Photo : Marie Yolette B. Daniel - UN/MINUSTAH

« Cela fait trois ans depuis que je vis avec mon handicapé. Les circonstances de mon accident m’ont poussé à réfléchir et aujourd’hui, je vois la vie d’une autre manière », déclare Alexandre Guercy, l’air sûr de lui. Voir la vie différemment signifie pour lui de faire ce qu’il faut entant que citoyen haïtien pour rendre son pays vivable. C’est-à-dire, « participer dans ces élections qui donnent à chaque citoyen le droit de choisir des dirigeants en qui ils voient un vrai leader qui sera au service de toutes les couches sociales, notamment les personnes vivant avec un handicap », a-t-il poursuivi.

Âgé de 40 ans, Guercy a été victime d’un accident de voiture qui a causé la mort d’une dizaine de personnes. Des pères et des mères de famille qui,  comme lui, ont été contraints de quitter Haïti pour chercher du travail en République Dominicaine. « Je viens de voter pour un changement. J’entends par-là élire des dirigeants aptes à mettre le pays sur la voix du développement», souligne-t-il.

Développement, changement, une vie meilleure… ce sont des expressions qui reviennent sur les lèvres ; Jeunes, femmes, hommes, handicapés et personnes-âgées. Pour certains, ces simples mots  signifie création d’emplois, mise en place de centres hospitaliers bien équipés et disposant des ressources humaines qualifiées. Pour d’autres, la mise en place des infrastructures scolaires, des centres universitaires et écoles professionnelles adéquats, et encore, la prise en compte par les autorités des personnes à besoins spéciaux entre autres les femmes et les personnes à mobilité réduite.

En effet, comme pour le reste du pays, bon nombre d’électeurs (jeunes,  vieux, femmes,  hommes, personnes à mobilité réduite sans distinctions), dans les 12 communes du département du Centre ont été au grand rendez-vous. Munis de leurs cartes électorale et agissant comme une seule personne,  les votants ont pris avec grand  espoir le chemin des urnes. Pourtant, ils avaient chacun des objectifs différents.

C’est le cas de Nadège Dorléans, une jeune éducatrice fraichement diplômée de l’école jardinière à Hinche. « J’ai voté pour un changement radical de la situation et des conditions de travail des enseignants. C'est ma motivation »,  s'exclame–telle. Toute excitée,  un large sourire illuminant son visage, cette jeune enseignante de 25 ans compte parmi des centaines d'autres jeunes qui sont décidés à prendre allègrement le chemin des urnes ce dimanche 20 novembres 2016. D’autre en plus que pour elle, c’est la première fois…

Comme Nadège, Samuel Ravilus 90 ans, retraité des forces armées d'Haïti (FADH), donne le ton aux personnes âgées. Selon lui, sa génération a aussi le devoir de porter leur contribution pour une Haïti qui soit en mesure comme dans le temps, de nourrir ses filles et fils. « J'ai 90 ans. Tout autant que je respire, c'est mon devoir de choisir des dirigeants consciencieux, visionnaires qui vont œuvrer pour l’avancement du pays », affirme le nonagénaire.

« Les élections du 20 novembre  représentent un grand enjeu, l'espoir même  du peuple haïtien qui attendait ce moment avec impatience », lance Assefie Altidor. Aussi, à la satisfaction de tous, le processus de vote a  démarré entre 5h30 et 7heures du matin au niveau de tout le département du centre. Mise en place des urnes, affichage des listes électorales, comptage des bulletins de vote etc. comptent parmi les actions entreprises par le personnel vacataire et sous les regards vigilants des mandataires des partis politiques pour rendre les bureaux de vote fonctionnels.  

Au centre de vote de l’EFACAP de Hinche, les 23 bureaux accueillent ses premiers électeurs dans un calme troublé uniquement par le chuintement du détachement des bulletins et/ou le feuilletage de la liste d’émargement. En dépit de la longue file d’attente, les électeurs attendent patiemment les consignes des Agents de Sécurité Électorale(ASE) assistés par des agents de la Police Nationale d’Haïti (PNH). 6h56… « Je viens de faire mon choix. C’est seulement par des élections que je peux espérer un changement pour mon pays, surtout sur le plan sécuritaire », affirme Assefie, 28 ans qui affiche le sourire ravi de quelqu’un qui vient de gagner le grand prix. 

Rédaction : Marie Yolette B. Daniel