Marie Michelle Sylvie Rameau: Un casque bleu dans l’âme

24 mai 2017

Marie Michelle Sylvie Rameau: Un casque bleu dans l’âme

Photo : Marie Yolette B. Daniel - UN/MINUSTAH

Haute taille, port altier, l’air sportive et joviale, cette dame au teint frais porte le nom de Marie Michelle Sylvie Rameau. Démarche énergique, enthousiaste et ouverte, Marie Michelle présente toutes les caractéristiques d’une femme bien dans sa peau. Fière de son parcours professionnel, elle a le verbe facile lorsqu’il s’agit de parler de son travail. «Travailler sous la couverture des Nations Unies m’a permis de m’épanouir professionnellement et personnellement», confie Marie Michelle avec simplicité. Entendez par-là, le travail de proximité qu’elle a réalisé avec la population du département du Sud d’Haïti  à titre d’officier des affaires Civiles de la MINUSTAH).

La section des affaires civiles a, en effet, le mandat entre autre, d’appuyer le gouvernement en vue de renforcer les institutions publiques décentralisées et déconcentrées, de mettre en place une stratégie globale de gestion des frontières, d’accroître la responsabilisation et la participation de la société civile dans les affaires publiques tout en renforçant les Organisations Communautaires de Base (OCB). 

Photo : Marie Yolette B. Daniel - UN/MINUSTAH

Ainsi, entant qu’officier de cette branche, Marie Michelle a eu l’opportunité de travailler avec tous les ministères publics. « J’ai bien dit l’opportunité », précise-t-elle en mettant un accent particulier sur la satisfaction personnelle qu’elle tire du travail effectué au sein de la MINUSTAH.

«Mon travail aux Nations Unies m’a permis de mieux comprendre le fonctionnement des structures locales et des communautés. J’ai sillonné les 18 communes du département du Sud, en collaborant avec les maires, les CASEC (Conseils d’administration des sections communales), les ASEC (Assemblée des Sections Communales), les juges de paix etc. », explique M Rameau.

Cette coopération lui a permis de mieux appréhender le mode de vie de la population. Elle cite à titre d’exemple le fonctionnement des marchés publics, la question de la sécurité en générale et dans la zone côtière en particulier, les interventions des CASEC et des ASEC, le pouvoir des juges de paix, l’influence des acteurs religieux sur la population pour ne citer que cela.

Son travail et celui du reste de l’équipe a permis non seulement à la section des affaires civiles de mieux axer leurs actions en appui aux autorités concernées, mais a aussi facilité le travail des autres acteurs intervenant dans les communautés, notamment les autres sections et/ou unités de la MINUSTAH (UNPOL, Militaires etc.).

«J’ai beaucoup appris de cette collaboration dont j’en suis en même temps bénéficiaire des résultats », souligne-t-elle d’un air contemplatif, comme si elle venait tout juste de s’en rendre compte. Elle se remémore certaines situations vécues dans les années 2004 où, les véhicules de transport public assurant le trajet Cayes - Port au Prince étaient systématiquement braqués par des voleurs tout le long du parcourt. Aujourd’hui c’est différent.

Du travail hors limite pour défendre ses convictions

Originaire de la Ville Des Cayes, Marie Michelle a consacré 10 années de sa vie au service de la paix en Haïti. Femme très engagée, ses actions au côté de l’équipe des affaires civiles n’ont pas de limite. Elle associe cette performance de travail à la politique égalité homme-femme pratiquée au sein de l’ONU. « Aux Nations Unies, la différenciation homme-femme n’existe pas en ce qui a trait aux opportunités. A compétence égale, traitement égal », affirme-t-elle d’un ton qui ne laisse aucun doute.

Aujourd’hui, de plus en plus de femmes sont en effet, impliquées dans des activités qui, autrefois étaient associées au genre masculin. Sachant qu’elles sont dotées de capacités leur permettant de réaliser, dans les mêmes conditions, les mêmes tâches que les hommes, Marie Michelle estime juste que les femmes qui, quantitativement sont majoritaire dans la société haïtienne, peuvent enfin ambitionner les mêmes opportunités que les hommes. « Je suis arrivée à Maniche, une section de la communale des Cayes, et j’ai  rencontré une femme qui travaillait dans son propre atelier de ferronnerie. J’étais très émue et fière », témoigne-t-elle.   

Aussi, au-delà de ses tâches officielles, elle occupe la noble fonction de point focal genre. A ce titre, elle a eu l’opportunité de travailler avec le réseau des organisations de femmes dans la région du Sud. Entre autre actions entreprises, Marie Michelle a sensibilisé les hommes et les femmes afin de les amener à un changement de mentalité sur la question de genre. Ce qui permettra de valoriser le rôle et la contribution du travail de ces dernières dans le développement durable de leur zone. « J’ai utilisé l’exemple des Nations Unies pour conscientiser les femmes et les autres partenaires. Je suis fière de constater que 10 ans après, les institutions locales avec lesquelles on a travaillé emboitent le pas », raconte- elle avec satisfaction.

Dix ans avant, un large parcours.

Âgée de 55 ans accomplis, Mme Rameau est mariée et mère de deux enfants. Elle est détentrice d’une licence en droit, d’un diplôme en gestion et en comptabilité, et d’un brevet en éducation. Elle a travaillé dans le secteur éducatif comme enseignante, un domaine qu’elle affectionne encore. Passant plus de 17 ans à l’ancienne compagnie nationale de télécommunication (Téléco), elle a gravi plusieurs échelons : responsable de facturation, caissière, contrôleur-assistant du chef de zone, responsable administrative, avant de rejoindre l’hôpital Brenda Strafford du département du Sud comme étant cheffe du personnel. En 2004, elle a été nommée agent intérimaire de la commune des Cayes.

Les yeux brillant et le visage constamment éclairé d’un sourire franc, la bonne humeur  de Marie Michelle  est contagieuse. Elle soulève la question du nouveau climat de sécurité, de stabilité et de paix instauré dans le département du Sud grâce à un travail d’équipe avec un air serein. « Nous avons travaillé dur. Les inondations répétées, les zones d’accès difficiles, les manifestations et blocage de routes incessant, ne nous ont jamais empêché d’avancer », affirme Marie Michelle Sylvie Rameau. Tout en étant consciente du long chemin qui reste à parcourir pour atteindre le niveau de stabilité et de la bonne gouvernance espéré, elle se dit être très heureuse d’avoir son empreinte dans le nouveau climat de la région Sud.

Dans le contexte du retrait progressif de la MINUSTAH, notamment la fermeture imminente du bureau régional du Sud, Marie Michelle Sylvie Rameau est tout à fait prête à poursuivre sa carrière professionnelle. « Les dix années passées à la MINUSTAH m’ont rendues  plus mure professionnellement. J’ai acquis d’autres compétences qui me rendent encore plus compétitive sur le marché du travail. C’est juste une porte qui se ferme pour en ouvrir des dizaines d’autres », articule-t-elle d’un optimisme remarquable.

Dotée d’une assurance inspirante, cette dame a la capacité d’influencer les autres positivement de par sa force de caractère. Elle se dit être prête à poursuivre son chemin avec en tête le souci d’assurer à sa famille une vie descente, digne d’une femme ayant su gagner l’estime de son entourage, en particulier celui des hommes qui ont toujours admiré son courage et sa détermination.

Rédaction : Marie Yolette B. Daniel