Lokua Kanza : Chanteur pour la paix

24 sep 2014

Lokua Kanza : Chanteur pour la paix

Photo : Christophe CampanaPhoto : Christophe Campana

 

Chaque année, la Journée internationale de la paix des Nations Unies est observée partout dans le monde le 21 Septembre. La journée est consacrée au renforcement des idéaux de paix, à l'intérieur et entre les nations et les peuples, comme un élément vital pour la pleine jouissance de tous les droits humains.

Cette année, la Mission de stabilisation des Nations Unies en Haïti (MINUSTAH) met l’emphase sur la créativité des idées inhérentes à la Journée internationale de la paix en organisant avec la Fondation Haïti Jazz un concert ouvert à tous, le samedi 27 Septembre à la Place Boyer, dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince.

Les musiciens et artistes haïtiens Beethova Obas, James Germain, Misty Jean et Rutshelle Guillaume et le congolais Lokua Kanza qui vit et travaille en France, star de la musique du monde, défenseur de la paix et des droits des femmes, vont ensemble chanter la paix.

 


 

Lokua Kanza, troubadour métis de père congolais et de mère rwandaise, est sensibilisé dès ses premiers jours à la beauté des mélodies. Apprentissage du chant dans les églises, exploration de la musique à la radio, la télévision, dans la rue, les clubs, les concerts. Emerveillé à 13 ans par un concert de Miriam Makeba, il décide de devenir chanteur.

Son ami Ray Lema lui offre sa première guitare, et l'adolescent fait ses premières apparitions publiques dans des orchestres de rumba zaïroise. Il part ensuite se perfectionner au conservatoire de Kinshasa. Lokua manie en expert la sanza, le piano, les claviers, la basse, les percussions, la flûte. Le jeune homme commence à creuser son sillon tout au long du golfe de Guinée, du Zaïre à la Côte d’Ivoire (il réside deux ans à Abidjan), se révèle dans la formation de la grande chanteuse zaïroise La Reine Abéti.

En 1984, Lokua s'exile à Paris pour y suivre les cours du guitariste de jazz Pierre Cullaz (CIM). Rapidement, le multiinstrumentiste mêle sa voix à celle(s) de la communauté musicale africaine, accompagne Ray Lema, Papa Wemba, Sixun, Manu Dibango...L'auteur et compositeur, lui, écrit en quantité pour les uns et les autres et se bâtit peu à peu son propre répertoire. Il donne son premier grand concert parisien en 1992, à l'Olympia, en "vedette américaine" d'Angélique Kidjo.

Lokua Kanza, premier opus personnel, est enregistré fin 1992 et publié un an plus tard. Succès énorme. Début 1994, la presse se dit "fascinée", "sous le choc", "envoûtée", "hallucinée", "revigorée", le barde est devenu star et se voit décerner à Libreville (Gabon), le prix du « Meilleur album africain » aux Africar Music Awards. Signé chez BMG, Lokua assure les avant-spectacles de Jean-Louis Aubert, Patrick Bruel et Youssou N'Dour. Il séduit instantanément les publics respectifs que tout semblerait opposer. Dans la foulée, il coproduit avec deux séances de ses amis Papa Wemba (« Emotion », pour lequel il reçoit le prix du « Meilleur arrangeur africain ») et Geoffrey Oryema (« Night and day »).

Essai transformé en 1995 avec Wapi Yo, deuxième fabuleuse réussite. L’album s’inscrit en numéro trois sur les chartes allemandes. Un réservoir de hits, au premier rang desquels s’inscrivent Shadow dancer (vendu à plus de 500.000 exemplaires) et Sallé, qui vaut à Lokua Kanza trois nominations aux 11èmes Victoires de la musique. Suivront quantité de tournées dans le monde entier, du Sénégal à l’Espagne, de l’Allemagne au Canada, du Brésil à Los Angeles. Ponctuées de moments forts : la « Fête à Lokua », en juillet 1996, aux Francofolies de la Rochelle; le festival de Montreux, le même été ; ou le Heineken Festival de Sao Paulo, en 1997, occasion unique de mêler sa voix à celles de Djavan, Al Jarreau et Chico César... Sans oublier diverses autres collaborations : invité sur l’album « Hors saison » de Francis Cabrel (1999), duo avec la chanteuse israélienne Noa (« Noa Now », 2001) et composition d’un titre pour Nana Mouskouri (« Fille du soleil », 2002).

Sur le plan discographique, cinq ans, cependant, s’écouleront avant de sortir son prochain album, mais ces années ne sont pas sans fruit. En 1998 il sort son troisième album, 3. En 2003 paraît Toyébi Té, flamboyante aquarelle chantée sur le ton de la confidence et troisième grosse performance commerciale de Lokua Kanza. Avant de retourner en studio début 2004, le chanteur a de nouveau taillé la route, entre Europe et Afrique, participé à l’aventure « This is our music » aux côtés de Salif Keita, Natalia M. King, Akosh S., Mino Cinélu, Marcio Faraco, et cosigné sur No Format, subdivision d’Universal Jazz, l’élégantissime Toto Bona Lokua en compagnie de Richard Bona et Gérald Toto, trio qui a parcouru les scènes du Nord et du Sud tout au long de l’été. Au début de 2005, il revient avec Plus vivant, sa cinquième production personnelle.

Le chemin de la vie fait que Lokua s’éloigne de la France après près de 25 ans de résidence et il s’installe à Rio di Janeiro où la musique brésilienne imprègne son esprit. La famille des musiciens brésiliens l’adopte rapidement faisant appel à lui pour ses belles compositions. Il compose pour les plus grandes stars tel que Gal Costa, Luiza Possi, et Vanessa de Mata.

Il travail en parallèle sur son sixième album, Nkolo, qu’il sort en mars 2010. À travers cet album, j'ai voulu faire passer la profondeur de l'Afrique qui m'a bercé, en y mêlant toutes mes influences. J'ai planté une sorte de baobab où on peut se poser quand on ne sait plus très bien où on en est, quand on a besoin de retrouver ses racines. La musique est comme en suspension, nous sommes dans un univers d'épure et d'art mélodique.

Rien de démonstratif chez Lokua Kanza. Aucune ostentation. Rien de brutal non plus. L'homme est pudique, d'apparence sereine, semble en apesanteur et d'humeur méditative. Il réserve ses mots, regarde, écoute, sourit, et d'un léger plissement de ses yeux noirs et pénétrants révèle une part conséquente de sa propre vérité : la puissante lumière intérieure qui l'habite et dont les rais transportent tout à trac bonheurs et souffrances, pleurs et rires, doutes et révélations, frayeurs et espérances, révoltes et respect, compassion et, plus que tout... amour.

Avec un grand A.