13 bureaux dans les commissariats contre les violences sexuelles

1 sep 2014

13 bureaux dans les commissariats contre les violences sexuelles

Photo : Logan Abassi - UN-MINUSTAHPhoto : Logan Abassi - UN-MINUSTAH

 

28 agents femmes de la Police nationale d’Haïti (PNH) ont reçu leurs certificats sur les violences sexuelles basées sur le genre, le 15 août 2014 dans la commune de Saint Marc. Ce, au terme d’une série de formations débutées en 2010. Les certificats ont été remis par la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en Haïti, Sandra Honoré.

La dernière formation, d’une série de cinquante, s’est tenue du 11 au 15 août 2014 au Club Indigo (commune de Saint Marc). Elle a été animée par le bureau de la coordination nationale des affaires féminines de la Police Nationale d’Haïti (PNH), appuyée par l’Unité de la Violence Sexuelle basée sur le Genre (SGBV) de la Police des Nations Unies (UNPol).

« Avec cette formation, nous saurons mieux accueillir les victimes, les orienter vers les instances concernées qui assureront le suivi des dossiers. Leurs plaintes seront donc bien traitées, et les auteurs auront à faire à la justice », explique Marie Denise Laguerre, inspectrice divisionnaire au bureau de la coordination nationale des affaires féminines de la PNH.

Selon une enquête menée en 2012 par l’Institut haïtien de l’enfance, plus de 13 % de femmes ont été victimes d’agressions sexuelles dans leur vie. Mais, beaucoup gardent le silence plutôt que de poursuivre l’agresseur devant le tribunal. Celles qui portent plainte ne trouvent pas de suite à leurs démarches.

Une étude de la Section Droits de l’homme de la MINUSTAH révèle qu’une moitié des 81% de plaintes pour viol déposées aux commissariats de police ne sont pas transmises aux juges.

« Durant cette formation, nous avons examiné les types d’agressions sexuelles, la prise en charge des victimes, la conduite d’enquête et la procédure de saisine. Les agents sont désormais aptes à traiter les plaintes des victimes comme il se doit», soutient l’inspecteur de police haïtienne Magali Belyo, animatrice de la formation.

13 bureaux de genres mis en place dans les commissariats

Le projet SGBV est financé par la Norvège à hauteur de 1,6 million de dollars américains. Il permettra de doter la PNH de 30 formateurs en SGBV et de former 1 129 policiers haïtiens qui travailleront notamment dans 13 bureaux du genre mis en place dans les commissariats où les victimes d’agressions sexuelles seront reçues.

« Il est reconnu depuis un certain temps maintenant que la violence basée sur le genre est passée du domaine privé à l’attention publique et est devenue la responsabilité de l’Etat », a déclaré Sandra Honoré, la Représentante Spécial de Secrétaire général des Nations Unies en Haïti et chef de la MINUSTAH, lors de la remise des certificats. Elle a ainsi situé la place qu’occupe l’Etat haïtien dans l’éradication de la violence basée sur le genre.

Mme Honoré a ensuite mis les bénéficiaires face à leurs responsabilités en tant que pionnières : « Le projet SGBV se veut un catalyseur, afin de modifier des comportements. Mais, ce changement doit être amorcé par chaque policier et chaque policière dans son intervention… ».

Le directeur départementale de la PNH de l’Artibonite, l’Inspecteur Soljour Berson, a rappelé aux participantes : « Vous avez été sensibilisées à accueillir les victimes de violences sexuelles pour donner un traitement approprié. Car, trop souvent, dans la Police nationale d’Haïti, les dossiers de violences conjugales ne sont pas vraiment bien traités. », a-t-il souligné.

En termes de réalisations, la chef de la MINUSTAH note avec satisfaction que le projet SGBV a permis « d’approfondir les connaissances en matière de violence basée sur le genre au niveau de la PNH. Et de surcroit, d’augmenter les compétences en ressources humaines de la PNH ».

Pour le chef de la Police des Nations Unies (UNPol), le Commissaire Luis Carrilho, « l’équipe SGBV de la MINUSTAH a terminé son programme de formation, mais beaucoup reste encore à accomplir ». C’est pourquoi il exhorte les bénéficiaires à poursuivre au quotidien la sensibilisation contre les violences sexuelles basées sur le genre.

Antoine Adoum Goulgué –UNPol/MINUSTAH