Sud : Pour une gestion municipale plus saine dans les mairies haïtiennes

15 avr 2013

Sud : Pour une gestion municipale plus saine dans les mairies haïtiennes

Plus de 95 maires et personnels municipaux des 18 communes du Sud d’Haïti ont suivi une formation de deux jours offertes par le ministère de l’Intérieur et des collectivités territoriales. Objectif : harmoniser la gestion des municipalités en perspective des prochaines élections locales.

Sud : Pour une gestion municipale plus saine dans les mairies haïtiennes

Visuel : UN/MINUSTAH

« Je maîtrise mieux mes attributions, la collaboration avec les collègues et d’autres institutions partenaires sera donc plus facile », commente Beaucéjour Julner, maire adjoint de Tiburon, à l’issue de la formation tenue aux Cayes les 10 et 11 avril dernier.

Plus de 95 personnes dont les maires, comptables payeurs et contrôleurs financiers des 18 communes du Sud et ses 5 vice-délégués, ont participé à l’atelier. A l’invitation de leur ministère de tutelle, ils ont planché sur l’organisation et le fonctionnement de l’Etat et des collectivités territoriales, la gouvernance territoriale, les attributions et compétences des communes, la gestion des biens de l’Etat, l’élaboration du budget communal, les recettes et dépenses locales et les lois y relatives.

L’objectif vise à améliorer les capacités techniques des agents exécutifs intérimaires et à rendre les comptables payeurs aptes à préparer et exécuter le budget municipal.

En 2012, pour remplacer les élus locaux dont le mandat avait expiré en 2011, le Président de la République avait procédé à des nominations d’ « agents exécutifs intérimaires », sortes de maires temporaires et non élus, en l’absence d’élections municipales attendues.

Combinée à des mouvements de personnel au sein du ministère de l’Intérieur et des collectivités territoriales (MICT), cette situation singulière avait contribué à un retard dans la préparation et l’exécution des budgets municipaux et des difficultés de gestion au niveau local.

« Cette formation tend à harmoniser les relations de travail entre les agents exécutifs intérimaires et les caissiers en raison de plusieurs tentatives de licenciement effectuées par certains maires », pense Fritzner Celismé, conseiller juridique au MICT.

Par ailleurs, le formateur précise que le ministère cherche à assurer la stabilité de la fonction publique territoriale, conformément à la Constitution de 1987 et aux décrets-lois du 1er février 2006 et du 17 mai 2006.

De vifs débats

Certes, les débats ont été parfois agités. Certains ont regretté la révocation arbitraire d’employés de la précédente administration effectuée par des maires nouvellement nommés. Les formateurs ont ainsi rappelé aux maires et agents exécutifs intérimaires la nécessité d’appliquer la loi en matière de révocation et d’embauche de nouveaux employés, sans clientélisme ni népotisme.

Concernant la gestion des titres fonciers de l’Etat, le maire adjoint de Saint-Jean du Sud, Cherisier Jean Marc, déplore l’attitude de certains de ses pairs qui, selon lui, profitent de leur position pour vendre les terres de l’Etat à des particuliers. Or, selon la loi en vigueur, les maires gerent les biens fonciers publics mais ne peuvent les vendre.

D’un autre côté, l’absentéisme et le cumul des postes de certains employés municipaux a suscité de vifs débats. « Certains employés cumulent deux postes, l’un à la mairie et l’autre dans une entreprise privée. Ils ne vivent même pas dans la commune de la municipalité et y viennent uniquement pour prendre leur chèque », regrette l’édile de Roche-à-Bateau, Ermite Alfred Louis-Jean.

Exécutées sur les 10 départements du pays, ces formations devront aboutir, a terme, sur l’élaboration dans chaque mairie d’un plan de développement et d’un budget propre, prépares avec le soutien du ministère de tutelle. Elles sont financées par le programme des Projets à effet rapide (QIPS) de la MINUSTAH à hauteur de 145 000 dollars US.

Myrline Lucien