Embalo Loba: De la Guinée-Bissau à Haïti, les droits de l’homme derrière l’uniforme

28 jan 2013

Embalo Loba: De la Guinée-Bissau à Haïti, les droits de l’homme derrière l’uniforme

Volontaire des Nations Unies (VNU) à la MINUSTAH, Embalo Loba a laissé sa robe de magistrat derrière lui en Guinée-Bissau pour se consacrer à la formation des policiers haïtiens aux droits de l’homme. Portrait.

Embalo Loba: De la Guinée-Bissau à Haïti, les droits de l’homme derrière l’uniforme

Photo : UN/MINUSTAH

«En tant que juriste et ex-militaire, je voulais apporter ma pierre à la mise en place d’une police respectueuse des droits de la population », explique Embalo Loba, justifiant son initiative. Un jour en costume deux pièces, l’autre en bras-de-chemise, ce sexagénaire originaire de Guinée-Bissau fait, depuis 2011, le tour des commissariats de Port-au-Prince. Sa mission, qu’il s’est fixée lui-même : sensibiliser les policiers haïtiens sur les droits de l’homme.

En dehors de son agenda habituel au sein de la composante policière de la MINUSTAH, le civil enseigne le code de déontologie, la discipline générale, les ordres généraux et l’usage de la force aux policiers en exercice. « J’ai déjà formé plus de 100 agents de la Police Nationale d’Haïti (PNH) dans les commissariats de Carrefour, Cité Soleil et Léogâne avant de me retrouver au commissariat de Port-au-Prince où j’ai 400 personnes à former », explique-t-il avec fierté.

L’ancien magistrat a dû attendre quatre ans pour que son initiative se concrétise. A force de conviction, Embalo a pu aménager son temps de travail comme conseiller légal de la police pour parcourir les commissariats et former, volontairement, les agents de la PNH.

Son supérieur, le Commissaire Blai Eugène Digbeu qui dirige l’administration et les services généraux de la Police des Nations Unies (UNPol), reconnait qu’Embalo ne manque pas de volonté. « Avec son initiative de former les policiers haïtiens, l’Unité des affaires légales dans laquelle il travaille a pris beaucoup d’ampleur», reconnait-il. Une détermination qu’il tire peut-être de ses années comme magistrat où il a eu à juger plusieurs cas de crimes impliquant des policiers dans son pays.

Une initiative appréciée des policiers haïtiens

Pour Marie Michèle Gauthier, agent de police du commissariat de Port-au-Prince, l’engagement d’Embalo est salutaire. « Il faut être animé d’une ferme volonté pour laisser sa famille en Afrique, à 60 ans, et venir jusqu’en Haïti pour nous aider », reconnait la policière. « Nous sommes une institution encore jeune et nous nous réjouissons d’avoir à notre disposition une personne expérimentée et pédagogue pour nous former», dit-elle à l’issue d’un cours dispensé par Embalo.

Quant au responsable du commissariat de Port-au-Prince, le Commissaire principal Aubergiste Mario, reconnait la contribution d’Embalo.  « Si les policiers sont mieux formés, la population bénéficiera de meilleurs services et elle n’attend que ça », explique le Commissaire Mario.

En sortant de son cadre de travail habituel, ‘Colonel’ - comme l’appellent affectueusement les policiers haïtiens - dit enrichir ses expériences militaires et juridiques. Mais, surtout, il part aussi à la découverte d’« une petite partie de la riche réalité culturelle haïtienne ». Une découverte que le Volontaire compte poursuivre en élargissant les formations à tous le pays.

Tahirou Gouro Soumana