Projet 16/6: Vers la fermeture des camps à haut risque d’aléas climatiques après le passage de la tempête tropicale Isaac

7 sep 2012

Projet 16/6: Vers la fermeture des camps à haut risque d’aléas climatiques après le passage de la tempête tropicale Isaac

Suite au passage de la tempête tropicale Isaac en Haïti dans la nuit du 24 au 25 août 2012 qui a entrainé l’évacuation de milliers de personnes vivant dans des camps vers des abris temporaires d’urgence, le gouvernement haïtien, dans le cadre de son programme de retour dans les quartiers dénommé ‘Projet 16/6’, a engagé des démarches avec la communauté internationale pour fermer, d’ici à la fin de la saison cyclonique, les camps de déplacés à haut risque d’aléas climatiques.


Projet 16/6: Vers la fermeture des camps à haut risque d’aléas climatiques après le passage de la tempête tropicale Isaac


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Photo : Logan Abassi – UN/MINUSTAH

Après les places, les écoles et les infrastructures publiques occupées par les déplacés du séisme du 12 janvier 2010, c’est au tour des camps à haut risque d’aléas climatiques d’être au cœur des préoccupations des autorités haïtiennes. Alors que, selon les chiffres officiels, 390.000 personnes vivent encore sous des bâches et des tentes dans 575 camps, dont la majorité dans la capitale, le passage de la tempête tropicale Isaac fin août dernier sur Haïti et l’évacuation de milliers d’entre eux a mis en évidence le besoin de trouver une solution définitive à la situation des personnes toujours sous les tentes, plus de deux ans et demi après le séisme.

Dans un communiqué paru après le passage de la tempête Isaac, le 28 août dernier, l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) avait souligné que de nouvelles évacuations en saison cyclonique coûteraient bien plus cher qu’un programme de logement locatif. En effet, pour son chef de mission en Haïti Luca Dall’Oglio, la communauté internationale « doit agir maintenant afin de fermer tous les camps en accordant des subventions à la location et des solutions de logement pour les personnes qui y vivent ».

Face à l’urgence de donner un logement décent aux dernières victimes du séisme, le gouvernement haïtien vient d’adresser une requête auprès de la Banque Mondiale pour la relocalisation imminente de 12.500 familles, vivant dans les camps les plus vulnérables face aux intempéries. Le directeur de la Division Relogement et Réhabilitation de Quartiers de l’Unité de Construction de Logements et de Bâtiments publics (UCLBP), Clément Bélizaire, confirme avoir obtenu de la Banque Mondiale et de la Croix Rouge, des engagements en faveur de quelques 16.000 familles, qui s’ajoutent aux fonds dont dispose l’Etat pour la relocalisation de 23.000 familles. « Avec les engagements de cette année qui concernent 195.000 personnes, soit 39.000 familles, nous passerons de 390.000 personnes à 156.000 personnes qui resteront à relocaliser l’année prochaine. Mais nous sommes à la recherche de fonds pour les reloger tous cette année », affirme M. Bélizaire.

Retour dans les quartiers

Pendant ce temps, alors que le gouvernement est en quête de fonds pour accélérer le programme de relocalisation des déplacés par l’octroi de bourses locatives, la réhabilitation des 16 quartiers de retour du projet 16/6 continue d’avancer dans plusieurs agglomérations de Port-au-Prince. Comme à Morne Hercule par exemple (commune de Pétionville), où les partenaires du gouvernement comme le Bureau des Nations Unies pour l’Appui aux Projets (UNOPS), l’OIM et la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH) ont réparé plus de 250 maisons marquées ‘jaune’ par le ministère des Travaux Publics, Transports et Télécommunications (MTPTC) et auront reconstruit, d’ici à la fin novembre, 17 maisons marquées ‘rouge’ à la suite du séisme. Sept lampadaires solaires publics y ont aussi été installés, et les Casques bleus de la MINUSTAH avec l’aide de la communauté ont réhabilité la route Charlemagne Péralte, l’axe principal qui dessert ce quartier pentu difficile d’accès.

Ancienne déplacée du séisme, Joseph Dady Clotilde pourra ainsi sous peu regagner sa maison détruite par le séisme. « J’aurai bientôt une maison à étage et rez-de-chaussée avec deux chambres, une cuisine et une toilette entièrement reconstruite par le projet 16/6 », explique joyeusement cette mère de famille de 64 ans. « On ne m’a demandé qu’une contribution de 40 sacs de ciment et des fers pour une valeur d’environ 750 dollars US », poursuit-elle, pressée de ré-emménager chez elle avec sa famille.

Pourtant, si certaines personnes se réjouissent de la réparation ou de la reconstruction de leurs maisons, d’autres sont encore sous les tentes, à la merci des aléas climatiques. Restaïno Rock Junior, qui coordonne le camp AVIC au quartier Canapé Vert, à Bois Patate (Port-au-Prince), témoigne des conditions de vie difficiles des 85 familles de ce camp. « Lors de la tempête Isaac, nos tentes ont été déchirées et nous avons même fait un sit-in pacifique le 25 août dernier pour réclamer le retour dans nos quartiers et obtenir de l’aide, mais en vain », explique, désemparé, Restaïno. Cependant, Anglade Louis, mobilisateur communautaire au sein du projet 16/6, assure que le camp fait actuellement l’objet d’un examen de la part des responsables du projet pour la relocalisation de ses résidents.

Mis en place après le séisme du 12 janvier 2010 qui a fait plus d’un million et demi de sans abris, le projet 16/6 est un programme pilote du gouvernement financé par le Fonds de Reconstruction d’Haïti (FRH) et co-exécuté par plusieurs agences onusiennes. Hormis le relogement initial de tous les résidents de 6 camps prioritaires dans la capitale (Place Saint-Pierre, Place Boyer, Stade Sylvio Cator, Primature et Maïs Gâté) contre une bourse familiale pour la location de maisons, le projet 16/6 vise à faciliter la réhabilitation de 16 quartiers de retour par la reconstruction améliorée de logements, l’accès aux services de base identifiés par les communautés et la création d’opportunités génératrices de revenus.

Rédaction : Tahirou Gouro Soumana
Edition : Sophie Boudre