Les Dossiers du mois n°9 - Haïti : le défi de l’eau potable
Riche en eau mais pauvre en infrastructures d’accès et de traitement ; une équation qu’Haïti s’efforce de résoudre, alors que 45% de la population n’a pas accès à l’eau potable. Pourtant, l’accès à une eau de qualité et à l’assainissement est un droit humain fondamental, dont le respect est intimement lié au développement du petit pays de la Caraïbe.
Riche en eau mais pauvre en infrastructures d’accès et de traitement ; une équation qu’Haïti s’efforce de résoudre, alors que 45% de la population n’a pas accès à l’eau potable. Pourtant, l’accès à une eau de qualité et à l’assainissement est un droit humain fondamental, dont le respect est intimement lié au développement du petit pays de la Caraïbe.
UN/MINUSTAH
« L’eau de la source est infestée de grenouilles et de têtards. En plus, il faut marcher des kilomètres dans les montagnes, loin du village, pour la trouver ». Cette plainte pourrait être celle de millions de femmes à travers le monde, dont les rudes journées sont rythmées par la quête du précieux liquide. C’est celle de Marie Joséphine Louis, une militante du collectif des citoyens pour l’avancement de Duclair (COCAD), à Chantal, dans le Sud.
Ce département maritime d’Haïti figure pourtant parmi les mieux cotés en terme d’accès à l’eau potable, contrairement à la Grande Anse, l’Artibonite et au très sec Plateau central où la situation est présentée par le ministère de la Planification et de la Coopération externe comme « critique », malgré un fort potentiel hydrique.
« Nos bêtes meurent faute d’eau. Si nous, les humains, n’arrivons pas à trouver de l’eau pour notre survie, comment pourrions-nous abreuver les animaux ? », se désole Raymond Joseph, un quinquagénaire de Grand Boucan, une commune du Plateau central située à 41 km au Nord-est de la capitale haïtienne.
Haïti et ses chutes d’eau, ses rivières, ses côtes découpées et ses rizières donne l’image d’un pays riche en eau, objet de cultes mystiques. Mais sa maigre couverture forestière, avec seulement 2% d’arbres sur toute cette moitié d’île, peine à filtrer et fixer les eaux de pluie qui s’y déversent tous les ans en masse, lors d’une longue saison humide.
Selon des chiffres du Joint monitoring program (JMP) regroupant notamment l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), 31 % de la population n’a pas accès à des sources d’eau potable, et 83% n’a pas accès à des installations d’assainissement améliorées, avec de très fortes disparités entre zones urbaines et rurales (voir encadré).
L’accès des Haïtiens à l’eau potable et à l’assainissement est parmi le plus faible de la région Amérique latine et Caraïbes. Placé 161e sur 187 pays, dans le dernier classement de l’Indice de développement humain (IDH), Haïti pâtit d’un manque d’intérêt porté à ce secteur pendant la période des crises successives qui ont secoué le pays au cours des 30 dernières années. Sans compter le séisme dévastateur du 12 janvier 2010 qui a détruit des infrastructures déjà vétustes, affectant des millions de personnes.
Des chiffres qui témoignent d’un « grand » retard, notamment dans le domaine de l’assainissement, remarque Olivier Thonet, en charge du programme Eau, Hygiène et Assainissement (WASH) à l’UNICEF.
L’assainissement comprend la collecte, le transport, le traitement et l’élimination de déchets, des eaux usées ou des matières fécales et autres rejets humains, autrement appelés excrétas.
Ce secteur, indispensable à la vie et à la santé, est essentiel à la dignité de tous.
Pourtant, moins attirant que le secteur de l’eau, « très peu de moyens financiers y sont consacrés, alors même qu’il est prouvé que l’assainissement a plus d’impact sur la santé que l’accès à l’eau potable », relève M. Thonet.
Selon le directeur de l’Office régional de l’eau potable et de l’assainissement (OREPA) dans le Sud, l’Ingénieur Frantz Bellegarde, le grand retard vient notamment du fait que « pendant longtemps il n’y a pas eu une politique d’assainissement ». C’est avec la Direction de l’eau potable et de l’assainissement (DINEPA), mise en place par une loi-cadre en 2009, que des plans directeurs sont en train d’être élaborés, affirme-t-il.
Une responsabilité partagée
Le droit à l’eau et à l'assainissement est expressément mentionné dans les Conventions relatives aux droits de l’enfant et à l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes qui ont été ratifiées par Haïti. Selon le Comité des droits économiques, sociaux et culturels de l’ONU, il correspond au « droit de chacun à un approvisionnement suffisant, physiquement accessible et à un coût abordable, d’une eau salubre et de qualité acceptable pour les usages personnels et domestiques ».
Bien que le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, adopté par le Parlement haïtien en février 2012, ne mentionne pas expressément le droit à l’eau, celui-ci découle du droit à un niveau de vie suffisant, tout comme le droit à une nourriture et à un logement convenables.
« Quand le droit à l’eau n’est pas respecté, cela ouvre la voie à la violation d’un ensemble de droits comme le droit à la santé, à l’éducation et même à la vie, tout court », dit Antonal Mortimé, secrétaire exécutif de la Plateforme des organisations haïtiennes de droits humains (POHDH).
« Dans le cadre de la mise en œuvre des obligations relatives au droit à l’eau, les politiques publiques conçues et conduites par l’Etat haïtien doivent refléter le respect de certaines notions fondamentales en matière de droits humains, notamment celles se rapportant à la qualité de l’eau, à l’accessibilité de l’eau, à la non-discrimination en matière d’accès à l’eau », renchérit Michel Ange Bontemps, de la Section des droits de l’homme de la MINUSTAH.
« Si structurellement, l’Etat est le premier responsable de la fourniture en eau potable à faible coût et pour tous, ainsi que de l’adoption de mesures pouvant garantir un environnement sain, il est de la responsabilité des citoyens d’y contribuer », poursuit M. Mortimé.
Selon ce défenseur haïtien des droits de l’homme, la protection des sources et leur reboisement, la contribution financière aux services d’approvisionnement et leur entretien est l’affaire de tous. Et, au premier plan, des citoyens.
Déjà, une étude de l’ONU réalisée en 1976 soulignait que sur 64 millions de litres d’eau produits par jour, 30 millions se perdaient en vols, fuites et gaspillages.
Et actuellement, selon une note du ministère de la Santé publique et de la Population, « l'approvisionnement en eau potable au travers du réseau public ne peut être garanti dans tous les points du pays en raison du manque de protection des ressources en eau ».
Les responsabilités sont aussi partagées en matière d’assainissement car, selon le responsable de la POHDH, « les citoyens pourraient contribuer à maintenir propres les canaux d’évacuation qui, lorsqu’ils sont encombrés, occasionnent des inondations pouvant causer la mort de riverains ».
Cependant les mauvaises habitudes ont la vie dure, note pour sa part Olivier Thonet, de l’UNICEF. Pour cet humanitaire rodé au terrain haïtien, « le gros défi de l’assainissement est d’aider à changer les mentalités », pour le bien-être de tous.
M. Thonet se rappelle que, dans son pays natal, il a fallu beaucoup de temps pour que les Français cessent de jeter des déchets plastiques dans les rues. Mais ce fut au prix de nombreuses campagnes d’éducation, de sensibilisation, des incitations de tous les jours et même d’amendes, explique-t-il.
Au moins 10 ans pour couvrir le territoire
De 50% en 2010, le niveau d’accès à l’eau potable est aujourd’hui à environ 65%, a révélé le Directeur général de la DINEPA, l’Ingénieur Lionel Joseph Duvalsaint, dans une interview rendue publique sur le site de l’organisme étatique, le 31 mars dernier.
Des résultats obtenus grâce à une « prise en main » du développement du secteur de l’eau et de l’assainissement par l’Etat, appuyé notamment par la Coopération espagnole, la Banque interaméricaine de développement (BID) et l’ONU, s’est félicité M. Duvalsaint.
Au nombre des initiatives prises par la DINEPA et ses partenaires figurent des campagnes de sensibilisation, comme c’est le cas avec la MINUSTAH (voir encadré), mais aussi la réhabilitation et le renforcement des réseaux d’alimentation des villes.
Pour pallier la vétusté et les fuites affectant ses réseaux, l’organisme autonome a mis en place un programme de traitement d’eau à domicile. « Nos employés interviennent pour expliquer aux gens ce qu’il faut faire et mettent à leur disposition des produits permettant de purifier l’eau », fait remarquer M. Bellegarde, faisant notamment référence aux mesures prises depuis le début de l’épidémie de choléra en Haïti, en Octobre 2010.
Des laboratoires pour le contrôle et le traitement de l’eau sont aussi actuellement mis en place dans tous les départements d’Haïti.
Par ailleurs, des stations de traitement des eaux usées sont en cours d’implantation. Deux sont déjà opérationnelles à Port-au-Prince et une aux Cayes, dans le Sud, est en construction. Le responsable souligne par ailleurs qu’« en certains endroits nous allons mettre en place des systèmes d’évacuation des excrétas par groupe de maisons ».
L’accent est aussi mis sur la promotion accrue de l’hygiène, car « nous voulons que [les gens] changent de comportement », insiste l’ingénieur. L’Etat serait même prêt, dit-il, à remettre en vigueur certains textes de lois obligeant tous ceux qui construisent une maison à construire une latrine sous peine de sanctions.
« Dans le cadre des plans directeurs sur l’assainissement, ces aspects juridiques seront pris en compte », soutient-il.
Selon les estimations du ministère de la Santé publique et de la Population, Haïti doit investir 130 millions de dollars US par an dans l’eau potable, l’assainissement et l’hygiène pour s'assurer que les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) soient atteints en 2025.
Le dernier appel consolidé (CAP) lancé par la communauté humanitaire évaluait à 13 millions de dollars US les besoins du secteur Eau Hygiène et Assainissement pour l’année 2012. A date, cet appel n’a été financé qu’à 33% par les bailleurs de fonds internationaux.
Pour espérer voir l’ensemble de la population bénéficier de l’accès à l’eau potable et vivre dans un environnement sain, le directeur général de la DINEPA pense « honnêtement » qu’il faudrait encore 10 ans.
« Une fois le problème de la disponibilité de l’eau potable résolu, l’assainissement de base pour tous à travers des sanitaires ne sera plus un problème ».
Pierre Jérôme Richard et Sophie Boudre
UN/MINUSTAH
« L’eau de la source est infestée de grenouilles et de têtards. En plus, il faut marcher des kilomètres dans les montagnes, loin du village, pour la trouver ». Cette plainte pourrait être celle de millions de femmes à travers le monde, dont les rudes journées sont rythmées par la quête du précieux liquide. C’est celle de Marie Joséphine Louis, une militante du collectif des citoyens pour l’avancement de Duclair (COCAD), à Chantal, dans le Sud.
Ce département maritime d’Haïti figure pourtant parmi les mieux cotés en terme d’accès à l’eau potable, contrairement à la Grande Anse, l’Artibonite et au très sec Plateau central où la situation est présentée par le ministère de la Planification et de la Coopération externe comme « critique », malgré un fort potentiel hydrique.
« Nos bêtes meurent faute d’eau. Si nous, les humains, n’arrivons pas à trouver de l’eau pour notre survie, comment pourrions-nous abreuver les animaux ? », se désole Raymond Joseph, un quinquagénaire de Grand Boucan, une commune du Plateau central située à 41 km au Nord-est de la capitale haïtienne.
Haïti et ses chutes d’eau, ses rivières, ses côtes découpées et ses rizières donne l’image d’un pays riche en eau, objet de cultes mystiques. Mais sa maigre couverture forestière, avec seulement 2% d’arbres sur toute cette moitié d’île, peine à filtrer et fixer les eaux de pluie qui s’y déversent tous les ans en masse, lors d’une longue saison humide.
Selon des chiffres du Joint monitoring program (JMP) regroupant notamment l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), 31 % de la population n’a pas accès à des sources d’eau potable, et 83% n’a pas accès à des installations d’assainissement améliorées, avec de très fortes disparités entre zones urbaines et rurales (voir encadré).
L’accès des Haïtiens à l’eau potable et à l’assainissement est parmi le plus faible de la région Amérique latine et Caraïbes. Placé 161e sur 187 pays, dans le dernier classement de l’Indice de développement humain (IDH), Haïti pâtit d’un manque d’intérêt porté à ce secteur pendant la période des crises successives qui ont secoué le pays au cours des 30 dernières années. Sans compter le séisme dévastateur du 12 janvier 2010 qui a détruit des infrastructures déjà vétustes, affectant des millions de personnes.
Des chiffres qui témoignent d’un « grand » retard, notamment dans le domaine de l’assainissement, remarque Olivier Thonet, en charge du programme Eau, Hygiène et Assainissement (WASH) à l’UNICEF.
L’assainissement comprend la collecte, le transport, le traitement et l’élimination de déchets, des eaux usées ou des matières fécales et autres rejets humains, autrement appelés excrétas.
Ce secteur, indispensable à la vie et à la santé, est essentiel à la dignité de tous.
Pourtant, moins attirant que le secteur de l’eau, « très peu de moyens financiers y sont consacrés, alors même qu’il est prouvé que l’assainissement a plus d’impact sur la santé que l’accès à l’eau potable », relève M. Thonet.
Selon le directeur de l’Office régional de l’eau potable et de l’assainissement (OREPA) dans le Sud, l’Ingénieur Frantz Bellegarde, le grand retard vient notamment du fait que « pendant longtemps il n’y a pas eu une politique d’assainissement ». C’est avec la Direction de l’eau potable et de l’assainissement (DINEPA), mise en place par une loi-cadre en 2009, que des plans directeurs sont en train d’être élaborés, affirme-t-il.
Une responsabilité partagée
Le droit à l’eau et à l'assainissement est expressément mentionné dans les Conventions relatives aux droits de l’enfant et à l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes qui ont été ratifiées par Haïti. Selon le Comité des droits économiques, sociaux et culturels de l’ONU, il correspond au « droit de chacun à un approvisionnement suffisant, physiquement accessible et à un coût abordable, d’une eau salubre et de qualité acceptable pour les usages personnels et domestiques ».
Bien que le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, adopté par le Parlement haïtien en février 2012, ne mentionne pas expressément le droit à l’eau, celui-ci découle du droit à un niveau de vie suffisant, tout comme le droit à une nourriture et à un logement convenables.
« Quand le droit à l’eau n’est pas respecté, cela ouvre la voie à la violation d’un ensemble de droits comme le droit à la santé, à l’éducation et même à la vie, tout court », dit Antonal Mortimé, secrétaire exécutif de la Plateforme des organisations haïtiennes de droits humains (POHDH).
« Dans le cadre de la mise en œuvre des obligations relatives au droit à l’eau, les politiques publiques conçues et conduites par l’Etat haïtien doivent refléter le respect de certaines notions fondamentales en matière de droits humains, notamment celles se rapportant à la qualité de l’eau, à l’accessibilité de l’eau, à la non-discrimination en matière d’accès à l’eau », renchérit Michel Ange Bontemps, de la Section des droits de l’homme de la MINUSTAH.
« Si structurellement, l’Etat est le premier responsable de la fourniture en eau potable à faible coût et pour tous, ainsi que de l’adoption de mesures pouvant garantir un environnement sain, il est de la responsabilité des citoyens d’y contribuer », poursuit M. Mortimé.
Selon ce défenseur haïtien des droits de l’homme, la protection des sources et leur reboisement, la contribution financière aux services d’approvisionnement et leur entretien est l’affaire de tous. Et, au premier plan, des citoyens.
Déjà, une étude de l’ONU réalisée en 1976 soulignait que sur 64 millions de litres d’eau produits par jour, 30 millions se perdaient en vols, fuites et gaspillages.
Et actuellement, selon une note du ministère de la Santé publique et de la Population, « l'approvisionnement en eau potable au travers du réseau public ne peut être garanti dans tous les points du pays en raison du manque de protection des ressources en eau ».
Les responsabilités sont aussi partagées en matière d’assainissement car, selon le responsable de la POHDH, « les citoyens pourraient contribuer à maintenir propres les canaux d’évacuation qui, lorsqu’ils sont encombrés, occasionnent des inondations pouvant causer la mort de riverains ».
Cependant les mauvaises habitudes ont la vie dure, note pour sa part Olivier Thonet, de l’UNICEF. Pour cet humanitaire rodé au terrain haïtien, « le gros défi de l’assainissement est d’aider à changer les mentalités », pour le bien-être de tous.
M. Thonet se rappelle que, dans son pays natal, il a fallu beaucoup de temps pour que les Français cessent de jeter des déchets plastiques dans les rues. Mais ce fut au prix de nombreuses campagnes d’éducation, de sensibilisation, des incitations de tous les jours et même d’amendes, explique-t-il.
Au moins 10 ans pour couvrir le territoire
De 50% en 2010, le niveau d’accès à l’eau potable est aujourd’hui à environ 65%, a révélé le Directeur général de la DINEPA, l’Ingénieur Lionel Joseph Duvalsaint, dans une interview rendue publique sur le site de l’organisme étatique, le 31 mars dernier.
Des résultats obtenus grâce à une « prise en main » du développement du secteur de l’eau et de l’assainissement par l’Etat, appuyé notamment par la Coopération espagnole, la Banque interaméricaine de développement (BID) et l’ONU, s’est félicité M. Duvalsaint.
Au nombre des initiatives prises par la DINEPA et ses partenaires figurent des campagnes de sensibilisation, comme c’est le cas avec la MINUSTAH (voir encadré), mais aussi la réhabilitation et le renforcement des réseaux d’alimentation des villes.
Pour pallier la vétusté et les fuites affectant ses réseaux, l’organisme autonome a mis en place un programme de traitement d’eau à domicile. « Nos employés interviennent pour expliquer aux gens ce qu’il faut faire et mettent à leur disposition des produits permettant de purifier l’eau », fait remarquer M. Bellegarde, faisant notamment référence aux mesures prises depuis le début de l’épidémie de choléra en Haïti, en Octobre 2010.
Des laboratoires pour le contrôle et le traitement de l’eau sont aussi actuellement mis en place dans tous les départements d’Haïti.
Par ailleurs, des stations de traitement des eaux usées sont en cours d’implantation. Deux sont déjà opérationnelles à Port-au-Prince et une aux Cayes, dans le Sud, est en construction. Le responsable souligne par ailleurs qu’« en certains endroits nous allons mettre en place des systèmes d’évacuation des excrétas par groupe de maisons ».
L’accent est aussi mis sur la promotion accrue de l’hygiène, car « nous voulons que [les gens] changent de comportement », insiste l’ingénieur. L’Etat serait même prêt, dit-il, à remettre en vigueur certains textes de lois obligeant tous ceux qui construisent une maison à construire une latrine sous peine de sanctions.
« Dans le cadre des plans directeurs sur l’assainissement, ces aspects juridiques seront pris en compte », soutient-il.
Selon les estimations du ministère de la Santé publique et de la Population, Haïti doit investir 130 millions de dollars US par an dans l’eau potable, l’assainissement et l’hygiène pour s'assurer que les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) soient atteints en 2025.
Le dernier appel consolidé (CAP) lancé par la communauté humanitaire évaluait à 13 millions de dollars US les besoins du secteur Eau Hygiène et Assainissement pour l’année 2012. A date, cet appel n’a été financé qu’à 33% par les bailleurs de fonds internationaux.
Pour espérer voir l’ensemble de la population bénéficier de l’accès à l’eau potable et vivre dans un environnement sain, le directeur général de la DINEPA pense « honnêtement » qu’il faudrait encore 10 ans.
« Une fois le problème de la disponibilité de l’eau potable résolu, l’assainissement de base pour tous à travers des sanitaires ne sera plus un problème ».