Le droit à l’égalité

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13 fév 2015

Le droit à l’égalité

 

Photo : Taina Noster - UN/MINUSTAH Photo : Taina Noster - UN/MINUSTAH

 

 

Marijo Toyo et Edner Sinéus ont en commun la cécité et six enfants à nourrir dans un contexte où leurs conjoints respectifs ne travaillent pas. A côté des difficultés économiques, ils doivent aussi faire face aux défis qu’engendre leur handicap. Leur quotidien.

 

Ils ne sont pas nés aveugles. Ils ont perdu graduellement la vue à cause du glaucome, une maladie oculaire qui touche surtout les personnes de plus de 45 ans. Elle est l’une des principales causes de cécité dans le monde.

 

Commerçante de son état, Marijo Toyo a dû abandonner ses activités en 2006. « Au début, c’était très difficile. Je devais réapprendre à marcher, à m’asseoir, à reconnaitre mon environnement immédiat » explique la quinquagénaire tout en nous amenant des chaises.

 

Debout devant sa maison située à Trou-Sable, quartier populaire des Gonaïves, elle se remémore la belle époque où elle pouvait, sans contrainte, vaquer à ses occupations. A présent, elle dépend de ses enfants pour se rendre à l’unique endroit où elle va encore, l’église du quartier. « J’ai une canne. Mais, à cause des taxis motocyclettes, je n’ose pas sortir seule » lâche-t-elle.

 

Plus courageux, Monsieur Sinéus utilise ces mêmes taxis pour faciliter ses déplacements. « Je lui donne l’adresse. Je m’assure qu’il connait l’endroit indiqué avant d’enfourcher la moto », raconte-t-il, fier de sa dextérité.

 

Photo : Taina Noster - UN/MINUSTAH Photo : Taina Noster - UN/MINUSTAH

 

Plaidoyer pour le respect de leurs droits

« Pour une personne à mobilité réduite, être indépendante relève de l’exploit en Haïti, regrette Monsieur Sinéus. L’inaccessibilité des bureaux publics et privés, la stigmatisation sont notre lot quotidien ».

 

Photo : Taina Noster - UN/MINUSTAH Photo : Taina Noster - UN/MINUSTAH

 

En effet, ce père de famille, qui a perdu son travail suite à sa cécité, subit les moqueries et l’incompréhension de son entourage. « Certains de mes proches prétendent que je ne vaux rien. Mais, leurs sarcasmes ne m’atteignent pas » lance-t-il une pointe de défi dans la voix. Toutefois, reconnait-il, ils ont besoin de support psychologique pour continuer à vivre.

 

Membre de la Société Haïtienne d’Aide aux Aveugles (SHAA), Edner se souvient encore de sa première rencontre avec la monitrice. Des techniques pour se déplacer qui leur ont été enseignées. Ayant appris, entre autres, à utiliser une canne, à circuler avec un accompagnateur ou sur des pistes accidentées sans risques majeurs.

 

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« La SHAA nous aide à améliorer notre quotidien. Mais, il nous faut aussi le support de l’Etat et la mise en œuvre d’une politique visant l’intégration des handicapés. Sinon, nos droits, mêmes les plus élémentaires, seront constamment violés », estime-t-il.

 

Rédaction : Taina Noster UN/MINUSTAH