3 ans après le séisme, les déplacés du plus grand camp d’Haïti vont de l’avant

12 jan 2013

3 ans après le séisme, les déplacés du plus grand camp d’Haïti vont de l’avant

3 ans après le séisme, les déplacés du plus grand camp d’Haïti vont de l’avant

Photo : Igor Rugwiza – UN/MINUSTAH

A l’entrée principale de Corail-Cesselesse, le plus grand site de déplacés du séisme situé à 20 km de Port-au-Prince, Joseph hèle les passagers potentiels, assis au volant de sa camionnette bariolée. « A chaque trajet de Corail à Bon Repos [une commune de la périphérie de la capitale haïtienne, NDLR], les passagers qui vont, pour la plupart, travailler en ville me paient 5 Gourdes ou 12 centimes. » En avril 2010, Joseph fut l’un des premiers à saisir l’opportunité d’un nouvelle route à desservir, quand les premières familles de sinistrés du séisme furent relogées dans ce vaste terrain aride, mis à disposition des humanitaires par l’Etat haïtien.

Construit sur un terrain de 25.000 hectares, sur une plaine alluviale à la merci des vents, du soleil et de la pluie, le camp de Corail Cesselesse a suscité, dès sa création, interrogations et critiques quant à sa viabilité. « Notre plus grand problème ici demeure celui de l’eau », explique Frandcise Levoy. Cette infirmière travaille dans un centre de santé qui dessert aussi les 90.000 personnes qui se sont installées progressivement autour du site desservi par les humanitaires. « Depuis le départ gradué des organisations non gouvernementales (ONG) en 2011, il faut parcourir des kilomètres pour aller chercher de l’eau ou payer 5 gourdes le seau à la citerne », dit-elle, montrant du revers de la main le sol poussiéreux.

3 ans après le séisme, les déplacés du plus grand camp d’Haïti vont de l’avant

Le long des allées où s’alignent des maisons en préfabriqués, jadis construites par différentes organisations humanitaires, des arbustes et des plants de poids et de mil se disputent le peu d’eau qui dévale trop vite le sol en pente douce. Contre toute attente, l’activité économique s’y est peu à peu développée. L’allée centrale est bordée de boutiques colorées, quincailleries, salons de beauté ou points de recharge téléphonique. A l’entrée du site, un marché permet aux paysans du coin d’écouler leurs produits.

Plus loin, l’école nationale accueille plus de 1.000 élèves, de la 1e a la 9e année. Assis dans son bureau en contreplaqué, une table en bois et deux chaises comme seul mobilier, son directeur, Sansoir Boyer, est songeur. « Les 33 enseignants de l’école continuent d’assurer les cours, malgré des arriérés de salaire. Corail est comme un petit village », dit-il. « C’est à ses habitants de travailler ensemble pour le transformer ».

En quete de développement durable

3 ans après le séisme, les déplacés du plus grand camp d’Haïti vont de l’avant

Pour preuve que la vie y prend une tournure permanente, Frénel Licence, un jeune responsable communautaire, explique que « Corail a besoin d’un cimetière car, pour l’instant, les familles enterrent leurs morts dans l’unique cimetière de la zone », à plus de 5 km de distance. Par contre les églises y fleurissent, puisque six d’entre elles ont déjà été construites par les résidents du site.

Depuis le 15 mai 2011, quand la gestion du site a été transférée de l’ONG en charge, American Refugie Committee (ARC), à la Mairie de la Croix-des-Bouquets, Corail a été intégré à la commune. Un sous-commissariat assure la sécurité des résidents, mais les questions d’état civil et de justice sont toujours gérées à distance, précise le représentant de la Mairie, John Cassinet.

Plus de 350.000 déplacés du séisme vivent toujours dans des camps, mais Corail Cesselesse rêve aujourd’hui d’une vraie autonomie. « La région a besoin de projets à long terme, de projet de développement durable » dit le responsable, « et non d’aide ».