Quand Cité Soleil s’assure que chaque voix compte pour un avenir de paix.

9 aoû 2015

Quand Cité Soleil s’assure que chaque voix compte pour un avenir de paix.

Photo : Anderson Laforet - UN/MINUSTAH

 

«Oh! Bien sûr que J’ai voté. Et je l’ai fait de très tôt ce matin», a répondu avec la tête altière et les yeux pétillant de fierté un jeune homme de la vingtaine. Il répondait à une question posée par un journaliste. On peut effectivement remarquer les marques de l’encre indélébiles sur le bout de l’ongle de son pouce droit. Preuve qu’il a vraiment voté. Mais il n’a pas fait que voter. Il a aussi décidé de se regrouper avec d’autres jeunes du quartier de Soleil 17 et 19 à Brooklyn, Cité Soleil, une commune dite de « non-droit » à Port-au-Prince, pour s’assurer qu’aucun incident majeur ne survienne dans les centres de vote - ce qui, selon lui, «pourrait empêcher le déroulement du premier tour des élections législatives dans la zone.» Tandis que les habitants de plusieurs autres quartiers de la cité ont fait face à certaines difficultés pour se rendre aux urnes au point que certains bureaux, selon les informations, ont dû même être fermés de force par des individus non identifiés, cette initiative a mis ceux de Brooklyn en confiance. Elle a semblé également donner un petit coup de pouce au plan spécial de sécurité nationale mis en exécution ce jour par la Police Nationale d’Haïti en collaboration avec la MINUSTAH.  

 

Outre de jouer le rôle de sentinelles, ces courageux gaillards sont aussi présents, en lieu et place du service de protection civile, pour supporter les plus vulnérables : jeunes, vieillards et les personnes vivant avec handicap.  

 

Photo : Logan Abassi - UN/MINUSTAH Photo : Logan Abassi - UN/MINUSTAH

 

  Antonio Charles a 59 ans. Il est un ancien marchand de blocs de glace dans la cité. Il a perdu sa jambe droite le 23 novembre 2001 lorsque des bandits armés du quartier, voulant lui soutirer de l’argent, lui ont percé les veines et les nerfs avec la pique dont il se servait pour vendre la marchandise en détail. Vivant à la maison avec sa dernière fille de 16 ans, Antonio doit aujourd’hui utiliser sa béquille pour se rendre seul au centre de vote St Anne à Soleil 19 et remplir son devoir civique.

Arrivé là-bas, son nom ne figure dans aucune des listes d’électeurs affichées sur le mur à l’extérieur des bureaux de vote. Reynald, un autre jeune du groupe, sort alors son téléphone portable de sa poche, effectue des recherches sur le site du Conseil Electoral Provisoire (CEP) et lui indique le lieu exact en l’aidant à sortir du bâtiment en toute sécurité.

« Nous avons voté et encouragé les autres à faire de même parce que nous croyons que chaque voix compte pour changer nos conditions de vie dans la cité. Ce n’est pas la violence qui nous retirera de ce bourbier.», reconnait Antoine, un notable du quartier. «Nous espérons seulement que le CEP saura respecter notre choix», ajoute-il.  

 

Rédaction: Anderson LAFORET