Haïti : plus de coordination et de fonds sont nécessaires pour appuyer une réponse efficace, selon l'ONU

20 oct 2016

Haïti : plus de coordination et de fonds sont nécessaires pour appuyer une réponse efficace, selon l'ONU

8 octobre 2016 – A l'occasion d'une visite de quatre jours en Haïti, le Conseiller spécial du Secrétaire général de l'ONU chargé de la réponse à l'épidémie de choléra, David Nabarro, a jugé mardi que la riposte aux conséquences de l'ouragan Matthew était d'une difficulté extraordinaire.

 

« C'est une énorme catastrophe et il faut continuer à le dire », a déclaré M. Navarro lors d'une conférence de presse à Port-au-Prince, la capitale d'Haïti. « Treize jours après l'ouragan, les problèmes du peuple dans le sud-ouest du pays sont encore très sérieux ».

 

« Bien qu'ils soient également élevés dans les villes, la plupart des besoins sont en zone rurale », a-t-il souligné lors d'un entretien accordé le même jour à la Radio des Nations Unies. « Il va falloir renforcer et proroger la riposte pendant des semaines, voire des mois », a-t-il ajouté.

 

Lors d'un point presse le même jour à New York, le porte-parole du Secrétaire général de l'ONU, Stéphane Dujarric, a indiqué que les travailleurs humanitaires en Haïti continuaient d'atteindre les zones les plus touchées le long de la péninsule du sud et que les régions éloignées à l'intérieur du pays étaient encore difficiles d'accès.

 

Pour M. Nabarro, améliorer l'accès dans l'ouest du pays, notamment dans les départements de Grand'Anse et du Sud est urgent afin de pouvoir collecter des informations plus exactes et acheminer l'aide.

 

« Il faut accélérer une riposte conjointe et coordonnée des partenaires en appui au gouvernement haïtien», a-t-il déclaré. « Une coordination est nécessaire pour nettoyer les routes, réparer temporairement les ponts et acheminer l'aide ».

 

« Les populations ont besoin de toitures pour les maisons, d'alimentation en particulier pour leurs enfants, de soins de santé pour éviter le choléra et d'eau propre qu'il puisse boire », a énuméré le Conseiller spécial. « Pour fournir ces besoins, il faut un système logistique qui marche bien », a-t-il ajouté appelant à la création d'un centre de crise à Port-au-Prince et dans l'ouest du pays afin de partager les informations et améliorer la distribution de l'aide. « Sans cela, la coordination de l'ONU et de ses partenaires sera très difficile », a-t-il prévenu.

Onze jours après le passage dévastateur de l’ouragan Matthew, les Haïtiens restent forts, même s’ils sont frustrés et ont énormément de besoins, a affirmé mardi le Conseiller spécial du Secrétaire général chargé de la réponse au choléra de l’ONU en Haïti, à l’issue d’une visite de quatre jours sur place.

Priorité au nettoyage et à la réparation des écoles

Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), plus de 175.000 personnes vivent dans 224 abris temporaires et environ 116.100 enfants ont vu leur éducation interrompue. « Des efforts sont faits pour rendre prioritaire le nettoyage et la réparation des écoles endommagées ou légèrement endommagées afin de permettre aux enfants de retourner en classe », a dit M. Dujarric.

 

« Plus de 1,2 million de personnes, dont 500.000 enfants, ont besoin d'eau potable et d'assainissement adéquats pour aider à empêcher la propagation des maladies, en particulier le choléra », a souligné le porte-parole du Secrétaire général. « Pour répondre à ces besoins, des comprimés de purification de l'eau ont été transportés par avion pour fournir de l'eau potable à environ 475.000 personnes et du chlore est actuellement acheté pour aider les autorités locales à chlorer les systèmes d'adduction d'eau dans tout le pays ».

 

M. Dujarric a également indiqué qu'une usine d'eau nouvellement créée fournit maintenant 300.000 litres d'eau potable à 20.000 personnes par jour dans la ville de Jérémie particulièrement touchée par l'ouragan.

 

La Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) a déclaré qu'un hôpital militaire de l'ONU est désormais opérationnel à Jérémie (ouest du pays) et disponible pour fournir une assistance médicale à la population dans deux endroits du département de Grand'Anse.

 

Alors que des véhicules transportant de l'aide ont été arrêtés et volés, la Mission de maintien de la paix a également indiqué que ses Casques bleus continuaient d'assurer la sécurité des convois humanitaires dont quatre d'entre eux ont quitté mardi matin la ville des Cayes dans le département du Sud. Les policiers et les soldats de l'ONU continuent d'aider la Police nationale haïtienne pour sécuriser l'aide humanitaire.

 

« Je comprends la frustration des individus mais si on regarde la situation, elle est plus mauvaise à l'ouest du pays en comparaison à Port-au-Prince », a dit M. Nabarro. « Si les gens volent les convois, ils volent des biens destinés à d'autres gens qui sont plus dans le besoin ».

 

L'ONU s'est dite préoccupée par la faible réponse des donateurs à l'appel de fonds lancé le 10 octobre. « L'appel de fonds de 120 millions de dollars qui vise à aider 750.000 personnes les plus touchées est sévèrement sous-financé avec des contributions de seulement un peu plus de 15 millions de dollars à ce jour », a précisé le porte-parole du Secrétaire général.

 

M. Nabarro devait rencontrer de nouveau les donateurs mardi après-midi afin de leur demander davantage de fonds face à l'ampleur du problème qui est loin d'être terminé. « Il reste encore beaucoup de choses à faire et nous avons besoin de l'argent des donateurs pour pouvoir mener à bien notre travail », a-t-il conclu