Jean-Eny : "Les oiseaux plus aptes à me mener à bon port"

29 mar 2016

Jean-Eny : "Les oiseaux plus aptes à me mener à bon port"

Photo: Pierre Jérôme Richard - UN/MINUSTAH

Photo: Pierre Jérôme Richard - UN/MINUSTAH

 

Qui pourrait s’imaginer en pleine rue de Port-au-Prince, sur un trottoir, des cages remplies d’oiseaux, ou mieux de volailles d’espèces diverses. Ont-elles été déchargées d’un camion en panne, ou du moins sont-elles en attente d’être chargées vers une destination quelconque ?

Rien de tout ça. Elles constituent tout simplement le fonds de commerce d’un certain Jean-Eny Similien.

 

 

Originaire de Belle Anse, Jean-Eny, ne travaille plus depuis 1999 sous la dictée d’un contremaître maçon, ou ne reçoit plus d’ordres ou de reproches d’un maitre ferrailleur. Il a donc  choisi de voler de ses propres ailes en élevant et en vendant des oiseaux.

 

Photo: Pierre Jérôme Richard - UN/MINUSTAH

Photo: Pierre Jérôme Richard - UN/MINUSTAH

 

Pour s’approvisionner ou encore renouveler son stock d’oiseaux, il s’allie avec des agronomes, qui lui fournissent quelques « bêtes ».  Des fois, il visite les marchés publics tant à la capitale qu’en provinces, sans oublier le fait qu’il en puise aussi dans sa réserve personnelle.

Il lui arrive également de chercher hors du pays certaines espèces de volailles non disponibles sur place. Tout ceci pour répondre à la demande des clients.

 

 

Le choix de ma vie

Et, comme  tout commerçant qui se respecte, Jean Eny, aimerait devancer les choix des clients. Ainsi, saute-il sur les occasions pour déployer son business qui désormais offre, à côté des volailles,  d’autres petits animaux de la ferme tels le lapin.

S’il se sent bien dans la pratique de cette activité qu’il « aime », il se porte mal de devoir exposer son commerce sur le trottoir où plane l’inconfort.

 

 

Et, c’est dans de pareilles conditions qu’il lui arrive de perdre certaines têtes notamment à la suite de « brimades » (Entendez par là les conditions inadéquates auxquelles ces oiseaux sont gardés et exposés) dont elles sont victimes.

Cependant, loin de se laisser décourager, ce quadragénaire plutôt corpulent rêve d’agrandir son business. « Ceci ne me dérange pas trop, sachant que quel que soit le business, il y a toujours des pertes ». Et, ce, malgré le fait qu’il ne les a pas « en grande quantité, faute de moyens ».

 

Photo: Pierre Jérôme Richard - UN/MINUSTAH

Photo: Pierre Jérôme Richard - UN/MINUSTAH

 

Soulignant  qu’il  n’est pas né dans une grande famille, Jean-Eny a essayé la maçonnerie, le ferraillage, le transport en commun, tout en continuant d’aller à l’école primaire puis secondaire. Question d’ «orienter ma vie » confie-t-il. Cependant, rien de tout cela ne lui avait pas permis de choisir la vie qu’il voulait.

Et, si jusqu’à présent ses moyens économiques ne lui permettent toujours pas de faire un choix de vie,  il se « stabilise » sur l’élevage et la commercialisation des oiseaux.

D’ailleurs il en est tellement convaincu que sur sa carte de visite, il serait difficile à quelqu’un de rater les noms de la plupart des produits, tels paons, oies, canards, love bêtes, ou tourterelles, qu’offre ‘’Jean-Eny homme d’affaire’’.

 

Photo: Pierre Jérôme Richard - UN/MINUSTAH

Photo: Pierre Jérôme Richard - UN/MINUSTAH

Et, l’expérience est tellement concluante que son frère ainé Manéus lui a emboité le pas quelque deux  ans après, soit vers 2001. Evoluant lui aussi dans la même zone, sur le même trottoir, ce dernier ne pouvait espérer mieux de cette initiative qui lui permet non seulement d’avoir un toit où vivre avec sa famille, mais aussi de voyager notamment à la recherche d’espèces introuvables en Haïti.

 

  

Rédaction : Pierre Jérôme Richard