Haïti : L’Ile de la Tortue réclame plus de présence de l’Etat

5 avr 2013

Haïti : L’Ile de la Tortue réclame plus de présence de l’Etat

Plusieurs organisations de femmes et de la société civile de l’Ile de la Tortue se sont retrouvées, le 03 avril dernier pour réfléchir sur les difficultés qui mettent à mal la sécurité et la cohésion sociale. La rencontre dans cette île au Nord-ouest d’Haïti s’inscrivait dans le cadre de la célébration de la Journée nationale de la femme haïtienne.

Haïti : L’Ile de la Tortue réclame plus de présence de l’Etat

Photo : Srdan Slavkovic - UN/MINUSTAH

Haïti : L’Ile de la Tortue réclame plus de présence de l’EtatDes travaux en ateliers et autres séances plénières qui ont marqué cet important rendez-vous, il ressort que l’absence presque totale des institutions de l’Etat est la cause principale de l’insécurité qui frappe la grande île.

Les grandes victimes dans cette situation sont surtout les femmes. « Une des caractéristiques de l’insécurité sur l’île est le viol. Des cas sont enregistrés de façon régulière. En l’absence d’instances de répression, les bourreaux demeurent impunis », souligne Angelère Massillon, la Directrice départementale du Ministère à la condition féminine et aux droits des femmes (MCFDF).

Selon les participantes, une femme victime de viol, si elle veut obtenir justice, n’a d’autre choix que de prendre en charge tous les frais d’arrestation et de transfert du présumé coupable, de l’Ile à Port-de-Paix, le chef-lieu du département. Soit une traversée périlleuse sur un voilier surchargé sur environ 10 kilomètres. Des dépenses et des risques trop élevées pour une population qui vit dans des conditions difficiles.

Haïti : L’Ile de la Tortue réclame plus de présence de l’Etat« Nous sommes environ 50 000 habitants, mais le Commissariat ne dispose que de deux ou trois policiers », explique Antony Sanon, présidente Fanm Yola, une organisation de femmes d’envergure nationale. « Lorsqu’un acte de violence est commis, il n’y a personne pour voler à notre secours », regrette-t-elle.

Beaucoup d’habitants se sentent délaissés de la métropole. « Nous sommes une île de 37 km de long et 7 km de large, avec une population importante. Mais nous ne disposons ni d’eau courante, ni d’électricité, et encore moins de routes », se lamente un sexagénaire, venu participer au forum.

Plus de policiers

Des résolutions des travaux en ateliers, il ressort que les femmes et la société civile de l’Ile de la Tortue réclament plus de considération de la part de l’Etat haïtien, qui était représenté à cette rencontre par les autorités locales dont le vice-délégué, le directeur départemental de la PNH, le commissaire du gouvernement, le maire de La Tortue et des responsables locaux.

Selon les participants, l’établissement d’un climat pacifique et stable passe par le déploiement d’une force de police plus importante, originaire de l’île. Ceux-ci demandent aussi une présence accrue de la police maritime pour combattre les trafics en mer, la création de tribunaux de paix, de bureau d’état civil, de commissariats, de sous-commissariats et de postes avancés.

Ce forum, qui s’est tenu dans les locaux de la salle paroissiale de l’église catholique, a rassemblé plus d’une centaine de participants. Il s’agit d’une initiative de la Section des affaires civiles de la MINUSTAH.

Organisées à travers le pays, ces rencontres visent à sensibiliser les différents acteurs sur des sujets d’intérêt général et à créer une meilleure participation des femmes et des jeunes à l’établissement d’un climat de sécurité et de cohésion sociale.