Léogane : le Taekwondo en héritage

18 déc 2012

Léogane : le Taekwondo en héritage

Une cinquantaine d’adolescents de Léogane ont appris, pendant plus d’un an, le Taekwondo, art martial asiatique enseigné par des membres du contingent de génie militaire coréen de la MINUSTAH, ROKENGCOY. Alors que les Casques bleus quittent définitivement Haïti après 34 mois passés sous le drapeau onusien, ce 22 décembre, certains de ces jeunes reviennent sur l’héritage reçu des soldats coréens.

Léogane : le Taekwondo en héritage

 

Photo : UN/MINUSTAH

«Le Taekwondo m’a appris à être sage, discipliné et surtout respectueux de moi-même et des autres », explique Bolivar Saintilus, sanglé dans son kimono de coton blanc.

Depuis le début de l’entrainement, en octobre 2011, le jeune homme de 18 ans a beaucoup appris. En effet, il a été sélectionné, parmi 50 camarades, dont une dizaine de filles, pratiquant toutes les semaines le Taekwondo auprès des Casques bleus, pour suivre un stage d’une semaine à Séoul, la capitale sud-coréenne.

Bolivar a été choisi « pour ses performances », explique Choi Chung Il, l’un des cinq professeurs du contingent ROKENGCOY, basé à Léogane depuis février 2010. « Nous leur enseignons non seulement le Taekwondo, mais également la culture coréenne comme des chants et des danses », souligne M. Choi, de la Marine coréenne.

Déjà ceinture noire 1e dan, un grade élevé dans la pratique du Taekwondo, Bolivar se voit déjà, après le départ du contingent, en futur professeur ou « maitre des lieux », au sein de son école, la ‘New Mission Christian School’, où se donnaient les cours trois fois par semaine.

Léogane : le Taekwondo en héritage« Je me sens prêt à assurer la relève, parce que tout ce qu’ils m’ont enseigné est bien ancré dans ma mémoire », soutient le lauréat du groupe, qui estime avoir eu des professeurs « très corrects, armés de patience et de volonté » pour leur enseigner cette discipline qui allie le sport de défense à la méditation.

Parmi les 80 jeunes à s’inscrire et démarrer les cours, 50 ont passé toutes les étapes pour accéder aux cours dispensés gratuitement par les coréens, fait remarquer le censeur de l’école Marc Joël Jean Gilles, qui présente Bolivar comme un élève « respectueux, laborieux et l’un des plus sages » de l’établissement dont la cour a été choisi comme dojo* du fait qu’elle est spacieuse, ombragée et pourvue de gazon.

« Pour moi le Taekwondo n’est pas un jeu ou un simple sport, c’est un métier, un gagne-pain, voilà pourquoi je suis le meilleur et je continue à donner le meilleur de moi-même a l’entrainement. Dommage si certains le considèrent comme un passe-temps », fait remarquer cet élève de 9e année fondamentale qui laisse sa maison dès 7 heures le matin pour suivre des cours classiques jusqu’à une heure de l’après-midi puis participer au cours de Taekwondo de 2 heures à 5 heures du soir.

Bolivar qui souhaite bientôt avoir sa propre école de Taekwondo, conseille à tout jeune de pratiquer ce sport qui contient beaucoup d’exercices « très importants pour se maintenir en bonne santé et en bonne condition physique ».

Hormis les multiples travaux d’infrastructure accomplis par les coréens après le séisme, ainsi que des dizaines d’étudiants formés en informatique et en maniement des engins lourds, les ingénieurs coréens laissent en héritage le Taekwondo, une discipline que les jeunes de Léogane ne comptent pas abandonner. Selon leur professeur, une recherche est en cours dans le pays pour trouver un nouvel instructeur coréen. Et pour sa part, Bolivar est prêt à assurer la transition…

* dojo : espace où l’on pratique les arts martiaux

Pierre J. Richard