Point de presse des Nations Unies du jeudi 2 février 2012

2 fév 2012

Point de presse des Nations Unies du jeudi 2 février 2012

Animé par :

Sylvie van den Wildenberg, Porte-parole de la MINUSTAH

Emmanuelle Schneider, Porte-parole du Bureau des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA)

 

Intervention de la porte-parole de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH)

 

Bonjour à toutes et à tous et merci de votre présence. Bonjour aussi aux auditeurs de Minustah FM qui nous écoutent à travers le pays.

 

 

Ratification par le Parlement haïtien du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels

 

La Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) salue la ratification, le 31 janvier 2012, du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC) par le Parlement haïtien lors de la première session de l’Assemblée nationale depuis l’élection de ses nouveaux président, le Sénateur Simon Dieuseul Desras, et vice-président, le député Levaillant Louis Jeune, au cours du mois de janvier. Cette ratification illustre la volonté des autorités haïtiennes d’œuvrer à la réalisation des droits économiques, sociaux et culturels de tous les Haïtiens et de lutter durablement contre la pauvreté et l’exclusion sociale.

La ratification de ce Pacte constitue une étape importante dans l’élargissement du champ de protection des droits de l’homme en Haïti. Elle ouvre en outre des perspectives intéressantes en matière de coopération au développement en faveur d'Haïti. Le PIDESC engage en effet la communauté internationale à s'investir davantage pour soutenir les efforts du gouvernement en vue d’assurer l’accès égal à l’éducation, à la santé et à un niveau de vie décent y compris à l’eau, à l’alimentation et à un logement adéquat qui concourent à la réduction de la pauvreté.

Depuis 2008, la MINUSTAH, en particulier à travers sa section des droits de l’homme/Bureau du Haut Commissariat aux droits de l’homme en Haïti, et sa section des affaires politiques, a mené un plaidoyer important en faveur de cette ratification. La Mission a récemment  soutenu le « Parlement Jeunesse Haïtien » dans ses travaux qui ont abouti à la ratification symbolique du Pacte lors de sa dernière session tenue du 21 au 28 octobre 2011.

La MINUSTAH est engagée à accompagner l’Etat haïtien dans la mise en œuvre du Pacte par un appui technique à l’harmonisation des politiques, des programmes et de la législation nationale.

Le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels fait partie d’une série d’instruments internationaux dont l’adoption et la ratification avaient été recommandées à l’Etat haïtien par les principales instances internationales des droits de  l’homme, en particulier, le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, à travers son Examen Périodique Universel, la Haut-commissaire adjointe aux droits de l’homme, Mme Kyung-wha Kang, l’expert indépendant sur la situation des droits de l’homme en Haïti, Michel Forst et la Rapporteuse spéciale sur le logement convenable, Mme Raquel Rolnik.

La MINUSTAH félicite les parlementaires pour cet acte hautement symbolique, en attendant la poursuite  du processus en cours au sein du Parlement devant aboutir à la ratification d’autres instruments internationaux.

 

Dossier Jean Claude Duvalier –

La MINUSTAH souhaite réitérer la position de l’ONU en ce qui concerne le dossier Duvalier, position qui a déjà été rappelée ces derniers jours par le Haut Commissariat aux droits de l’Homme et par l’expert indépendant sur la situation des droits de l’Homme en Haïti.

 

Les Nations Unies sont préoccupées par les annonces faites par plusieurs sources selon lesquelles l’ancien Président Jean Claude Duvalier pourrait n’être inculpé que pour des crimes financiers et non  pour les nombreuses violations graves des droits de l’Homme qui ont été perpétrées pendant les années au cours desquelles il assumait la présidence du pays, en dépit des nombreuses plaintes existantes et transmises à la justice. .

 

Des violations de droits de l’homme graves, y compris des actes de torture, des exécutions extra judicaires et de disparitions forcées –ayant eu lieu sous le régime de Jean Claude Duvalier ont été documentées de manière approfondie par les organisations des droits de l’homme haïtiennes et internationales. Les Nations Unies et en particulier par la voix du  Haut Commissaire aux Droits de l’Homme, ont de manière régulière rappelé à Haïti son obligation absolue d’enquêter sur ces graves violations et de poursuivre en justice ceux qui en sont responsables.

En vertu du droit international il n’existe pas de prescription pour de tels crimes. Le Bureau du Haut Commissaire des  Droits de L’homme des Nations Unies, représenté en Haïti par la section des Droits de l’Homme de la MINUSTAH, qui apporte une assistance technique et un conseil juridique à la Justice haïtienne a toujours insisté sur ce point.

Les Nations Unies estiment que l’impunité pour de tels crimes ne saurait prévaloir. Aussi lancent-elles un appel urgent aux autorités pertinentes pour qu’elles fassent en sorte que justice soit rendue aux nombreuses victimes des graves violations des droits de l’homme commises sous le gouvernement de M. Duvalier. Il ne saurait y avoir de véritable réconciliation et de pardon sans justice. Tout en saluant la possible avancée que représente l’annonce de poursuites possibles sur les crimes financiers, la MINUSTAH apportera son appui à tout appel de cette décision qui ne prend pas en compte les violations de droits de l’homme.

 

Visite M. Forst (conf presse la semaine prochaine mercredi 8/02)

Toujours dans le domaine des droits de l’homme, je voudrais attirer votre attention sur la visite actuelle de l’expert indépendant des Nations Unies sur la situation des Droits de l’homme en Haïti, Michel Forst. Son bureau, à Genève a envoyé une communication sur cette visite la semaine dernière. M. Forst est arrivé dans le pays ce mardi, 31 janvier, et est ici pour une semaine. Le but de sa visite est d’évaluer les progrès accomplis dans le domaine de la promotion et de la protection des droits de l’homme en Haïti. Monsieur Forst sera notre invité la semaine prochaine, en cette salle, non pas jeudi mais Mercredi 8 février, à 10 heures, et il fera le point sur sa visite de travail et ses rencontres dans le pays et répondra à toutes vos questions.

 

Contacts : Santiago de Martinez de Oreva ; +509 3702 7085

 

Ingénieurs – Gressier -  Appui de la MINUSTAH à la construction d’un Village modèle pour les déplacés.

Le contingent coréen de génie de la MINUSTAH appuie actuellement la Fédération Luthérienne mondiale dans l’exécution d’un projet de construction d’un village modèle visant à fournir des logements permanents et adéquats à 200 familles déplacées par le séisme. Le site de ce village modèle se trouve dans la commune de Gressier (deuxième section communale Morne Chandelle sur l’habitation Bois Bocot). Basé à Léogane, le contingent de génie militaire coréen de la MINUSTAH effectue le terrassement  le site vierge et construit la route d’accès au futur village.  La cérémonie de pose de première pierre se tient aujourd’hui même en présence des autorités haïtiennes, des élus locaux, et des maitres d’œuvre du projet.  A noter que le site du village est situé sur un terrain de 58,050 mètres carrés qui avait été donné par le Gouvernement et qui sera utilisé pour la construction des 200 maisons d’environ 37 mètres carrés pour loger 200 familles de Gressier dont la majorité vit sous des tentes depuis le séisme du 12 janvier 2010.

Une centaine d’ouvriers locaux seront employés pour la réalisation de ce projet de village modèle, dont les résidents bénéficieront également d’un encadrement technique dans les domaines de la micro-finance et des activités génératrices de revenus. Une association pour la gestion des actifs en commun est aussi prévue en vue d’assurer la participation continue de tous les résidents à la gestion et l’entretien du village par la communauté. Dans le souci de reconstruire selon les normes et limiter l’impact sur l’environnement, les maisons construites seront résistantes aux ouragans et aux séismes et seront équipées de panneaux solaires ainsi que d’un système écologique de traitement des eaux usées, de recyclage et d’assainissement.

 

Intervention de la porte parole du bureau pour la coordination des affaires humanitaires des  Nations Unies  (OCHA), Emmanuelle Schneider

 

Bonjour

 

Haïti fait désormais partie des pays classés dans la catégorie des crises négligées et sous financées.  Ce classement fait suite à l’analyse du financement de l’action humanitaire en 2011 qui a été conduite par les Nations Unies.

La réponse au tremblement de terre et à l’épidémie de choléra en 2011 n’a été financée qu’à hauteur de 55 pour cent. Sur les 382 millions de dollars qui avaient été demandés par la communauté humanitaire, dans le cadre de la Procédure d’appel global (CAP), seuls 210 millions de dollars ont été versés.

Par conséquent, le Fonds central de réponse aux urgences humanitaires des Nations Unies (CERF) a décidé d’allouer 8 millions de dollars à la réponse humanitaire en Haïti. Il s’agit de fonds d’urgence qui financeront des projets prioritaires qui répondent aux besoins les plus pressants des populations vulnérables vivant encore dans les camps.  Il s’agit notamment de projets en eau, hygiène et assainissement.

Aux côtés d’Haïti, 12 autres pays recevront des fonds pour pallier le manque de financement de l’action humanitaire. Ces pays sont les suivants : République centrafricaine, Tchad, Côte d’Ivoire, la République populaire démocratique de Corée, Djibouti, l’Erythrée, le Népal, le Pakistan, les Philippines, la République du Congo, le Sud Soudan et la Syrie.

Les fonds d’urgence du CERF ne se substituent pas aux mécanismes de financement habituels. En Haïti, les acteurs humanitaires ont lancé un CAP pour 2012 d’un montant de 230,5 millions de dollars. Jusqu’à présent, le CAP 2012 est financé à hauteur de 1,7 pour cent.

Comme je le disais, ce financement d’urgence portera sur les besoins critiques dans les camps.  Comme vous avez pu peut être le lire dans le dernier bulletin humanitaire publié par OCHA hier, nous assistons à une baisse de la qualité de l’eau potable et des activités de vidange dans les camps.  Ainsi, seuls 55 pour cent des ménages vivant dans les camps boivent de l’eau chlorée.

Par ailleurs, 50,7 pour cent des postes de lavage des mains dans les sites ne fonctionnent pas, 57 pour cent d’entre eux manquent de savon et 64 pour cent manquent d’eau. Plus de 37 pour cent des postes de lavage des mains non fonctionnels sont situés dans quatre sites : Terrain Golf Delmas 48, Terrain Accra, Tabarre ISA, Kan Neptune.

En décembre, le pourcentage de sites vidangés a baissé de 18,1 pour cent par rapport au mois de novembre. Ainsi, près de 80 pour cent des camps ont besoin d’être vidangés.

 

Merci

Questions - Réponses

 

 

 

Radio RFM- En ce qui a trait aux deux cas d’abus sexuels dont la MINUSTAH avait fait mention la semaine dernière, vous aviez dit qu’une enquête a été diligentée pour faire lumière sur cette affaire, alors ou en êtes-vous.

Merci pour cette question qui me permet aussi de clarifier quelque chose, parce que depuis le début de cette semaine dans la presse des rapports font état « de nouvelles allégations d’abus sexuels perpétrés par des soldats de la MINUSTAH aux Gonaïves ». Il s’agit des mêmes cas  d’allégations que ceux sur lesquels nous avons communiqué lundi 23 janvier, de manière proactive vis-à-vis du public après avoir dès lors reçu les rapports concernant ces allégations graves. Cependant, nous n’avions pas donné de détails sur les lieux où les faits se seraient produits car nous ne voulions pas mettre en péril le déroulement de l’enquête et nous ne voulions pas mettre en danger la protection des victimes présumées et les exposer. Malheureusement, maintenant, c’est le cas.  Des noms, des âges, et un tas d’autres détails ont été rendus public alors que l’enquête est en cours.  Pour rappel, dès que nous avions pris connaissance de ces cas, nous avons sans tarder rapporté ces derniers au Siège de l’Organisation des Nations Unies, et ce conformément à la procédure. Comme nous l’avons déjà expliqué, dans les cas où les allégations concernent le personnel militaire, la responsabilité des enquêtes incombe aux Etats d’origine des soldats, mais pour ce qui est du personnel de police ou civil, la responsabilité de l’enquête incombe aux Nations Unies. Donc, la procédure est la suivante dans ces cas : nous informons le siège des Nations Unies qui diligente une équipe d’enquête aussi vite que possible- L’équipe d’enquête est arrivée sur le terrain le 21 janvier. Des mesures conservatoires avaient déjà été prises puisque, notamment le Commissaire de police avait immédiatement isolés les suspects pour éviter toute tentative d’ingérence dans le déroulement de l’enquête et éviter tout contact avec les populations, et ce  à titre préventif. Pour l’instant, les enquêteurs sont à pied d’œuvre. Nous communiquerons les résultats dès que nous seront en mesure de le faire.

Radio Scoop FM- Je me demande s’il ya un manque de volonté de la part des pays concernés pour rendre justice aux victimes parce qu’il y a d’interminables enquêtes, mais des dispositions n’ont pas été prises pour que justice soit rendue aux victimes ?

Merci pour cette question parce que je crois qu’il est aussi important d’éclairer le public sur ce sujet. C’est une question complexe. Ceux qui sont au service des Nations Unies font partie du personnel de l’ONU. Les militaires sont en quelque sorte prêtés par des Etats membres. Les Nations Unies  ont une politique tolérance zéro en ce qui concerne les abus commis par son personnel quand ils sont avérés. De nombreuses mesures sont prises par les Nations Unies pour prévenir les actes de mauvaise conduite du personnel, y compris pour faire connaitre les règlements des Nations Unies en matière de conduite et de discipline. Tout membre du personnel de l’ONU, lorsqu’il rejoint l’Organisation, s’engage en signant son contrat à adopter un comportement irréprochable et exemplaire. A respecter les plus hauts standards de conduite. Malheureusement, il n’y a pas de machine pour détecter les criminels, sinon ce serait beaucoup plus simple. Dans tous les groupes humains, il y a malheureusement des brebis galeuses, et cela est regrettable. Les Nations Unies sont une œuvre humaine,  et son personnel un échantillon de l’humanité. Dans le cas des abus avérés qui sont commis par des militaires, c’est parfois difficile de faire le suivi quand les mesures dépendent  de la justice des Etats membres. Nous le reconnaissons et nous l’avons dit. Le siège des Nations Unies également,  la semaine dernière, a très clairement fait part de son intention de prendre des mesures supplémentaires pour sensibiliser davantage-voir exercer des pressions sur les Etats membres- pour qu’ils prennent des mesures exemplaires de manière plus systématique et qu’ils communiquent mieux les résultats de leurs enquêtes parce que nous avons une responsabilité morale et un devoir vis-à-vis des pays dans lesquels nos Missions sont déployées. Ce n’est pas toujours simple, mais il faut dire que beaucoup d’Etats membres prennent des mesures exemplaires, poursuivent en justice les coupables et nous communiquent aussi les résultats.

Radio Scoop FM- Récemment, le jeune Johnny Jean s’est dit prêt à témoigner contre les Uruguayens, qu’est ce que la MINUSTAH compte faire pour permettre à ce jeune de témoigner ?

Avant de faire ces déclarations lors d’un point de presse, M. Johnny Jean l’avait déjà annoncé lors d’une interview accordée à un média international. Nous avions été soulagés d’entendre qu’il disait de sa propre voix qu’il souhaitait témoigner dans le cadre de l’enquête criminelle uruguayenne. Dans un souci de facilitation, le Représentant spécial avait demandé au Ministère des Affaires étrangères l’appui des autorités haïtiennes pour  faciliter les contacts entre la justice uruguayenne et la victime présumée, puisque cette dernière ne parvenait pas à obtenir sa participation à l’enquête criminelle. Depuis lors, les choses semblent s’être débloquées, puisque ces avocats ont dit lors du point presse donné en présence de M. Jean qu’ils étaient disposés à aider ce dernier à participer à l’enquête et que les passeports de M. Jean et sa famille étaient prêts. Donc, les choses ont l’air d’aller dans le bon sens et nous nous réjouissons de cette avancée car sans le témoignage de la victime, le risque existait qu’un procès en cour pénale civile ne soit pas possible.

Radio Ibo- Croyez-vous en la volonté de la Mission en Haïti de rendre justice aux victimes parce que la justice uruguayenne traine les pieds et dans la ville des Gonaïves, les avocats des victimes ont fait état des tentatives de la part des autorités de la MINUSTAH d’étouffer l’affaire ?

Sincèrement, si je ne croyais pas dans la volonté des Nations Unies de faire appliquer la politique de tolérance zéro, je ne serais plus  porte-parole de la MINUSTAH ! Nous avons communiqué de façon anticipative sur ces allégations, nous avons nous-mêmes fait part au public et aux autorités haïtiennes et au monde d’ailleurs, puisque l’ONU a simultanément  communiqué sur ces allégations ici et à New York, que nous étions en possession de rapports de nouvelles allégations graves d’abus commis et qui seraient attribués à des membres du personnel de police de la Mission. Donc, si les mesures immédiates qui ont été prises – y compris l’envoi immédiat d’une équipe d’enquête en Haïti, ne constituent pas une illustration de notre volonté d’appliquer la tolérance zéro, je ne sais pas ce que nous pouvons faire de plus. Franchement je ne vois pas comment on pourrait nous accuser de vouloir étouffer l’affaire alors que des enquêteurs sont sur le terrain en train de travailler et que nous avons fait état de ses allégations !

Plus de questions ? Alors, je vous remercie et à la semaine prochaine.