Haïti/Environnement : Jardin Botanique des Cayes, attrait et Vocation

21 mar 2016

Haïti/Environnement : Jardin Botanique des Cayes, attrait et Vocation

Photo : Igor Rugwiza - UN/MINUSTAH

Photo: Igor Rugwiza - UN/MINUSTAH

 

« Il va sans dire que le Jardin botanique des Cayes est une source intarissable d’informations au service de toutes les couches sociales haïtiennes », s’exclame avec fierté Daniel Avril, étudiant en 5e Année en Agronomie, à l’Université Polyvalente d’Haïti, aux Cayes.

Admis  à titre de stagiaire, cet aspirant botaniste joue avec ferveur son rôle de guide tout en continuant à chanter à qui veut l’entendre les multiples offices de ce jardin. Pour lui, « Il n’y a pas matière à débat », car « c’est tout une école », sourit-il.

 « J’apprends à mieux connaitre les plantes, dont je suis en mesure de déterminer les familles, sans grande difficulté  », dit-il.

Et, ceci, grâce à ce jardin qui, pour ce jeune universitaire, représente « un patrimoine au service d’Haïti,  une bibliothèque vivante en pleine nature, ou même un conservatoire d’espèces végétales en voie de disparition.

 

Susciter l’intérêt environnemental

Photo: Marie Yolette B. Daniel - UN/MINUSTAH

 

La déforestation systématisée du pays entraine non seulement un déséquilibre de la biodiversité, (avec la disparition de certaine espèce végétale et  animale, oiseaux, insectes, reptiles etc.) mais encore sur le plan social, un détachement, une perte d’intérêt de la part des enfants et des jeunes vis-à-vis de la mère nature.

Partant du constat que « le jeune d’aujourd’hui n’accorde aucune importance à un arbre plus âgé que lui,  et n’a aucune considération pour l’environnement», la direction du « Centre Éducatif Le Réconfort » de Torbec, section communale des Cayes, estime opportun d’intégrer dans son curriculum un volet ‘’éducation environnementale’’, selon Genet Suette, censeur de cet établissement scolaire.

 

 

Cet éducateur n’est pas le seul à reconnaitre la nécessité d’accorder à l’environnement sa vraie valeur.  D’ailleurs, des étudiants, des écoliers, des pères de familles et agriculteurs s’inspirent du jardin botanique des Cayes pour se raccorder avec la nature et raviver dans leur entourage cet intérêt pour les plantes qui sont en réalité indissociable  et indispensable à une vie saine et équilibrée.

« Avec la formation fournie, les jeunes diplômés sont mieux outillés pour entamer une carrière professionnelle et sont mieux armés pour se lancer sur le marché du travail » affirme le jeune ingénieur-agronome Wagler Senat, ayant fait son stage au jardin.

Aujourd’hui, il y travaille comme professionnel et il en est très fier. Par expérience, il trouve de bon ton de souligner la fonction de ce Jardin dans l’encadrement des jeunes diplômés dans les sciences de l’Agriculture qui, selon lui, est une école à un autre niveau, accueillant des stagiaires de tout le pays soit pour « des stages simples, des stages de formation et des stages de mémoire ». 

 

 

Le Jardin Botanique Des Cayes : la propriété de tous

Administrativement divisé en 5 parties,  le jardin Botanique des Cayes comprend des jardins ethnobotaniques, une zone de reproduction, un conservatoire de plantes endémiques, une zone d’attraction et un espace réservé à l’éducation non seulement des étudiants, mais également des enseignants et des familles.

« Notre vision, c’est de nous assurer qu’après 50, 100 ans cette initiative perdure. C’est pourquoi nous nous consacrons à faire autant que possible sa promotion en menant des plaidoyers nécessaires pour garantir la pérennité de cette institution », confie William Cinéa, Ingénieur forestier, instigateur de cette œuvre qui fait la fierté du Sud et du pays en général.

Photo: Marie Yolette B. Daniel - UN/MINUSTAH

Photo: Marie Yolette B. Daniel - UN/MINUSTAH

 

« Ce jardin n’appartient plus à son fondateur, William Cinéa ; il est maintenant la propriété du pays et de la population, c’est à nous de nous l’approprié », estime Faide Bien-Aimé, 52 ans, qui fait partie d’une trentaine d’employées du Jardin botanique.

Un espace qui, pour lui, représente plus qu’un emploi. « C’est la source d’inspiration où je puise les éléments nécessaires pour inculquer à mes enfants l’amour des plantes et de l’environnement ».

Sachant à peine lire et écrire,  cet homme est d’avis que cet ouvrage, ‘’hors de prix’’, mérite d’être valoriser. Une opinion partagée par plus d’un citoyen qui croient nécessaire de faire du respect et de la protection de leur environnement, une priorité.

 

 

 

Fondé en 2003, le jardin botanique des Cayes occupait jusqu’en 2015, 8 hectares (ha) de terre sur lesquels poussent plus 600 variétés de plantes médicinales, d’arbres forestier, fruitiers et ornementaux.  

Le succès de cette aventure, devenue source de richesse intellectuelle, est le reflet de l’impétuosité et de la ténacité de son fondateur, William Cinéa et de son équipe.

En effet, « Jusqu’en 2014, le jardin ne disposait pas d’un système d’arrosage », rapporte Agronome Silien Jean Jonès, un des membres de l’administration. En période sècheresse, l’arrosage se faisait à bras d’homme. 

Ce n’est qu’en janvier 2015 que le PNUD à travers L’Agence Nationale des Aires Protées (ANAP) a financé un système d’irrigation pour un montant de US$5,000. « Ce don nous permet d’arroser la surface du jardin quand c’est nécessaire », ajoute-il l’air satisfait.

Cette institution à vocation environnementale est une initiative digne d’être dupliquée dans toutes les villes du pays, si ce n’est d’avoir un jardin botanique national, selon l’agronome Cinéa, annonçant l’aménagement d’une autre surface plus grande soit de 9 ha dans la même zone en vue de l’extension de cet espace, situé à Bergeau, à environ 5 minutes de voitures à l’entrée nord de la ville des Cayes.

 

Photo : Igor Rugwiza - UN/MINUSTAH

Photo: Igor Rugwiza - UN/MINUSTAH

 

Photo : Igor Rugwiza - UN/MINUSTAH

Photo: Igor Rugwiza - UN/MINUSTAH

 

Photo: Marie Yolette B. Daniel - UN/MINUSTAH

Photo: Marie Yolette B. Daniel - UN/MINUSTAH

 

Photo: Marie Yolette B. Daniel - UN/MINUSTAH

Photo: Marie Yolette B. Daniel - UN/MINUSTAH

 

 

Rédaction : Fobert François et Marie Yolette B. Daniel