Violence basée sur le genre : un mal universel
Photo : Marie Yolette B. Daniel - UN/MINUSTAH
« Prôner la participation des femmes requiert des réflexions approfondies notamment sur les multiples barrières qui freinent fatalement l’élan des femmes », argumente Duval Darline, une résidente de Carrefour-Feuille, quartier populaire de Port au prince. Âgée de 38 ans, Darline est à la tête d’une organisation de femmes et elle se consacre au renforcement de la capacité économique des membres.
Son travail consiste entre autres à lutter contre la pauvreté et l’oisiveté des femmes qui sont, selon elle, des sources qui alimentent le cercle de la violence basée sur le genre en Haïti. « Certaines femmes qui ont vécues dans un environnement de violence pendant longtemps ou qui sont économiquement dépendantes de leurs conjoints acceptent d’être violentées comme si c’était naturel », témoigne Darline.
Merville Antoinette, une des bénéficiaires de cette activité a sa propre définition de la violence à l’égard des femmes. « La violence de genre représente toutes les formes d’agressions qui nous atteignent dans notre dignité comme personne », dit-elle comme s’adressant à elle-même. D’où l’importance de mener des actions continues sur le thème de cette année : « Patisipasyon fanm = Ayiti djanm/ Participation des femmes=Haïti forte ».
À l’instar de Darline et de Antoinette, Hilaire Danielle, coordonnatrice du Mouvement des Femmes Professionnelles d’Haïti (MFPH), la violence de genre affecte une large population issue de toutes couches sociales, y compris dans le milieu intellectuel. « Aucune femme à la chambre des députés ni au parlement, c’est clair que la situation est particulière en Haïti. Les femmes n’ont personnes qui soient bien placé pour les défendre. Intervenir sur la problématique de la violence à l’égard des femmes en Haïti nécessite des interventions collectives, diversifiées et musclées», soutient-elle, estimant qu’aucune femme n’est exempte de ce fléau.
Dans ce contexte, l´équipe des Nations Unies en Haïti a lancée le 25 novembre dernier la campagne de 16 jours d´activisme contre la violence basée sur le genre en soutenant le Ministère à la Condition Féminine et en annonçant un programme d´activités qui invite à la réflexion sur le rôle des femmes comme acteurs clés du développement durable. L´ONU appelle également au financement des efforts pour l´autonomisation et les droits de femmes, puisque les pays qui investissent dans l´amélioration de la situation sociale et économique des femmes deviennent plus prospères.
Photo : Logan Abassi - UN/MINUSTAH
Aussi, le bureau du genre de la MINUSTAH conjointement avec Femmes en Association pour le Développement d’Haïti et pour le Renforcement de l’Intégration Sociale (FADHRIS) ont tenu une séance de sensibilisation et d’information sur la problématique de la violence faite aux femmes et aux filles, le mercredi 30 novembre 2016, à Carrefour-Feuille. Cette sensibilisation bénéficie à plus de 200 personnes des deux sexes, dont des jeunes filles membres d’association mixtes impliqués dans la lutte pour l’autonomisation et l’émancipation des femmes.
Cette séance de sensibilisation fait partie d’un ensemble d’activités (plus d´une vingtaine) proposées par la campagne, telles que des ateliers de sensibilisation, des programmes artistiques (liés à la musique, la peinture et la poésie), des cliniques mobiles, un match de football d´une équipe de l´ONU avec l´équipe nationale féminine et des actions de plaidoyer pour la santé sexuelle et reproductive, ainsi que pour la prévention des maladies telles que le Sida.
Rédaction : Marie Yolette B. Daniel