Prolonged pretrial detention creates overcrowding in Haitian prisonsLa détention provisoire prolongée crée la surpopulation dans les prisons haïtiennes

30 sep 2013

Prolonged pretrial detention creates overcrowding in Haitian prisonsLa détention provisoire prolongée crée la surpopulation dans les prisons haïtiennes

Senator Hyppolite Mélius, who chairs the Commission on Human Rights and Anti-Corruption in the Haitian Parliament, is currently undertaking a tour of Haitian prisons. His objective: to make an inventory and advocate for the improvement of prison conditions. In late September, and accompanied by representatives of the Section of Human Rights of MINUSTAH, the Senator visited the civil prison in Pétionville, home to women only.

 
"The biggest problem in the Pétionville prison is overcrowding," said Senator Mélius at the conclusion of his visit. The Chairman of the Commission on Human Rights and Anti-Corruption  said he met inmates arrested as far back as 2004 and who are still awaiting trial. "A sign”, according to the elected representative of the Northwest, “that the judicial system has not succeeded.”

Photo Victoria Hazou UN/MINUSTAH Photo Victoria Hazou UN/MINUSTAH

Indeed, for the director of the women's prison, Chief Inspector Vernet Toto, "the major cause of this overcrowding is prolonged pretrial detention."

Built in 1976 for a capacity of 100, the civil prison in Pétionville today hosts 290 inmates, only 44 of whom have been sentenced," revealed prison clerk, Vesta E. Richard .

Despite the large number of detainees - who are crammed higgeldy-piggeldy into 20 cells – the cells are clean; the inmates are fed twice-a-day and have a recreation area.

Aged on average between 15 to 45 years, the inmates take courses in craftwork such as crochet, macramé and literacy.

A dispensary - with three medical staff members and a stock of medicines - is available to prisoners. "It treats many diseases like diabetes, hypertension, vaginal infections or HIV / AIDS," says the prison nurse Nerlande Jacotin.

Photo: Victoria Hazou - UN/MINUSTAH Photo: Victoria Hazou - UN/MINUSTAH

In addition, the clinic area is equipped to accommodate mothers - as some inmates arrive to the prison pregnant. "We currently have two mothers with babies - and a third is now at the General Hospital ready to give birth," said Toto. During the Senator's visit, the Chief Inspector received a phone call telling him that this mother gave birth to a healthy baby boy.

Postpartum inmates can breastfeed their babies for three months before sending the infant to either a family member or, alternatively, to the Institute of Social Welfare & Research, a public body overseeing child custody-related issues.

Each week, five tankers deliver 94,000 liters of water to the prison reservoir. To protect inmates from illnesses related to poor water quality, a treatment system for drinking water is installed next to the reservoir. "Unlike other detention centers, no cases of cholera have yet been reported," says Chief Inspector Toto.

Overcrowded Cells

With only 20 cells, the civil prison in Pétionville cannot host 290 inmates humanely. "This is the biggest problem of the detention center," laments Mr. Toto - adding that the cells have been inadequately equipped with improvised with bathrooms to compensate for the lack of space.

Photo: Victoria Hazou - UN/MINUSTAH Photo: Victoria Hazou - UN/MINUSTAH

In the cells, covered with little mattress, there is no room to move. Sitting or lying down, the women talk to each other while while doing crochet work or listening to the radio. "Many of us suffer from hypertenson or diabetes since arriving at the prison," says one inmate. “Overcrowding is the cause of quarrels between us," admits another .

"Living the majority of time in overcrowded cells is equivalent to torture," said Frédéric Gouin, from the Human rights section of MINUSTAH / Office of the High Commissioner for Human Rights. Gouin adds that "the International Committee of the Red Cross recommends a minimum of 3.4 square meters per detainee while in prison. Here, in Pétionville, they have only 0.7 square meters per person."

The prison population of Haiti has risen from 16,000 held in 1995, to 10,000 in 2013. For Frédéric Gouin, this is relatively small in proportion to the total population. "When in a country like Haiti there are too many people in jail, that means that there are not enough prisons to accommodate them," says Mr. Gouin who calls for the construction of other prison facilities in the country.

Senator Hyppolite Mélius plans to report on his visit to the Haitian Parliament. As part of his presentation to his peers, he will address the problem of overcrowding engendered by prolonged pretrial detention. "If, within the prisons, considerable efforts are being made, it is necessary that the judiciary does its work and release those who deserve to be freed and condemn those who deserve to be condemned," he states.

Source: Unité correctionnelle MINUSTAH Source: Unité correctionnelle MINUSTAH

According to official statistics, 70 % of prisoners in Haiti - and 85% in the civil prison in Pétionville - are awaiting trial for more than 500 days on average.

After visiting the National Penitentiary and the civil prison in Pétionville, the parliamentarian continued his tour of Haitian prisons in the Rehabilitation center for minors in conflict with the law in Delmas 33, before visiting other detention centers outside of the capital, Port-au-Prince.

 

Jonas Laurince

Le Sénateur Hyppolite Mélius, qui préside la Commission des Droits de l’homme et de la lutte anti-corruption au Parlement haïtien, effectue en ce moment une tournée des prisons haïtiennes. Objectif : faire un état des lieux et plaider pour l’amélioration des conditions de détention. Accompagné de représentants de la Section des droits de l’homme de la MINUSTAH, le Sénateur a fait escale fin septembre à la prison civile de Pétionville, qui accueille uniquement des femmes.

« Le plus grand problème de la prison de Pétionville est la promiscuité des prisonnières », lance, à la fin de la visite, le Sénateur Mélius. Le Président de la Commission des Droits de l’homme et de la lutte anti-corruption au Parlement haïtien explique avoir « rencontré des détenues arrêtés depuis 2004 et qui ne sont pas encore jugées ». Un signe, selon l’élu du Nord-ouest, que le travail de la Justice n’est pas achevé.

Et justement, pour le directeur de cette prison pour femmes, l’Inspecteur principal Vernet Toto, « la cause majeure de cette surpopulation carcérale n’est autre que la détention provisoire prolongée ».

Construite en 1976 pour une capacité de 100 détenues, la prison civile de Pétionville en héberge aujourd’hui 290, dont « seulement 44 prisonnières ont été condamnées », fait savoir la greffière de cette prison, Vesta E. Richard.

Malgré le nombre important de détenues qui s’entassent tête-bêche dans les 20 cellules, les pièces sont propres, les détenues sont nourries deux fois par jour et bénéficient d’une cour de récréation, constate-t-on. Agées en moyenne entre 15 à 45 ans, elles suivent aussi des cours d’artisanat en crochet et macramé et d’alphabétisation.

Un dispensaire avec trois personnels médicaux et son stock de médicaments est mis à la disposition des prisonnières. « On traite de nombreuses maladies comme le diabète, l’hypertension, les infections vaginales ou encore le VIH/Sida », confie l’infirmière de la prison, Nerlande Jacotin.

Photo: Victoria Hazou - UN/MINUSTAH Photo: Victoria Hazou - UN/MINUSTAH

A côté de la clinique, une salle est aménagée en vue d’accueillir les mamans, car certaines détenues sont arrivées enceintes en prison. « On a deux mères avec leur bébé et une troisième est actuellement à l’Hôpital Général pour l’accouchement », explique M. Toto. Au cours de la visite l’Inspecteur reçoit d’ailleurs un coup de fil lui annonçant que celle-ci a accouché d’un petit garçon en bonne santé.

Après l’accouchement les détenues pourront allaiter leur bébé pendant trois mois, avant de le confier soit à un membre de leur famille ou, dans le cas contraire, à l’Institut du Bien-être social et de recherches (IBESR).

Chaque semaine, cinq camions-citernes alimentent le réservoir de 94 000 litres. En vue de protéger les détenues des maladies liées à la mauvaise qualité de l’eau, un système de traitement d’eau potable est installé à côté du bassin pour purifier l’eau destinée à la consommation. « Contrairement aux autres centres de détention, on n’a relevé jusqu’ici aucun cas de choléra », se réjouit l’Inspecteur.

Des cellules surpeuplées

Photo: Victoria Hazou - UN/MINUSTAH Photo: Victoria Hazou - UN/MINUSTAH

Avec seulement 20 cellules, la prison civile de Pétionville ne peut pas héberger dignement ses 290 détenues. « C’est le plus grand problème de ce centre de détention », regrette M. Toto qui ajoute que des cellules ont même été improvisées dans des salles de bains pour pallier le manque d’espace.

Dans les cellules couvertes de petits matelas, il n’y a pas de place pour circuler à pied. Assises ou couchées, les détenues parlent entre elles tout en tout en faisant des travaux de crochet ou écoutent la radio. « Plusieurs d’entre nous sont devenue hypertendues ou diabétiques en arrivant dans cette prison », avoue une détenue (voir ci-dessus le documentaire sur la santé mentale à la prison de Pétionville, tourné en 2012). « La promiscuité est la cause de querelles entre prisonnières », reconnait une autre.

« Vivre la majorité du temps dans des cellules surpeuplées équivaut à la torture », constate le coordonnateur de l’Unité de soutien à la police et à la justice de la Section des Droits de l’homme de la MINUSTAH/Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’homme. Frédéric Gouin qui ajoute que « le Comité international de la Croix-Rouge recommande un minimum de 3,4 mètres carrés par détenus tandis que dans cette prison, elles n’ont que 0,7 mètres carrés par personne».

Source: Unité correctionnelle MINUSTAH Source: Unité correctionnelle MINUSTAH

La population carcérale d’Haïti est passée de 1 6000 détenus en 1995, à 10 000 en 2013, ce qui, pour Frédéric Gouin, est relativement peu proportionnellement à la population totale du pays. « Quand dans un pays comme Haïti il y a trop de monde en prison, cela veut dire qu’il n’y a pas assez de prisons pour les accueillir », soutient M. Gouin qui plaide pour la construction d’autres centres carcéraux dans le pays.

Quant au Sénateur Hyppolite Mélius, celui-ci projette de rendre compte de sa visite au Parlement. Avec, en toile de fond de son exposé devant ses pairs le problème de la détention préventive prolongée, base de la surpopulation carcérale. « Si à l’intérieur des prisons, des efforts considérables sont faits, il faut que les juges fassent leur travail pour libérer celles qui méritent d’être libérées et condamner celles qui méritent d’être condamnées », ajoute-t-il.

Selon les statistiques officielles, 70% des détenus en Haïti – et 85% à la prison civile de Pétionville - sont en attente de leur procès, pendant plus de 500 jours en moyenne.

Après la visite au Pénitencier National et à la prison civile de Pétionville, le parlementaire continuera sa tournée des prisons haïtiennes dans le Centre de rééducation des mineurs en conflit avec la loi (CERMICOL) à Delmas 33, avant de visiter d’autres centres de détention hors de la capitale.

Jonas Laurince

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