La FAO vient à la rescousse des pécheurs du Grand-Sud d’Haïti après Matthew.

12 mai 2017

La FAO vient à la rescousse des pécheurs du Grand-Sud d’Haïti après Matthew.

Photo : Marie Yolette B. Daniel - UN/MINUSTAH

«La campagne agricole hivernale approche à grands pas et les agriculteurs ont tout perdu. Si nous n'agissons pas dès maintenant, en leur fournissant des semences, des engrais et d'autres outils dont ils ont besoin, ils ne seront pas en mesure de semer, ce qui les emmènera  à une insécurité alimentaire persistante», a prévenu en octobre dernier Nathanaël Hishamunda, le représentant de l’Organisation des Nations-Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture en Haïti (FAO). « Plus de 6 mois après, beaucoup de choses se sont améliorées grâce à la résilience des agriculteurs, la mobilisation des autorités haïtiennes soutenues par la communauté internationale », s’est réjoui le numéro un de la FAO. Par-dessus de tout, selon M. Hishamunda, il reste beaucoup à faire pour aider la population à sortir de cette situation précaire. 

C’est dans ce contexte que la FAO, en appui au Ministère de l’Agriculture des Ressources Naturelles et du Développement Rural (MARNDR), a initié au cours du mois de Mai 2017 le plan de réponse post Matthew au secteur de la pêche, dans les 21 communes côtières des départements du Sud et de la Grand-Anse d’Haïti. Ce programme vise environ 3000 exploitants maritimes et sera exécuté par la plateforme pour l’amélioration de la Pêche Artisanale et du Développement Intégré dans le Sud (PADI). Ces activités ont été lancées officiellement  le 5 mai dernier à Boyer, une localité de la commune Saint-Jean-du-Sud. Les marins pêcheurs de ce bourg ont reçu entre autres : des équipements de pêche, un matériel pour le montage d’un Dispositif de Concentration de Poisson (DCP), un moteur et une assistance pour la réhabilitation des canots de pêche.

Marie Yolette B. Daniel - UN/MINUSTAH

Samedi Pierre Dieuliphet a adressé ses mots de remerciements à la FAO pour cet appui, tout en promettant d’en faire bon usage. « Ces matériels nous seront très utiles, d’ailleurs nous ne les avions pas », témoigne le coordonnateur général de la Coordination des Organisations de la Pêche de Saint-Jean-du-Sud, (COPES). « Néanmoins, notre priorité aujourd’hui, c’est d’avoir des nasses ou lieu du DCP. Cela permettra aux pêcheurs qui n’ont pas les moyens techniques nécessaires pour se rendre en pleine mer, de mener malgré tout leur activité le long  du littoral », a avancé le marin pêcheur qui frôle déjà la cinquantaine.

Face aux multiples inquiétudes de Dieuliphet, la coordonnatrice du programme de pêche à la FAO, Madame Mario Rey de Arce, se veut rassurante. «La pêche est un secteur incontournable pour le développement de la commune, et la FAO ne restera pas insensible aux attentes des pêcheurs », a précisé Mme Rey de Arce. Elle a toutefois souligné que ces matériels et équipements sont octroyés spécifiquement au bénéfice des pêcheurs, donc il leur revient de les utiliser à bon escient.

De son côté, la Plateforme pour l’Amélioration de la pêche artisanale et du Développement Intégré (PADI), qui est un partenaire de la FAO dans le cadre de l’exécution de ce projet, entend renforcer son programme de formation à l’intention des pêcheurs de Saint-Jean du-Sud. Ces formations visent entre-autres, la mise en place, la gestion et l’entretien des moteurs ainsi que des dispositifs de concentration de poisson (DCP), des bateaux et du matériel de pêche. Alex Lamarre qui dirige cette association, appelle les pêcheurs à la patience. « Ce n’est qu’un début, le meilleur est à venir », les a-t-il fièrement annoncés.

La stratégie genre et développement est largement considérée dans le cadre de l’implémentation de ce projet. C’est entre autre ce qu’a observé Berthold Jean Rivière, le directeur de la mairie de Saint Jean du Sud. Des glacières mobiles ont été accordées aux marchandes de fruits de mer de  la commune, afin de leur permettre une meilleure conservation des poissons. Hérard Marie Mirlaine est l’une de ces femmes bénéficiaires de cet appui de la FAO, et qui s’en réjoui.

Ce programme constitue un premier pas pour les populations des départements du Sud et de la Grand-Anse, qui ont été fortement affectées par le passage de l’ouragan Matthew, en octobre 2016. Une première évaluation conduite par l'Organisation des Nations Unies pour l'Agriculture et l'Alimentation (FAO) en partenariat avec le Programme Alimentaire Mondial (PAM) et la Commission Nationale pour la Sécurité Alimentaire (CNSA), avait dès lors indiqué que la production alimentaire locale et les moyens de subsistance ont été totalement détruits dans la presqu’île du Sud qui tend timidement à se relever aujourd’hui.

 

 

 

Rédaction : Louiny Fontal