti demeure à l’agenda des nations Unies et de la communauté internationale.

Notre visite essentiellement se divise en trois volets. Nous avons rencontré les autorités gouvernementales, le ministère des Affaires étrangères, le Bureau du Premier ministre. Nous avons rencontré le Premier ministre, le ministre de l’Intérieur, les représentants des organisations non-gouvernementales, ainsi que le G12 qui représente les principales agences de développement et les institutions multilatérales, et nous avons effectué des visites sur le terrain. Nous sommes allés aux Cayes, à Port-Salut, à Roche-à-Bateaux pour constater tous les efforts et les investissements qui sont faits dans le Sud. L’année dernière, nous étions dans le Nord, à Dajabon et à Ouanaminthe. Cette année, nous sommes aussi allés visiter la mairie de Tabarre pour voir quels sont les efforts de reconstruction et de prévention des désastres. Nous avons aussi rencontré le groupe d’avocats qui travaillent sur des dossiers de libération des citoyens en détention préventive. Tout ceci résume un peu notre visite et maintenant je suis disponible pour répondre à vos questions, peut-être mes collègues aussi, s’il y en a.

 

Questions-Réponses

Vision 2000 - De quoi avez-vous discuté avec les autorités haïtiennes, les avocats et les représentants de la société civile ?

Gilles Rivard : Avec les autorités haïtiennes, nous avons fait le tour de la situation. Le Président Martelly a un programme circonscrit autour des cinq E (ndlr : Education, Environnement, Etat de Droit, Emploi, Energie). Pour nous, il s’agissait de voir comment évolue le programme. L’an dernier nous étions ici en mai et le Premier ministre venait juste d’entrer en fonction, c’était l’occasion de voir comment il avait mis en marche son programme. Nous avons parlé de l’aide, nous avons parlé aussi d’un certain nombre d’initiatives à caractère économique, des efforts de reconstruction, des efforts au niveau de la protection civile. Il nous a parlé en détail des enjeux qui entourent la question de l’Etat de droit. En d’autres termes le Premier ministre a essentiellement repris les cinq E du Président Martelly et nous avons revu la situation avec lui.

Avec le bureau des avocats, nous avons discuté de l’assistance légale aux justiciables démunis surtout en ce qui a trait à la détention préventive. C’est une visite extrêmement révélatrice pour nous. Nous avons rencontré un groupe d’avocats qui se consacre à essayer de faire libérer des détenus en détention préventive et actuellement les résultats sont spectaculaires. Alors, pour nous c’était  une bonne occasion d’évaluer la situation. Concernant la société civile et les ONGs, elles sont parfois critiquées en Haïti. Souvent on a tendance à assimiler les ONGs à toutes sortes de groupes. Pour elles, c’était important de clarifier la situation, de parler aussi du forum qui devait avoir lieu le 16 mai et qui a été reporté. Pour elles, c‘est très important que la coordination, la consultation et la communication avec le gouvernement se fassent. La tenue de ce forum pourrait aider à confirmer leur rôle et à s’assurer que la coordination entre toutes ces ONGs et le gouvernement se fasse de façon harmonieuse. Nous avons pris acte de leur souhait à savoir la réalisation de ce forum de coordination.

Scoop FM - Puisque votre visite consiste à faire des évaluations et à faire des propositions aux autorités, quels sont les conseils que vous avez prodigués aux autorités du pays ?

Gilles Rivard : Pour nous l’important était d’écouter le gouvernement, les représentants de la société civile et également des organisations non gouvernementales. Il s’agissait aussi de confirmer l’appui de la communauté internationale aux efforts du gouvernement haïtien. Je pense que cela doit être clair. Car, le fait que nous soyons ici pour appuyer le gouvernement haïtien doit être bien compris. Nous avons évidemment soulevé la question de la création d’emploi, c’est un facteur extrêmement important. J’ai beaucoup voyagé en Haïti depuis des années et je sais combien l’emploi est important pour qu’il y ait une classe moyenne en Haïti. Il y a beaucoup d’efforts qui sont faits. Nous avons aussi parlé de la question des élections qui est un élément qui attire beaucoup l’attention. La question des organisations non gouvernementales a également été aussi soulevée. C’est un ensemble d’enjeux qui nous permettent d’écouter le Premier ministre sur son plan d’action, la coordination qui est en place avec le conseil des ministres et aussi de voir quels sont ses souhaits pour l’avenir dans le cadre de la consolidation des cinq E, et essentiellement la création d’emploi. La réponse aux questions de santé et d’agriculture est évidemment importante.

Ce qu’il faut comprendre c’est que nous sommes ici seulement pour trois jours, on voudrait en faire plus. Avec les Nations Unies nous faisons énormément d’efforts pour couvrir le plus grand nombre de thèmes possibles. C’est très difficile. Cette année nous nous sommes concentrés aussi  sur un aspect important qui est la question de la décentralisation, de la déconcentration des services publics en province et c’est un autre élément que nous avons discuté, entre autres, avec l’OMRH hier après-midi, nous avons eu une très bonne rencontre avec eux.

Radio Caraïbes - Qu’est ce qui empêche le gouvernement de démarrer avec le processus de développement concrètement ? Car deux ans après l’arrivée du Président Martelly au pouvoir, c’est comme si rien n’a été fait.

Gilles Rivard : Ecouter, le Président Martelly a été élu il y a deux ans et je vous rappelle qu’il y a trois ans de cela, il y a eu 250 000 morts en Haïti avec des pertes de 12 milliards de dollars. Il faut quand même remettre les choses en perspective. Haïti est un pays qui peut tirer une grande fierté de la façon dont les débris ont été gérés. Le nombre de personnes vivant dans les camps a été réduit de 80 %, ce n’est pas moi qui le dis, ce sont des chiffres. Il est évident que les résultats pour une certaine tranche de la population paraissent être lents à se concrétiser. Mais à chaque fois que je viens en Haïti, je vois qu’il y a des changements qui s’effectuent dans la construction, des routes qui s’améliorent. Je n’ai pas visité de projets dans le domaine de la santé, mais il y a des choses qui s’y passent comme dans le domaine de l’éducation. Alors, c’est certain que pour les couches les plus démunies il y a d’autres choses à mettre en place. Mais je pense qu’il faut  reconnaitre qu’il y a des efforts extrêmement importants qui sont faits et des fonds qui ont été investis dans les services publics.

Je pense que la communauté internationale fait sa part aussi par le biais des Nations Unies et des agences multilatérales et par le biais des efforts bilatéraux d’un certain nombre de pays. Et dans ce contexte là tout ce qu’il y a lieu d’espérer c’est que ces efforts qui sont mis en place vont produire davantage de résultats. On voit de moins en moins de cas de réfugiés, ce qui sous-entend que ces déplacés ont été relogés. Nous sommes passés près de champs de Mars ce matin qui était un immense camp de réfugiés. Je suis passé près de la place Boyer qui a repris son espace, son milieu d’échange social. Ce sont là des signes, à mon avis, qui sont à relever. Quand on voit Port-au-Prince, on voit qu’il y a beaucoup de pauvreté, beaucoup de reconstruction à faire. Mais quand on regarde d’où le pays est parti et où il est maintenant, je pense qu’il y a lieu de conclure que les choses évoluent de façon positive.

Il ne faut certainement pas prendre tout pour acquis. La MINUSTAH n’est pas ici pour les vingt prochaine années, il est clair qu’Haïti doit compter davantage sur ses propres capacités pour assumer ses responsabilités. Ce matin, avec Mme Jean Baptiste nous parlions de protection civile et maintenant le gouvernement haïtien a ouvert une ligne de téléphonique d’urgence (ndrl : appelée ligne rouge) en cas de catastrophe, c’est déjà un acquis important.  Hier à la mairie de Tabarre nous avons rencontré le maire avec son équipe, qui nous ont fait une excellente présentation conçue par des ingénieurs et des informaticiens haïtiens dans le but de démontrer le travail qui est fait afin de limiter les risques. Le tremblement de terre a tué beaucoup de gens. La différence entre risque et désastres est que des risques il y en aura toujours et les désastres on peut les diminuer si on en parle davantage; et je crois qu’il y a beaucoup d’efforts qui ont été faits dans ce sens-là.

RFM - Au terme de cette visite quelle lecture faites-vous de la situation d’Haïti par rapport à ce qu’elle était l’année dernière ?

Gilles Rivard : Quand on regarde ce qu’il y avait l’année dernière, il y a de l’amélioration. En revanche, il faut reconnaitre que dans le sud, je connaissais Port-Salut avant de m’y rendre, mais la route est endommagée depuis l’ouragan Sandy, mais aussi peut-être en raison du fait que le gouvernement manque de moyens pour l’entretien des routes. Je me rappelle de la route reliant Gonaïves au Cap-Haitien qui a été refaite. Cette route a été refaite lors de ma première visite aussi en 1994. Ce qui est très important c’est que ces infrastructures doivent être entretenues. On voit les effets des ouragans et il faut s’assurer que les routes soient plus durables, moins vulnérables aux intempéries et tenir compte de la situation d’Haïti. Il y a du travail à faire de ce côté-là.

La question de l’éducation, à mon avis, est un élément important. Nous connaissons tous le système privé d’éducation haïtien qui a besoin d’être renforcé par un système davantage public et aussi contrôlé par le gouvernement, c’est un autre exemple que je pourrais vous donner. Le Canada investit beaucoup dans le domaine de la justice, la formation des juges, les pénitenciers, les commissariats et ainsi de suite. Encore une fois, nous avons entendu des commentaires sur le fait que la justice haïtienne a besoin de s’améliorer. Je crois que je ne vous apprends rien en vous disant qu’il y a énormément de choses à faire au niveau de ces trois aspects là de l’Etat de droit. Mais quand on regarde de façon générale, ce que nous avons vu représente un acquis ou une avancée par rapport à ce qui existait, et nous espérons que l’année prochaine sera encore mieux.

Vision 2000 - Combien de visites avez-vous déjà réalisées dans le pays ? Ensuite, avez-vous abordé avec les officiels du gouvernement les questions relatives à l’organisation des prochaines élections ?

Gilles Rivard : Cela fait ma troisième visite dans le pays et je crois que cela fait un total de sept visites de l’ECOSOC sur une base annuelle. Sur la question des élections, le gouvernement haïtien veut des élections en 2013, la classe politique aussi, la société civile aussi, la communauté internationale s’est prononcée en faveur des élections en 2013, et le conseil de Sécurité a souhaité que les élections soient tenues en 2013. Je pense que c’est clair, on veut des élections en 2013, le gouvernement s’est engagé à les faire et la communauté internationale est prête à les appuyer en ce sens-là. Alors tout ce que nous espérons est que les élections auront lieu en 2013. C’est un élément extrêmement important dans tout ce qu’on appelle l’image de stabilité d’Haïti qui va permettre des investissements et qui vont créer des emplois, ce qui sortira Haïti de la spirale de la pauvreté. Alors la relation de l’équation est assez simple, je crois que les élections se réaliseront en 2013 telles que le gouvernement s’est engagé à le faire.

Vision 2000- Alors vous pensez que ce serait possible d’organiser ces élections cette année ?

Gilles Rivard : Ecouter, l’autre soir avec le Représentant spécial du Secrétaire général nous en avons parlé et il y avait des spécialistes dans le domaine électoral qui nous ont dit qu’un agenda électoral pour des élections en 2013 est possible. Ce n’est pas facile, mais c’est possible. Alors dans ce cas-là tout ce qu’on peut souhaiter c’est qu’elles se réalisent.

Vision 2000- Quel est l’appui de l’ECOSOC à l’organisation de ces élections-là?

Gilles Rivard : Nous représentons la communauté internationale et d’entrée de jeu je vous dis que tous mes collègues ici appuient entièrement la tenue de ces élections en 2013. Je peux facilement parler en leurs noms et je suis sûr qu’ils sont d’accord avec moi.

Merci Beaucoup !