Haiti, when women walk away from violenceHaïti, quand la femme désapprend la violence

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12 fév 2014

Haiti, when women walk away from violenceHaïti, quand la femme désapprend la violence

Family abandonment, illiteracy and chronic unemployment, sexual abuse and extreme poverty... these are just some of the things that define the lives of people living in 'precarious' neighbourhoods in Port-au-Prince.
Some women, among the most vulnerable, have no other means than to take a path of violence to protect themselves.

CVR and AVSI Foundation Open House

Following eight years in relationship with a man from her neighbourhood, Fritznaine became pregnant at age 28. It was then that her disillusionment began... "He refused not only to marry me but, worse still, he refused to support our child," she explains angrily.
Fritznaine and her son - now four-years-old - live with her parents in Soleil 9, a quartier of Cité Soleil.

Faced with her partner's refusal to help, this mother nevertheless continued to make demands: “I had to go to where he lives to claim food for the child because I don't have resources," she sighs. During one of these visits, tired of begging for her due from the man she now calls her "ex", Fritznaine yielded to violence. "When I went to see him about food, his girlfriend wanted me out. We fought that day," she admits. Other fights broke-out between the two women, and Fritznaine earned a reputation for being a violent woman in the eyes of those around her.

According to Gilbert Jean Pierre, the psychologist of the social project Plis Espas pou Famn nan Cite Soleil (More Space for the Women of Cité Soleil) "Violent women are those who argue with their husbands, their rivals or their relatives by taking the initiative to fight. There are still women associated with gangs," adds the psychologist – who explains that violence in women is not just aimed at adults, but children as well. "Failure to take it out on their men, the frustrated wife can transfer her rage on her own children – even babies that some refuse to breastfeed," says the clinician.

How women become violent...

"Violence by women has many causes but the most common are jealousy, family abandonment and drug abuse," said Gilberte. In some 'popular' areas, "vitavek" - the Haitian expression synonymous for concubinage - is the rule. "There is no loyalty to comply to any set of rules because very few couples are married," said the psychologist.
But the root cause of the violence manifest in women is extreme poverty.

"People survive in sub-human conditions and suffer from high exclusion and social marginalization," says a report from the Community Violence Reduction (CVR) section of MINUSTAH which financed the project of psychological support to women in problem neighbourhoods. In the slums of the Haitian capital, the majority of people live on an income well below the poverty line – one U.S. dollar a day.

Experts speak of "double abandonment”; an abandonment by the State which fails to provide basic social services and the abandonment of families by men. Such double abandonment creates a breeding ground for further instability, emphasizes the Association of Volunteers in International Service (AVSI) in its 2013 report on the Cité Soleil neighbourhood. Funded by MINUSTAH and implemented by AVSI , the Plis Espas pou Famn project seeks to end the "most dangerous place in Port-au-Prince" moniker that sticks to the area with over 300,000 inhabitants. 400 women victims and perpetrators of violence have already received psycho-social support through various activities...

Activities to externalize frustration...

"In our discussion groups, women exhibit and discuss issues that cause them to turn towards violence," says Gilberte, who leads the group in his capacity as a psychologist. "They have the opportunity to share experiences and advice on conflict management ". In sessions where participants speak about themselves, the psychologist talks with his patients to help them to "externalize frustrations that consume them and which fuel violence."

Social workers for the project also organize home visits to beneficiaries in order to understand the dynamics in the couple or family. "Sometimes what the woman tells us is unclear or exaggerated," explains a psychology student on an intern-ship at the AVSI centre in Cité Soleil. "The home visit can confirm or contradict the women's story."

The most useful and salvatory activities for those who visit the centre, are the workshops that bring together women for activities such as cooking. According to the psychologist, the goal is to help women regain confidence and self-esteem in their daily lives.

"My participation in the project has helped change my life. I learned to suppress hatred and I do not respond to violence with violence," says Fritznaine.
The psychologist explains that of the 400 women beneficiaries of psycho-social assistance, 90% of them have begun the process of change.

With such success, the project now involves psychological monitoring, learning income-generating activities such as food-processing or cosmetology.
In addition to the project in Cité Soleil, three similar projects have been implemented in the areas of Matissant, Bel Air and the metropolitan zone of Port-au-Prince.

Antoine Adoum Goulgué

Abandon de familles, analphabétisme et chômage chronique, agressions sexuelles et pauvreté extrême… ainsi se dessine le quotidien des habitants des quartiers précaires de Port-au-Prince. Parmi les plus vulnérables, certaines femmes n’ont d’autres moyens que d’emprunter le chemin de la violence pour se protéger

CVR/AVSI foundation-UN/MINUSTAH CVR/AVSI foundation-UN/MINUSTAH

Après huit ans d’une relation intime avec un homme de sa commune, Fritznaine est tombée enceinte à 28 ans. Alors commence pour elle la désillusion. « Il ne refuse pas seulement de m’épouser, mais surtout de prendre en charge son enfant », explique-t-elle, dépitée. Elle et son fils, aujourd’hui âgé de quatre ans, continuent d’habiter chez ses parents à Soleil 9, un quartier de Cité Soleil.

Devant cette démission de son conjoint, la mère se fait exigeante : « Chaque fois, je dois aller chez lui pour réclamer la ration alimentaire de l’enfant parce que je n’ai pas de ressources », soupire-t-elle. Lors d’une de ces visites, lassée de quémander son dû à celui qu’elle appelle désormais son « ex amant », elle cède à la violence. « Lorsque je suis allée le voir au sujet de la ration, sa copine voulait me mettre dehors, nous nous sommes battues ce jour-là », reconnait-elle. D’autres bagarres ont opposé les deux femmes et, depuis, Fritznaine passe pour une femme violente aux yeux de son entourage.

Selon Gilberte Jean Pierre, psychologue du projet social « Plis Espas pou Famn nan Cite Soleil » (Plus d’espace pour les femmes de Cité Soleil), l’inversion des rôles de la violence est une réalité. « Les femmes violentes sont celles qui se disputent avec leur époux, leurs rivales ou leurs proches parents en prenant l’initiative de la bagarre. Ce sont encore les femmes associées aux gangs », explique la psychologue qui ajoute que la violence chez les femmes ne vise pas que les adultes mais aussi les enfants. « À défaut de s’en prendre à son mari, la femme frustrée transfère sa rage sur ses propres enfants, voire les bébés que certaines refusent d’allaiter », poursuit la clinicienne.

Ce qui peut rendre une femme violente

« La violence faite par les femmes a des causes multiples mais les plus fréquentes sont la jalousie, l’abandon de familles et la consommation de la drogue », affirme Gilberte. Dans certains quartiers populaires, le « vit avec », expression haïtienne synonyme du concubinage, est la règle. « Il n’y a pas de fidélité à respecter car très peu de couples sont mariés », souligne la psychologue.
Mais la cause profonde de cette violence à visage féminin est l’extrême pauvreté.

« La population survit dans des conditions infrahumaines et souffre d’une très grande exclusion et marginalisation sociale », déplore un rapport de la Section de la Réduction de la violence communautaire (RVC) de la MINUSTAH, qui finance ce projet de soutien psychologique aux femmes des quartiers populaires.

Dans ces quartiers pauvres de la capitale haïtienne, la majorité de personnes vit avec un revenu bien en deçà du seuil de pauvreté, d’un dollar américain par jour.

C’est ce que les spécialistes appellent le « double abandon » : un abandon de l’Etat remarqué par l’absence des services sociaux de base et l’abandon des familles par les hommes. Un double abandon qui fait le lit de l’insécurité, comme le souligne l’Association des volontaires pour le service international (AVSI) dans son rapport de 2013 sur la commune de Cité Soleil.

Financé par la MINUSTAH et mis en œuvre par AVSI, le projet « Plis Espas pou Famn », veut en finir avec le statut de « commune la plus dangereuse de Port-au-Prince » qui colle à la peau de cette ville de 300 000 âmes.
400 femmes victimes et auteurs de violence y ont bénéficié d’assistance psycho-sociale à travers diverses activités.

Des activités pour extérioriser les frustrations

« Dans nos groupes de discussion, les femmes exposent et débattent des problèmes qui les poussent vers la violence », indique Gilberte, qui anime les groupes en sa qualité de psychologue. « Elles ont ainsi l’occasion de partager entre elles leurs expériences et conseils de gestion de conflit ». A travers les groupes de parole, une seconde activité d’écoute, la psychologue s’entretient avec ses patientes afin de les aider à « extérioriser les frustrations qui les consument et qui alimente la violence ».

Les assistants sociaux du projet organisent aussi de visites au domicile des bénéficiaires en vue de comprendre la dynamique dans le couple ou la famille. « Car il arrive que ce que la femme nous relate soit voilé ou exagéré », explique une étudiante en psychologie en stage au centre d’AVSI à Cité Soleil. « Les visites à domicile permettent de confirmer ou d’infirmer le récit de la femme ».

L’activité la plus salvatrice, pour celles qui visitent le centre, est la tenue d’ateliers qui regroupent les femmes autours d’activités telles que la cuisine. Selon la psychologue, le but est de sortir les femmes de leur quotidien afin de retrouver la confiance et l’estime de soi.

« Ma participation au projet a permis de changer de vie. J’ai appris à étouffer la haine et à ne pas répondre à la violence par la violence », témoigne Fritznaine.

La psychologue explique que sur les 400 femmes bénéficiaires d’assistance psycho-sociale, 90% ont amorcé le processus de changement.

Fort de son succès, le projet associe maintenant au suivi psychologique l’apprentissage d’activités génératrices de revenu comme la transformation des produits alimentaires ou la cosmétologie.

Outre la commune de Cite Soleil, trois projets similaires ont été mis en œuvre dans les communes de Matissant, Bel Air et dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince.

Antoine Adoum Goulgué