Haïti, le développement durable passe par les Organisations Communautaires Base
Photo : Marie Yolette B. Daniel - UN/MINUSTAH
Au cours du mois de Juin 2017, la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), à travers sa section des affaires civiles a réalisé un congrès de 3 jours baptisé « symposium des organisations communautaires de base (OCB) ». Ce colloque a réuni des représentants de la société civile des 10 départements du pays ainsi que de divers secteurs de la communauté internationale. Ce symposium était l’occasion pour la MINUSTAH de clôturer deux années de travail d’encadrement au bénéfice d’une centaine d’OCB éparpillées dans tous les recoins d’Haïti.
Démarré en 2015, ce programme visait notamment le renforcement de la capacité des organisations communautaires de base de manière à ce qu’elles deviennent des acteurs crédibles de la société civile haïtienne tout en facilitant la création d’un espace de dialogue équilibré et égal entre les OCB, les autorités locales, les partenaires nationaux, internationaux et le secteur privé, à travers une relation qualitative. Pour aboutir à cet évènement, plusieurs étapes préparatoires ont été franchies, dont un diagnostic participatif qui a permis de déterminer les besoins des OCB en termes de formations.
« Avec la représentativité de tous les départements, nous allons pouvoir réaliser d’importants évènements dans les dix départements du pays, y compris des activités de renforcement de la capacité des membres des OCB », affirme Charline Dubuisson, coordonnatrice de l’Alternative Nationale pour la Promotion du Développement Local, (ANPDEL).
Charline Dubuisson est l’une des figures des organisations communautaires de Base qui représentent le plateau central. Elle estime que sa structure a eu de la chance d’avoir été choisie parmi des dizaines d’autres pour représenter sa communauté. Pour elle, ce travail de deux ans est inestimable et va permettre aux OCB de mieux comprendre leurs attributions et de jouer pleinement leur rôle. L’adhésion des observateurs internationaux, des bailleurs de fonds, des représentants des fonds et programmes des Nations Unies à ce forum a été pour elle un fait décisif.
Depuis plus d’une décennie, Haïti connait en effet le développement d’une multiplicité de structures dont les impacts socioéconomiques sont à prendre en compte. Constituées en comités de quartier, ces associations de jeunes, de femmes ou mixtes sont regroupées en mouvements collectifs sous la forme d’associations, d’organisations communautaires de base ou d’ONG locales. Aussi, la MINUSTAH, dans le cadre de ce projet, a concentré son appui sur les organisations communautaires de base qui, de par leur rôle fondamental représentent aujourd‘hui un pilier du développement durable.
Ce programme rentre dans le cadre de la consolidation de la mission et a pour but de promouvoir l’autonomie des OCB, ce qui favorisera un impact plus perceptible et efficace dans leurs relations avec les institutions étatiques y compris le parlement, les institutions privées et les organisations internationales dont les bailleurs de fonds. (Extrait vidéo II, officier AC)
« Aujourd’hui, nous clôturons le symposion national qui, pour la MINUSTAH représente la fin du programme de soutien à la société civile, visant à la consolidation des acquis par la mise en place d’un réseau interdépartemental d’OCB », a déclaré Anne Hadcroft, représentante du directoire de la section des affaires civile de la MINUSTAH.
Mme Hadcroft a salué la collaboration de la Caritas Haïti qui a mis en œuvre la première phase du projet et le Groupe d’Action Francophone pour l’Environnement (GAFE), qui a supporté la MINUSTAH dans l’implémentation de la deuxième partie. Financé à partir des fonds des projets à effets rapides, les deux phases du projet et le symposium ont été sponsorisé à hauteur de $US….
La troisième journée de travail dans le cadre du symposium des organisations communautaires de base a été marquée par une atmosphère tantôt bon-enfant tantôt pondérée. Le public qui, agissant d’un seul tenant était en fait constitué d’une soixantaine de personnes, dont 50% de femmes, appartenant à des structures différentes, qui avaient et qui ont encore des aspirations différentes.
« Aux affaires civiles, nous avons beaucoup travaillé dans le domaine de la gestion des conflits. Nous ne nous attribuons pas une satisfaction totale pour ce travail. Mais dans le cadre de ce symposium, notre plus grande fierté c’est d’avoir amené plus d’une centaine d’OBC à travailler ensemble sur un objectif commun. Et, regardez-les… ils s’entendent à merveille », constate Jean Bayard Bien-Aimé avec une certaine émotion dans la voix. Cette réussite est également due au fait que le programme n’a pas été parachuté. « Le programme est plutôt le fruit d’un travail de concertation entre la MINUSTAH et les OCB », souligne-t-il.
« Et ce travail est hautement apprécié par les représentants de chaque département : l’Ouest, Bas-Artibonite, Plateau Central, Sud-Est, Grande Anse, Sud, Nippes, Nord-Est, Nord, Nord-Ouest et Haut-Artibonite.
Photo : Marie Yolette B. Daniel - UN/MINUSTAH
Esther Dalebrun est le représentant du Collectif National des Techniciens Hattiens pour le changement (CONTAHC) de Cité Soleil avoue que dans sa commune, de nombreuses ONG internationales et locales sont intervenues dans la cité dans le seul but d’améliorer les conditions de vie de la population. Leur impact n’est cependant pas évident.
Il attribue ce déficit d’efficacité au manque de structuration et de coordination des organisations communautaires de base qui interviennent chacune de leur côté. Plus encore, le fait qu’elles ne soient pas structurées les affaiblit en tant que société civile. Ce symposium avait d’ailleurs pour but de renforcer cette branche de la société civile que sont les organisations communautaire de base.
Rédaction : Marie Yolette B. Daniel