Tempête tropicale Isaac : Le secteur de l’agriculture et la prévention du cholera, en tête des priorités

27 aoû 2012

Tempête tropicale Isaac : Le secteur de l’agriculture et la prévention du cholera, en tête des priorités

Suite à la tempête tropicale Isaac qui a traversé Haïti dans la nuit du 24 au 25 août dernier, la Direction de la Protection Civile fait état d’un bilan partiel de 19 morts, 6 disparus, 22 blessés, 335 maisons détruites, 2.346 maisons endommagées, et 15.812 personnes évacuées. Le secteur de l’agriculture - fortement touché - et la prévention du choléra sont au cœur des préoccupations.


Tempête tropicale Isaac : Le secteur de l’agriculture et la prévention du cholera, en tête des priorités


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Photo : Victoria Hazou – UN/MINUSTAH

Au-delà des actions humanitaires en cours pour répondre aux effets de la tempête tropicale Isaac, la prévention du choléra et la sécurité alimentaire sont au cœur des préoccupations du Gouvernement haïtien et de ses partenaires. Les rapports relatifs aux dégâts dans le secteur de l’agriculture sont parlants. Selon la Direction de la Protection Civile, on estime à 3.632 le nombre des familles sinistrées suite à cette tempête. Des rations d’urgence pour 2.193 familles ont été livrées ce jour dans les départements de l’Ouest et du Sud-est et l’OIM a également distribué des rations alimentaires à 2.645 familles dans 23 sites d’hébergement du département de l’Ouest.
Dans son bulletin d’information du 27 août dernier, le Bureau des Nations Unies pour la Coordination des Affaires humanitaires (OCHA) indique qu’un Groupe technique pour la sécurité alimentaire composé du Fonds des Nations Unies pour l’Agriculture et l’Alimentation, (FAO), du Programme Alimentaire Mondial (PAM) et d’ONG partenaires a été mis en place pour appuyer le Centre National pour la Sécurité Alimentaire (CNSA) et le ministère de l’Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement Rural, (MARNDR).
Cinquante membres « bien entrainés » du personnel du MARNDR appuyés par la FAO ont de ce fait été déployés à travers le pays en vue d’évaluer les dégâts et répondre aux besoins du secteur agricole.
Selon l’agronome Frantz Joseph, détaché auprès de la Direction de la Protection civile pour le MARNDR, la région la plus touchée reste le Sud-Est avec d’énormes pertes au niveau de l’agriculture. Cependant, a-t-il signalé, il faudra attendre au moins six semaines pour avoir une idée claire des dégâts causés par le passage d’Isaac. Ces dégâts, dit-il, sont aussi considérables au niveau des plantations de bananes dans la plaine et l’Arcahaie.
Dans la Grande Anse, des dégâts matériels et agricoles ont également été enregistrés dans plusieurs endroits. Mais, c’est la zone de Fond Cochon, deuxième section communale de Roseau qui en a payé le plus lourd tribut avec 150 ménages agricoles affectés.
Pour sa part, la FAO signale de lourdes pertes au niveau du bétail et des plantations de bananes. Ce qui vient s’ajouter à la sécheresse ayant affecté des plantations de céréales, spécialement dans le département du Nord-Ouest. L’organisation estime que de nouvelles recherches et évaluations relatives à la sécurité alimentaire sont nécessaires. OCHA souligne que des stocks de contingence agricole pouvant couvrir les besoins de quelque 20,000 familles ont été placés à des endroits stratégiques sous la supervision du MARNDR et de ses structures décentralisées.
En ce qui concerne la nourriture, le PAM déclare qu’en plus des produits disponibles de la part des acteurs nationaux, des rations alimentaires d’urgence sont prévues pour venir en aide à plus de 305,000 personnes. L’organisme affirme aussi disposer d’un stock d’environ 20,000 tonnes métriques de produits alimentaires variés susceptibles de couvrir les besoins de 517,000 personnes pendant 21 jours.
Le 24 août dernier, le PAM, en collaboration avec l’OIM, a distribué 3.2 tonnes métriques de biscuits hautement énergétiques dans 14 centres d’évacuation d’urgence à Port-au-Prince et dans ses environs. Selon le PAM, la nourriture distribuée représente une ration de deux jours pour satisfaire les besoins de quelque 8,300 personnes qui se trouvent dans 18 camps.

Vigilance sur le choléra

En ce qui concerne le choléra, l’heure est à la prévention. Selon le Coordinateur du cluster Santé, Dr Alonso Juan Carlos, le bilan partiel fait état de 140 cas de diarrhée aigue dans les départements de l’Ouest, du Sud-est et du Sud. Pour sa part, le Coordinateur du cluster WASH, Olivier Thonet affirme qu’il n’y a pas de résurgence de l’épidémie, et que des mesures préventives sont prises pour parer à toute éventualité. « Nous avons positionné du chlore dans tous les départements et des produits de traitement de l’eau à domicile seront distribués en cas d’inondation », nous a-t-il expliqué. Dans le souci de prévenir tout risque de contagion de maladies due à la mauvaise qualité de l’eau, deux camion-citerne d’eau ont été pré-positionnés au niveau de l’Office Régional de l’Eau Potable (OREPA) du Sud (aux Cayes et à Jacmel), un camion-citerne dans l’Artibonite et un autre dans le Nord. Deux camions de vidange ont été aussi pré-positionnés dans la ville des Cayes. Toutefois, trois décès dus au choléra ont été enregistrés et 20 nouveaux cas d’hospitalisation ont été signalés à l’hôpital des Cayes après le passage d’Isaac. Mais le nombre de cas de personnes atteintes de la maladie, reste toujours stable depuis environ cinq mois selon le coordonnateur national de la lutte contre le choléra au Ministère de la Santé Publique.
Pour sa part, la MINUSTAH a, au cours des dernières 72 heures, conduit à travers le pays des opérations impliquant 6.461 troupes militaires qui ont distribué 46,000 litres d’eau et apporté une assistance médicale aux populations dans le besoin. Pour leur part, une équipe de médecins et de pharmaciens parmi les Casques bleus népalais a prodigué aujourd’hui des soins à plus de 100 patients du camp Bénédiction de Port au Prince.

Rédaction : Tahirou Gouro Soumana
Edition : Eliana Nabaa