Elections 2015 : Les enjeux sont clairs

Photo : Logan Abassi - UN/MINUSTAH

2 juin 2015

Elections 2015 : Les enjeux sont clairs

Haïti est enfin entré dans la période électorale. Il est normal que cela comporte de nombreux débats et prises de position diverses. S’il est un sujet à propos duquel tout le monde est d’accord, c’est le besoin de stabilité dans le pays, car sans elle, il n’y a pas de développement possible. La stabilité demande un engagement constant au service d’une vision faisant prévaloir l’intérêt commun sur les intérêts personnels. Une étape fondamentale sur ce chemin passe par les élections. Parce que la stabilité se nourrit de la dynamique des relations entre la population et le pouvoir politique, elle nécessite que soient aux commandes des autorités légitimes choisies par le peuple.

C’est pourquoi la stabilité ne se décrète pas, elle ne s’impose pas par la force, elle se construit étape par étape, élections après élections, afin que les autorités élues puissent répondre aux intérêts et besoins de la population. En Haïti, la stabilité a connu trop d’éclipses. Elle doit aujourd’hui solidifier ses fondations, posées par les trois élections successives tenues depuis 2006 qui ont vu pour la première fois un président élu succéder à un président élu et des parlementaires aller au terme de leur mandat. Le renouvellement des représentants est un impératif démocratique.

Le pays a besoin de ses parlementaires pour qu’ils votent les lois afin de répondre aux aspirations de la société toute entière. Le pays a besoin de représentants municipaux et locaux pour délivrer les services à la population. Voilà quatre ans que le pays n’a pas respecté le renouvellement de ses représentants tel que prescrit par la Constitution, et l’absence d’élections, d'un Parlement et de représentants locaux n’est pas acceptable. Le Conseil Electoral Provisoire (CEP), qui a l'obligation constitutionnelle d’organiser les élections, travaille sur la base du décret électoral promulgué par l’Exécutif le 2 mars, et du calendrier électoral du 13 mars convoquant le peuple en ses comices en 2015. Selon ce calendrier, le premier tour des élections parlementaires aura lieu le 9 août tandis que le premier tour de l’élection présidentielle et les élections municipales et locales se dérouleront le 25 octobre en même temps que le second tour des législatives.

Le cas échéant, le second tour de la présidentielle aura lieu le 27 décembre. En accord avec ce calendrier et la Constitution, entre autre, la 50e législature entrera en fonction le deuxième lundi de janvier 2016 (après une année sans pouvoir législatif fonctionnel) et un nouveau Président de la République le 7 février 2016. Les élections sont une expression de la souveraineté du peuple et aujourd’hui Haïti ne peut se permettre d’attendre encore pour renouveler ses représentants. Oui, ces élections seront complexes et les défis abondent, mais l’organisation des élections est un passage obligé pour toute démocratie. Pour ce qui a trait aux Nations Unies, la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haiti (MINUSTAH) continuera de couvrir l’ensemble du territoire au travers de ses composantes policière, militaire et civile, réorganisées.

Notre appui et celui du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) au CEP et à la Police Nationale d’Haïti (PNH) est une contribution au renforcement de leur capacité technique. S’il est un autre sujet qui doit emporter l’adhésion, c’est celui du refus de la violence sous toutes ses formes. L’utilisation de la force et de la menace pour faire passer ses idées est non seulement un crime puni par la loi, mais c’est aussi un des facteurs qui ont empêché le pays d’avancer et qui peut compromettre les acquis de ces dernières années. Chacun des acteurs du processus démocratique, les candidats et candidates, les partis politiques, la société civile, les autorités et l’ensemble des électeurs et électrices, a le pouvoir de faire de ces élections une avancée définitive vers la stabilité et le développement. A cet égard, j’encourage les femmes à s’engager comme candidates dans les élections locales et municipales dont la date d’enregistrement se termine le 7 juin. Je lance un appel à toutes les Haïtiennes et tous les Haïtiens, y compris les personnes vivant avec handicap et la jeunesse du pays, ces nouveaux électeurs qui voteront pour la première fois, à peser soigneusement ce qui est en jeu, à examiner le programme des candidats et candidates et à choisir consciemment, sans pression d’aucune sorte, celles et ceux qui, par leurs décisions, façonneront leur avenir et celui du pays.

J’encourage les partis politiques, candidats et candidates à affuter leurs programmes pour défendre leur vision pour le pays et ceux qui contestent leur inéligibilité de le faire conformément aux procédures en place. Je suis confiante que la PNH va jouer son rôle dans le maintien de l’ordre, la justice le sien dans l’application des sanctions prévues par le décret électoral contre les infractions en condamnant les contrevenants. De même, que les medias joueront le leur, pour assurer une couverture équilibrée et impartiale qui aidera les électeurs à prendre des décisions avisées. Le peuple haïtien doit pouvoir prendre son destin en main à travers des élections crédibles, transparentes et inclusives dans un climat de sérénité; les enjeux sont clairs.   Sandra Honoré, Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en Haïti, 01 juin 2015