Photo : Jean Patrick Mackintosh - UN/MINUSTAH

« D’ordinaire, nous utilisons le théâtre comme vecteur de transmission de messages dans le cadre de campagnes de sensibilisation données. Par rapport aux feed-back que nous recevons, nous pouvons dire que nos messages n’ont pas été vains », affirme Arnel Monthias, un jeune praticien de l’art dramatique.

Originaire de Hinche, Arnel est le fondateur de la compagnie Nanm Soley, une structure  culturelle qui évolue au plateau central. Fondée en 2014, Nam Soley a déjà présenté diverses prestations culturelles sur des thématiques sensibles qui touchent la population du Centre dont la violence électorale, l’égalité du genre, le SIDA entre autre, en utilisant les techniques mélodramatique, mime, tragicomédie etc.

Le fondateur de Nam Soley cite une activité de Théâtre de rues réalisé à Hinche le 20 décembre 2015,  traitant de la violence électorale, dont l’impact a été très payant pour la compagnie en termes de visibilité et pour la population hinchoise en termes de conscientisation. Par ailleurs, grâce à cet atelier, il découvre une nouvelle manière d’atteindre ses objectifs. « Cette nouvelle forme de théâtre plus dynamique ne peut que renforcer l’efficacité de cet outil », opine-t-il.

En effet, après l’Artibonite, le Nord, le Nord’Est, le Nord’Ouest et l’Ouest, les infatigables membres Les Rescapés se sont arrivés au Plateau Central, le jeudi 12 janvier pour une escale de 3 jours pendant lesquels ils ont animé des ateliers deformation au profit d’une trentaine de jeunes acteurs et réalisateurs locaux issus de 5 troupes culturelles (Rasin San Bout, Boukan Lakay, Fila C et Soley Douvanjou). Ces échanges ont été basés sur les techniques du Théâtre-forum, une nouvelle manière plus dynamique de former, d’informer et de sensibiliser les communautés. Les thèmes abordés ont été : le phénomène de « domesticité, violence électorale et communautaire, violence basée sur le genre… »

Fier de ses nouvelles compétences en arts dramatiques, Arnel se fixe de nouvelles perspectives pour lui et son équipe. « Dorénavant, Nanm Soley va prioriser le théâtre-forum lors de ses futures prestations, qu’elles soient des Initiatives personnelles ou commanditées », affirme Arnel Monthias.

Les habitudes culturelles, un atout à exploiter au profit de la paix

Le caractère universel de l’art lui confère la notoriété d’être l’un des moyens les plus efficaces pour véhiculer un message de sensibilisation. Qu’il s’agisse de la chanson, de la danse, du théâtre ou encore de la poésie, c’est le vecteur qui permet de toucher un large public aux goûts, aux préférences culturelles, classe sociale et surtout aux croyances diversifiées.

« Outre la puissance du mode de transmission de message orale qui caractérise la culture haïtienne, en prenant en compte le taux d’analphabétisme, les messages de bouche-à-oreille permet d’atteindre un plus grand nombre de personnes en Haïti », estime Soukaina Prosper, un officier à l’information publique de la MINUSTAH. Selon elle, cette tournée qui touche les 10 départements du pays est d’une grande importance pour les communautés artistiques d’autant en  plus que c’est une formation demandée par les bénéficiaires lors de précédentes tournées nationales des rescapés . 

Photo : UN/MINUSTAH

D’un autre côté,  un tel projet permet de sensibiliser les bénéficiaires sur l’importance du dialogue dans la rechercher de solution à des problèmes communs qui touchent une ville, une communauté, un pays… Et ce, à une plus grande échelle.  L’établissement d’une paix durable ne peut se faire sans le dialogue, la tolérance et le respect mutuel.  Les techniques du théâtre-forum permettent de cultiver ces valeurs. « En appuyant un tel projet,  la Mission des Nations pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH), apporte sa contribution dans l’établissement d’une culture de Paix en Haïti », souligne Mme Prosper.

« Mwen se Aktè Aveni Peyi-m-(Je suis acteur dans l’avenir de mon pays) » en créole haïtien est le thème de la tournée Nationale sur les techniques de théâtre-forum lancée le 14 décembre 2016 par l’association nationale Les Rescapés. « L’objectif est de former 250 jeunes acteurs, repartis à travers les 10 départements du pays. Nous en avons déjà formé plus d’une centaine », informe Saint-Louis Walkerson, acteur-formateur au sein de l’association « Les rescapés ». Pour lui, l’expérience est très enrichissante et pleine de bonnes surprises.

Soutenir ce projet rentre dans  le cadre de la stratégie de transition de la Mission visant au transfert des capacités aux jeunes agents de plaidoyers haïtiens telles que les troupes de théâtres, pour que ceux-ci deviennent eux-mêmes des acteurs de changement.