Les pratiques d’hygiène de base s’améliorent en Haïti

7 déc 2012

Les pratiques d’hygiène de base s’améliorent en Haïti

Un rapport sur les données démographiques et sanitaires en Haïti note des avancées significatives dans le respect des pratiques d’hygiènes de base au sein de la population.

Les pratiques d’hygiène de base s’améliorent en Haïti

Photo : Logan Abassi - UN/MINUSTAH

Les conclusions de ce rapport EMMUS V, qui compile des données recueillies entre janvier et juin 2012 dans le pays à l’initiative du Ministère de la Santé publique et de la Population,( MSPP), montrent que la majorité de la population haïtienne (65 %) utilise désormais de l’eau potable.

Un peu moins d’un tiers des ménages (30 %) dispose de toilettes « améliorées », c'est-à-dire des toilettes avec chasse manuelle qui sont soit connectées à un système d'égout, soit reliées à une fosse septique, mais partagées avec d’autres ménages.

Néanmoins, cette proportion varie sensiblement selon le milieu de résidence, de 18 % en milieu rural à 48 % en milieu urbain. Près de deux ménages sur trois du milieu rural (63 %) ne disposent que de toilettes non améliorées ou ne disposent pas de toilettes, note le rapport.

Dans le cadre de la lutte contre le SIDA, considéré comme un problème majeur de santé publique, la quasi-totalité des personnes interviewées (14.287 femmes et 8.434 hommes) déclarent être informés de la maladie. Elles croient possible de réduire le risque de contracter le virus en privilégiant les rapports sexuels avec un seul partenaire non infecté et en utilisant des préservatifs.

Succès du planning familial et de la consultation prénatale

En outre, le préservatif est utilisé dans la planification familiale, laquelle a favorisé une amélioration des données sociodémographiques. Il est placé au 2e rang des méthodes les utilisées après les injectables. En effet, 35 % des 7.808 femmes en couple au moment de l’enquête déclarent utiliser une méthode de planification familiale, dont les injectables (19 %) suivis du préservatif masculin (5 %).

« D’un coté, les femmes disent craindre une détérioration de leur état de santé en mettant au monde trop d’enfants, dont certains risquent d’ailleurs de mourir prématurément, et deuxièmement, cela leur facilite la tâche pour répondre correctement aux besoins de leurs enfants », note le Dr Reynold Grand Pierre, directeur de la Santé familiale au MSPP.

Le recours aux soins prénataux et à l’assistance à l’accouchement, « importants pour assurer à la mère et à son enfant une bonne santé », a également progressé. Neuf femmes sur dix ayant donné naissance à un enfant vivant au cours des 5 années ont reçu des soins d’un prestataire formé.

Des avancées enregistrées selon le Dr Grand Pierre grâce au renforcement de l’accès gratuits aux soins, réduisant ainsi les « barrières financières » qui empêchaient aux femmes enceintes d’utiliser les structures existantes, ainsi qu’une augmentation et une meilleure répartition des infirmières sages-femmes à travers le pays.

Le taux de vaccination est aussi en augmentation, avec par exemple 76 % des nouveaux nés prémunis contre le tétanos 73 % des enfants de 12 à 23 mois sont également vaccinés contre des maladies telles que la tuberculose, la diphtérie, la coqueluche, la poliomyélite et la rougeole.

Une « nouvelle réalité haïtienne » après le séisme du 12 janvier

Pour le Conseiller technique principal en population du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), Gabriel Bidegain, cette enquête témoigne d’une « nouvelle réalité haïtienne » après le séisme du 12 janvier, avec un pays à tendance « urbaine », en particulier avec la mise en place de nombreux camps dans la région métropolitaine.
Il déclare quand même noter des « changements fort importants » par rapport à la dernière enquête (EMMUS IV), notamment en ce qui a trait à l’enregistrement des naissances et la scolarisation (80 % des enfants de moins de cinq ans enregistrés à l’état civil).

Enfin, 77 % des enfants sont scolarisés au niveau primaire (6-11 ans), alors qu’au niveau secondaire, le taux brut de fréquentation scolaire est de 68 %.

Le rapport dresse aussi un constat inquiétant en matière de violence contre les enfants puisque 86 % des enfants auraient subi une forme de violence, soit psychologique, soit corporelle, parmi le 2-14 ans.,

Cette cinquième enquête nationale sur la mortalité, la morbidité et l’utilisation des services (EMMUS-V) est conçue pour permettre aux décideurs et prestataires d’avoir des idées claires sur l’évolution des principaux indicateurs de santé de la reproduction.

Elle a été financée par l’Agence des États-Unis pour le Développement International (USAID), le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) et le Fonds Mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, à travers le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et l’Agence Canadienne de Développement International (ACDI).

Pierre Jérôme Richard