POINT DE PRESSE DES NATIONS UNIES avec le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux opérations de maintien de la paix, M. Hervé Ladsous - Vendredi 11 janvier 2013

11 jan 2013

POINT DE PRESSE DES NATIONS UNIES avec le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux opérations de maintien de la paix, M. Hervé Ladsous - Vendredi 11 janvier 2013

 

NATIONS UNIES
Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti

POINT DE PRESSE DES NATIONS UNIES
Vendredi 11 janvier 2013

Animé par :


Le Secrétaire général adjoint des Nations unies aux opérations de maintien de la paix, M. Hervé Ladsous.

INTERVENTION DE LA DIRECTRICE DU BUREAU DE LA COMMUNICATION ET DE L’INFORMATION PUBLIQUE, Mme YASMINA BOUZIANE

Mesdames et Messieurs, bonjour à tous et bienvenue à cette conférence de presse.
Aujourd’hui, nous avons le plaisir d’accueillir M Hervé Ladsous, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies.
Il est accompagné de M. Fernandez, le Représentant spécial du Secrétaire général en Haïti, que la plupart d’entre vous connaissent bien.

Au cour de sa visite, M Ladsous a rencontré de nombreux représentants du gouvernement , de la société civile, de nos partenaires nationaux et internationaux et des composantes militaires, de police et civiles de la MINUSTAH . Nous sommes ravis de l’occasion qui lui est donnée d’échanger à présent avec les médias.

Sans plus attendre, nous lui donnons la parole et ensuite il répondra à vos questions. Mesi anpil !

INTERVENTION DU SECRETAIRE GENERAL ADJOINT DES NATIONS UNIES POUR LES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX , M. HERVE LADSOUS

Merci beaucoup et bonjour à toutes et à tous. Je suis heureux de vous rencontrer en cette occasion qui s’inscrit dans une question qui est d’abord d’actualité, puisque nous célébrons aujourd’hui et demain le 3e anniversaire du terrible séisme qui avait causé tant de ravages en Haïti et tué tant de nos collègues, tant de nos amis.

Mais au-delà de cela, il s’agit de faire le point avec la Mission, avec les autorités haïtiennes, avec la société civile haïtienne, et de voir où nous en sommes dans la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité et dans le travail de la MINUSTAH, un travail qui a démarré, il y a 9 ans, mais qui s’inscrit dans la continuité de six autres opérations onusiennes depuis 18 ans. Le séisme a évidemment créé une situation extrêmement nouvelle et depuis 2010, il y a eu une très forte priorité donnée à l’action d’urgence, à l’action humanitaire, à l’aide à toutes les populations sinistrées pour retrouver un toit et faire face aux conséquences désastreuses de cette catastrophe naturelle. Maintenant même, s’il reste encore environ 300.000 personnes déplacées à réinstaller, la MINUSTAH a renoué avec le cœur de sa mission, qui se concentre autour de deux tâches principales.

La première tâche, c’est la consolidation de la situation sécuritaire et, il faut bien constater que des progrès considérables ont été accomplis. La sécurité des personnes et des biens n’est pas encore parfaite, loin s’en faut, mais elle s’améliore et notre objectif est d’aider les autorités haïtiennes à être en mesure d’assurer cette tâche qui leur revient au premier chef : la sécurité de la population. Nous le faisons notamment plus que jamais en accentuant la formation de la Police nationale haïtienne. Et nous avons des objectifs extrêmement précis, puisqu’il s’agit de faire en sorte que la Police nationale haïtienne dispose de 16.000 personnes formées, opérationnelles, dans un délai de trois ans.

La seconde tâche concerne la consolidation de l’état de droit. C’est une tâche considérable parce qu’elle implique le fonctionnement optimal des institutions de l’Etat, elle implique toute une série de réformes juridiques et c’est un travail dans lequel les autorités haïtiennes doivent entièrement prendre l’initiative. C’est un thème que j’ai abordé au cours de tous les entretiens que j’ai eus, notamment avec le Président de la République, divers ministres, les institutions parlementaires. Car si les problèmes politiques sont bien sûr légitimes, il faut un véritable consensus pour réaliser cet état de droit. Sans sécurité, sans état de droit, il est difficile d’imaginer que les investisseurs internationaux pourront venir en très grand nombre répondre à ce besoin qui, je crois, est le besoin primordial d’Haïti : la création d’emplois, la création des conditions qui feront qu’Haïti pourra sortir de la pauvreté et amorcer une spirale vertueuse vers le développement, vers plus de prospérité pour la population.

La création d’emplois c’est évidemment le rôle des opérateurs, des institutions financières. Je leur ai dit, et cela a été mon message aux autorités haïtiennes, mon message à la société haïtienne, pour contribuer à créer les conditions qui permettront à cette politique de développement de se concrétiser. Alors, il y a un travail qui doit être poursuivi. Je vous le dis tout de suite, la MINUSTAH ne va pas fermer demain. La MINUSTAH s’ajuste et c’est la demande qui a été exprimée par le Conseil de sécurité. La sécurité s’est améliorée. Nous allons donc réduire d’environ 1.700 personnels la composante militaire de la MINUSTAH. Je voudrais au passage saluer le travail remarquable qu’elle a accompli et je pense maintenant à tous les contingents latino-américains qui, sous le commandement du Lieutenant-Général Goulart, font un travail tout à fait remarquable. Nous ajustons la composante policière, mais il nous faut continuer ce travail et c’est ce que nous allons faire. Je voudrais saluer à cette occasion le travail remarquable fait par le Représentant spécial du Secrétaire général, l’ambassadeur Fernandez, et tous nos collègues qui se dépensent sans compter pour aider le beau pays d’Haïti à progresser vers plus de prospérité et plus de bonheur. Il le mérite bien. C’est un pays que je connais moi-même un petit peu pour avoir travaillé en tant que diplomate français à Port-au-Prince, il y a une vingtaine d’années. Et j’ai appris à apprécier, à admirer la résilience des Haïtiens, leur courage, leur détermination. Nous sommes à leurs côtés plus que jamais.

La communauté internationale, à travers les différentes opérations, à travers la MINUSTAH, a beaucoup investi dans la sortie de crise d’Haïti. L’investissement a été politique, il a été humain, il a été financier aussi. Nous n’allons pas compromettre tout cet investissement. Plus que jamais, il nous faut travailler la main dans la main avec nos amis haïtiens, avec les autorités, avec la société civile. Voilà, cette visite me permet de faire le point et, en concertation avec nos collègues ici, tracer les axes pour la période qui vient.

Questions-Réponses

Radio Kiskeya : Est-ce que vous êtes plus que satisfait des travaux réalisés par la MINUSTAH en Haïti, surtout sur le plan sécuritaire ?

Hervé Ladsous : Oui effectivement il y a des progrès qui ont été accomplis, il y a beaucoup moins de violence à travers le pays. Je crois que la situation actuelle est certainement bien meilleure qu’elle ne l’a été par le passé mais il reste des tâches à accomplir. La priorité pour nous maintenant, c’est de mettre les autorités haïtiennes, à travers la Police nationale d’Haïti, en mesure d’assurer ce qui est la première mission de tout gouvernement : offrir à ses citoyens la sécurité des personnes et des biens. Il y a actuellement dans la police nationale Haïtienne 10 000 policiers. Notre objectif est d’atteindre dans les prochaines années un effectif de 16 000 policiers, 16 000 policiers formés, compétents et honnêtes c’est pour cela que nous nous sommes fixé l’objectif de former au moins 1 millier de policiers chaque année. C’est un processus qui est complexe mais nous travaillons directement avec le directeur général de la Police nationale. C’est pour cela que nous avons autant de policiers dans la MINUSTAH pour partager leurs expériences et faire en sorte que ces policiers puissent être déployés dans tout Haïti pour faire appliquer la loi et assurer l’ordre.
MINUSTAH FM : Est-ce que vous envisagez au niveau du Conseil de sécurité de redéfinir le mandat de la MINUSTAH. Parce que c’est une demande qui a été faite par rapport aux efforts de développement au niveau d’Haïti, au regard du grand budget qui englobe les opérations de maintien de paix en Haïti.

Hervé Ladsous : Je crois cher Monsieur que la question n’est pas d’ajuster ou de modifier le mandat. Encore une fois, le Conseil de sécurité, qui est notre maitre politique, n’en a pas exprimé le souhait. Ce qui est clair c’est qu’entre 2010 et 2012, la priorité allait très largement à l’urgence, la résolution des drames humanitaires que ce pays a vécus après le séisme. Mais maintenant que le gros de ces problèmes a été traité et que des solutions ont pu être trouvées grâce à la mobilisation de l’ensemble de la communauté internationale, du système des Nations Unies, des grands bailleurs de fonds bilatéraux mais aussi des organisations non gouvernementales, on a eu ce qu’on appel un pic d’activités. Maintenant nous revenons dans le contexte qui était celui de la MINUSTAH avant le séisme de 2010. À ce moment-là, des progrès significatifs avaient pu déjà être enregistrés. Nous nous retrouvons sur le cœur de notre métier qui est la sécurisation et le renforcement de l’état de droit. Je l’ai dit, ce n’est pas à nous d’investir massivement pour le développement d’Haïti, nous n’en avons pas les moyens, nous n’avons pas le mandat non plus. Notre justification c’est de créer des conditions qui permettront au développement de se réaliser et qui permettront aux investisseurs de se sentir en mesure de venir créer des emplois et de contribuer davantage à la prospérité. C’est parce qu’il y aura un état de droit qui offrira des garanties, des garanties juridiques en terme de lois et de pratique de la loi. C’est à partir du moment où il y aura une bonne sécurité sur l’ensemble du territoire que je pense que les investisseurs viendront beaucoup plus nombreux. Je pense qu’il y a déjà de nombreux projets qui sont évoqués. Voilà, nous sommes des facilitateurs, nous créons des conditions qui permettront à Haïti de renouer avec une croissance forte et avec une élévation importante du niveau de vie de sa population.

Al Jazeera - This week, UN has announced a huge new initiative to eradicate cholera from Haiti, I am not quite sure what happened, but I likely heard that UN peacekeepers brought cholera in Haiti, would you agree with that or no?

Mr Ladsous : I will take that question from a different view that the way you put it. It is true that allegations and some complaints against the United Nations have been made. These are being handled by lawyers and it seems logical that I cannot comment on legal methods. But, I would say this, it is true that the epidemic has to be faced. This is why the United Nations, since the epidemic started, has devoted a lot of means to contain the situation. During the last two years, it is almost 120 million dollars that have been invested by MINUSTAH in water projects, sanitation projects, and medical measures, of course. And it is in this context that the Secretary-General of the United Nations launched, last month, a major initiative to support the joint project between Dominican Republic and the Republic of Haiti to eliminate cholera from Hispaniola. This is going to involve a huge amount of money, about 2.2 billion dollars over the next ten years, and the first element will be a campaign to vaccinate the segment of the population the most at risk. But of course, another very important element is to guarantee to the people in Haiti access to clean water, sanitation, water treatment…these are the most important.

M Ladsous : La question portait sur l’épidémie de cholera. Je disais que des plaintes ont été déposées et que des juristes sont en train de les étudier. Je ne suis donc pas en mesure de commenter des dossiers juridiques qui sont en cours de traitement. Mais, il est clair que l’épidémie est un fait et il faut y faire face. C’est la raison pour laquelle au cours des deux dernières années, les Nations Unies ont consacré près de 120 millions de dollars à des actions médicales d’urgence, au développement de projets pour assainir l’eau parce que cela constitue un aspect clé. Et le Secrétaire général des Nations Unies a lancé en décembre une grande initiative pour soutenir l’action de la République dominicaine et d’Haïti qui vise à enrayer le choléra de l’île d’Hispaniola. Les financements qui doivent être mobilisés dans cette perspective sont de l’ordre de 2 milliards 200 millions de dollars dans les dix prochaines années, avec une priorité immédiate qui consiste à assurer la vaccination des groupes de la population qui soient les plus à risque. Mais au delà de cela, la question de l’eau reste cruciale, la question de l’assainissement, la question du traitement de l’eau, cette nécessité d’assurer aux populations l’accès à l’eau potable.

But do you agree or not that the UN peacekeepers brought this disease in Haiti causing about 8 thousand Haitians already dead?

Mr Ladsous : I do not comment on legal methods under consideration.

Journaliste de l’Amérique Latine : dans quelle mesure vous pensez que le gouvernement est à même de remplir les missions notamment en matière de consolidation de l’état de droit que les Nations Unies espèrent qu’elles pourront remplir dans quelques années, sachant que la majorité des gens dans la rue espère au contraire que les Nations Unies vont rester ?

M Ladsous : Je crois l’avoir dit, il n’est pas question pour les Nations Unies de quitter Haïti demain. Il y a encore beaucoup de travail à faire. Et ce travail nous devons le faire la main dans la main avec les autorités et bien sûr avec la population haïtienne. Alors, il y a des problèmes. Bien sûr, il y a des problèmes politiques. Il y a un problème de fonctionnement des institutions, le fait que les reformes et les grands chantiers juridiques ne progressent pas au rythme auquel nous souhaiterions les voir progresser. Cela a été donc l’un des messages aux autorités exécutives et aux autorités législatives qui doivent travailler de telle sorte que toutes ces réformes indispensables puissent se traduire dans les faits. C’est important, par exemple, que le Conseil électoral permanent puisse être mis en place parce que des élections sont nécessaires. Des élections sénatoriales, des élections pour pourvoir au fonctionnement des collectivités territoriales. Il est important qu’une série de textes sur la réforme du droit pénale, sur la réforme du droit social, sur le blanchiment de capitaux soit adoptée rapidement. Ce n’est pas à nous d’empiéter sur la souveraineté des autorités haïtiennes, mais il est de notre devoir de leur conseiller d’agir et d’agir de manière proactive, d’agir avec célérité pour que tous ces réformes indispensables puissent être décidées, adoptées et mises en œuvre.

Inter Press - Thank you for being here to answer this question, I was wandering if you could address my question from earlier related to the US special Envoy in Haiti, Bill Clinton, who has said that the UN soldiers brought the disease with them in this country, I am curious, why is that Bill Clinton is able to say that and you are not?

Mr Ladsous : Mr. Clinton is entitled to his views and to his comments. But I do not comment.

OK and my other question is: Here in Haiti, there have been polls that show that between 65 and 75 % of Haitians want the UN to leave, there are two separate polls that we have done in the past years that show that. The Senate of Haiti has also called for a withdrawal. What needs to happen for the UN to withdraw from Haiti? Why do Haitians not want MINUSTAH in the country?

Mr Ladsous : What I have to say is that in the talks I had the day before yesterday and yesterday with the President of the Republic, with the president of the Senate, with various ministers, at no time was I told that the UN should leave Haiti.

Radio Galaxie- Compte tenu des événements et des décisions qui avaient marqué les années antérieures comme des cas de viol, le choléra, et la recrudescence de l’insécurité, quel est votre bilan ?

M. Ladsous : Je crois que globalement, les statistiques de criminalité en Haïti sont sensiblement inferieures à celles que l’on constate dans d’autres pays de la région. Alors, je crois qu’effectivement à Port-au-Prince il y a une petite différence. Mais, globalement la situation en Haïti est meilleure. Car, au fil des années, elle s’est améliorée, il y a moins de crimes violents, moins de viols. Il y en a encore, c’est toujours autant de trop, bien sûr. Mais je crois que la tendance est quand même positive et au fur et à mesure que la Police nationale haïtienne pourra assurer ses missions à travers l’ensemble du pays, cela contribuera encore à améliorer la situation.

Media du Chili : Des agences des Nations Unies m’ont fait part d’une baisse des dons et, en tout cas, de perspectives assez pessimistes pour leur propre financement. Donc, je voudrais avoir votre sentiment sur la manière dont la crise économique mondiale risque d’affecter les programmes de développement et d’aide, ici en Haïti, des agences du système des Nations Unies.

M. Ladsous : Je crois qu’il est exact que la crise financière internationale depuis un an et demi n’a épargné quasiment aucun pays, C’est vrai que cela a un impact sur la disponibilité à poursuivre les efforts pour aider au développement à travers le monde. Je crois que, s’agissant du secteur que je connais le mieux, c’est celui des opérations de maintien de la paix, nous sommes tout comme les autres obligés d’être plus que jamais économes avec les moyens que les Etats membres des Nations Unies mettent à notre disposition. C’est la raison pour laquelle nous devons constamment examiner les mandats des opérations de maintien de la paix dont nous sommes chargés et ajuster les moyens, au plus près des besoins. C’est ainsi par exemple que nous sommes en train de réduire les effectifs du maintien de la paix au Soudan, au Darfour. Nous sommes en train de les réduire également au Libéria. Je vous signale également que nous avons fermé le 31 décembre, il y a 10 jours, la Mission de maintien de la paix au Timor Oriental. Voilà, donc nous sommes comptables des moyens qui nous sont confiés et nous devons être plus économes que jamais. Mais je crois qu’il faut être toujours dans l’initiative. Et je le redis, notre objectif premier ici en Haïti, c’est de contribuer à créer les conditions qui convaincront les bailleurs de fonds gouvernementaux ou privés de venir investir dans le développement d’Haïti.

Yasmina Bouziane : Merci beaucoup Monsieur Ladsous. Je pense que nous allons maintenant clôturer puisqu’il n’y a plus de question pour la conférence de presse. Si vous avez un dernier mot pour conclure.

M. Ladsous : Eh bien, merci à nos amis haïtiens. Je dirais Mèsi tout moun. Annou tout travay pou yon Ayiti kote lapè ak etadedwa va grandi.

Contacts media:

Yasmina Bouziane, Chef de la Communication et de l’Information publique, MINUSTAH
Cell: (509) 3702 8001; tel : 2240 2050, ext.6182
Email: bouziane@un.org

Vincenzo Pugliese, porte-parole adjoint, MINUSTAH
Cell : (509) 3702 6710 ; tel : 2240 2050, ext.3992
E-mail : pugliesev@un.org

Michel Alston, porte-parole UNPOL
Cell : (509) 3702 6655 ; tél: 2240 2050, ext.3096
E-mail : alston@un.org

Lieutenant Colonel Marcos Santos, porte-parole militaire
Cell : (509) 3728 7606
E-mail : santos4@un.org

ou consultez le Site Internet de la Mission au
http://www.minustah.org

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Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti

POINT DE PRESSE DES NATIONS UNIES
Vendredi 11 janvier 2013

Animé par :

 

Le Secrétaire général adjoint des Nations unies aux opérations de maintien de la paix, M. Hervé Ladsous.

INTERVENTION DE LA DIRECTRICE DU BUREAU DE LA COMMUNICATION ET DE L’INFORMATION PUBLIQUE, Mme YASMINA BOUZIANE

Mesdames et Messieurs, bonjour à tous et bienvenue à cette conférence de presse.
Aujourd’hui, nous avons le plaisir d’accueillir M Hervé Ladsous, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies.
Il est accompagné de M. Fernandez, le Représentant spécial du Secrétaire général en Haïti, que la plupart d’entre vous connaissent bien.

Au cour de sa visite, M Ladsous a rencontré de nombreux représentants du gouvernement , de la société civile, de nos partenaires nationaux et internationaux et des composantes militaires, de police et civiles de la MINUSTAH . Nous sommes ravis de l’occasion qui lui est donnée d’échanger à présent avec les médias.

Sans plus attendre, nous lui donnons la parole et ensuite il répondra à vos questions. Mesi anpil !

INTERVENTION DU SECRETAIRE GENERAL ADJOINT DES NATIONS UNIES POUR LES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX , M. HERVE LADSOUS

Merci beaucoup et bonjour à toutes et à tous. Je suis heureux de vous rencontrer en cette occasion qui s’inscrit dans une question qui est d’abord d’actualité, puisque nous célébrons aujourd’hui et demain le 3e anniversaire du terrible séisme qui avait causé tant de ravages en Haïti et tué tant de nos collègues, tant de nos amis.

Mais au-delà de cela, il s’agit de faire le point avec la Mission, avec les autorités haïtiennes, avec la société civile haïtienne, et de voir où nous en sommes dans la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité et dans le travail de la MINUSTAH, un travail qui a démarré, il y a 9 ans, mais qui s’inscrit dans la continuité de six autres opérations onusiennes depuis 18 ans. Le séisme a évidemment créé une situation extrêmement nouvelle et depuis 2010, il y a eu une très forte priorité donnée à l’action d’urgence, à l’action humanitaire, à l’aide à toutes les populations sinistrées pour retrouver un toit et faire face aux conséquences désastreuses de cette catastrophe naturelle. Maintenant même, s’il reste encore environ 300.000 personnes déplacées à réinstaller, la MINUSTAH a renoué avec le cœur de sa mission, qui se concentre autour de deux tâches principales.

La première tâche, c’est la consolidation de la situation sécuritaire et, il faut bien constater que des progrès considérables ont été accomplis. La sécurité des personnes et des biens n’est pas encore parfaite, loin s’en faut, mais elle s’améliore et notre objectif est d’aider les autorités haïtiennes à être en mesure d’assurer cette tâche qui leur revient au premier chef : la sécurité de la population. Nous le faisons notamment plus que jamais en accentuant la formation de la Police nationale haïtienne. Et nous avons des objectifs extrêmement précis, puisqu’il s’agit de faire en sorte que la Police nationale haïtienne dispose de 16.000 personnes formées, opérationnelles, dans un délai de trois ans.

La seconde tâche concerne la consolidation de l’état de droit. C’est une tâche considérable parce qu’elle implique le fonctionnement optimal des institutions de l’Etat, elle implique toute une série de réformes juridiques et c’est un travail dans lequel les autorités haïtiennes doivent entièrement prendre l’initiative. C’est un thème que j’ai abordé au cours de tous les entretiens que j’ai eus, notamment avec le Président de la République, divers ministres, les institutions parlementaires. Car si les problèmes politiques sont bien sûr légitimes, il faut un véritable consensus pour réaliser cet état de droit. Sans sécurité, sans état de droit, il est difficile d’imaginer que les investisseurs internationaux pourront venir en très grand nombre répondre à ce besoin qui, je crois, est le besoin primordial d’Haïti : la création d’emplois, la création des conditions qui feront qu’Haïti pourra sortir de la pauvreté et amorcer une spirale vertueuse vers le développement, vers plus de prospérité pour la population.

La création d’emplois c’est évidemment le rôle des opérateurs, des institutions financières. Je leur ai dit, et cela a été mon message aux autorités haïtiennes, mon message à la société haïtienne, pour contribuer à créer les conditions qui permettront à cette politique de développement de se concrétiser. Alors, il y a un travail qui doit être poursuivi. Je vous le dis tout de suite, la MINUSTAH ne va pas fermer demain. La MINUSTAH s’ajuste et c’est la demande qui a été exprimée par le Conseil de sécurité. La sécurité s’est améliorée. Nous allons donc réduire d’environ 1.700 personnels la composante militaire de la MINUSTAH. Je voudrais au passage saluer le travail remarquable qu’elle a accompli et je pense maintenant à tous les contingents latino-américains qui, sous le commandement du Lieutenant-Général Goulart, font un travail tout à fait remarquable. Nous ajustons la composante policière, mais il nous faut continuer ce travail et c’est ce que nous allons faire. Je voudrais saluer à cette occasion le travail remarquable fait par le Représentant spécial du Secrétaire général, l’ambassadeur Fernandez, et tous nos collègues qui se dépensent sans compter pour aider le beau pays d’Haïti à progresser vers plus de prospérité et plus de bonheur. Il le mérite bien. C’est un pays que je connais moi-même un petit peu pour avoir travaillé en tant que diplomate français à Port-au-Prince, il y a une vingtaine d’années. Et j’ai appris à apprécier, à admirer la résilience des Haïtiens, leur courage, leur détermination. Nous sommes à leurs côtés plus que jamais.

La communauté internationale, à travers les différentes opérations, à travers la MINUSTAH, a beaucoup investi dans la sortie de crise d’Haïti. L’investissement a été politique, il a été humain, il a été financier aussi. Nous n’allons pas compromettre tout cet investissement. Plus que jamais, il nous faut travailler la main dans la main avec nos amis haïtiens, avec les autorités, avec la société civile. Voilà, cette visite me permet de faire le point et, en concertation avec nos collègues ici, tracer les axes pour la période qui vient.

Questions-Réponses

Radio Kiskeya : Est-ce que vous êtes plus que satisfait des travaux réalisés par la MINUSTAH en Haïti, surtout sur le plan sécuritaire ?

Hervé Ladsous : Oui effectivement il y a des progrès qui ont été accomplis, il y a beaucoup moins de violence à travers le pays. Je crois que la situation actuelle est certainement bien meilleure qu’elle ne l’a été par le passé mais il reste des tâches à accomplir. La priorité pour nous maintenant, c’est de mettre les autorités haïtiennes, à travers la Police nationale d’Haïti, en mesure d’assurer ce qui est la première mission de tout gouvernement : offrir à ses citoyens la sécurité des personnes et des biens. Il y a actuellement dans la police nationale Haïtienne 10 000 policiers. Notre objectif est d’atteindre dans les prochaines années un effectif de 16 000 policiers, 16 000 policiers formés, compétents et honnêtes c’est pour cela que nous nous sommes fixé l’objectif de former au moins 1 millier de policiers chaque année. C’est un processus qui est complexe mais nous travaillons directement avec le directeur général de la Police nationale. C’est pour cela que nous avons autant de policiers dans la MINUSTAH pour partager leurs expériences et faire en sorte que ces policiers puissent être déployés dans tout Haïti pour faire appliquer la loi et assurer l’ordre.
MINUSTAH FM : Est-ce que vous envisagez au niveau du Conseil de sécurité de redéfinir le mandat de la MINUSTAH. Parce que c’est une demande qui a été faite par rapport aux efforts de développement au niveau d’Haïti, au regard du grand budget qui englobe les opérations de maintien de paix en Haïti.

Hervé Ladsous : Je crois cher Monsieur que la question n’est pas d’ajuster ou de modifier le mandat. Encore une fois, le Conseil de sécurité, qui est notre maitre politique, n’en a pas exprimé le souhait. Ce qui est clair c’est qu’entre 2010 et 2012, la priorité allait très largement à l’urgence, la résolution des drames humanitaires que ce pays a vécus après le séisme. Mais maintenant que le gros de ces problèmes a été traité et que des solutions ont pu être trouvées grâce à la mobilisation de l’ensemble de la communauté internationale, du système des Nations Unies, des grands bailleurs de fonds bilatéraux mais aussi des organisations non gouvernementales, on a eu ce qu’on appel un pic d’activités. Maintenant nous revenons dans le contexte qui était celui de la MINUSTAH avant le séisme de 2010. À ce moment-là, des progrès significatifs avaient pu déjà être enregistrés. Nous nous retrouvons sur le cœur de notre métier qui est la sécurisation et le renforcement de l’état de droit. Je l’ai dit, ce n’est pas à nous d’investir massivement pour le développement d’Haïti, nous n’en avons pas les moyens, nous n’avons pas le mandat non plus. Notre justification c’est de créer des conditions qui permettront au développement de se réaliser et qui permettront aux investisseurs de se sentir en mesure de venir créer des emplois et de contribuer davantage à la prospérité. C’est parce qu’il y aura un état de droit qui offrira des garanties, des garanties juridiques en terme de lois et de pratique de la loi. C’est à partir du moment où il y aura une bonne sécurité sur l’ensemble du territoire que je pense que les investisseurs viendront beaucoup plus nombreux. Je pense qu’il y a déjà de nombreux projets qui sont évoqués. Voilà, nous sommes des facilitateurs, nous créons des conditions qui permettront à Haïti de renouer avec une croissance forte et avec une élévation importante du niveau de vie de sa population.

Al Jazeera - This week, UN has announced a huge new initiative to eradicate cholera from Haiti, I am not quite sure what happened, but I likely heard that UN peacekeepers brought cholera in Haiti, would you agree with that or no?

Mr Ladsous : I will take that question from a different view that the way you put it. It is true that allegations and some complaints against the United Nations have been made. These are being handled by lawyers and it seems logical that I cannot comment on legal methods. But, I would say this, it is true that the epidemic has to be faced. This is why the United Nations, since the epidemic started, has devoted a lot of means to contain the situation. During the last two years, it is almost 120 million dollars that have been invested by MINUSTAH in water projects, sanitation projects, and medical measures, of course. And it is in this context that the Secretary-General of the United Nations launched, last month, a major initiative to support the joint project between Dominican Republic and the Republic of Haiti to eliminate cholera from Hispaniola. This is going to involve a huge amount of money, about 2.2 billion dollars over the next ten years, and the first element will be a campaign to vaccinate the segment of the population the most at risk. But of course, another very important element is to guarantee to the people in Haiti access to clean water, sanitation, water treatment…these are the most important.

M Ladsous : La question portait sur l’épidémie de cholera. Je disais que des plaintes ont été déposées et que des juristes sont en train de les étudier. Je ne suis donc pas en mesure de commenter des dossiers juridiques qui sont en cours de traitement. Mais, il est clair que l’épidémie est un fait et il faut y faire face. C’est la raison pour laquelle au cours des deux dernières années, les Nations Unies ont consacré près de 120 millions de dollars à des actions médicales d’urgence, au développement de projets pour assainir l’eau parce que cela constitue un aspect clé. Et le Secrétaire général des Nations Unies a lancé en décembre une grande initiative pour soutenir l’action de la République dominicaine et d’Haïti qui vise à enrayer le choléra de l’île d’Hispaniola. Les financements qui doivent être mobilisés dans cette perspective sont de l’ordre de 2 milliards 200 millions de dollars dans les dix prochaines années, avec une priorité immédiate qui consiste à assurer la vaccination des groupes de la population qui soient les plus à risque. Mais au delà de cela, la question de l’eau reste cruciale, la question de l’assainissement, la question du traitement de l’eau, cette nécessité d’assurer aux populations l’accès à l’eau potable.

But do you agree or not that the UN peacekeepers brought this disease in Haiti causing about 8 thousand Haitians already dead?

Mr Ladsous : I do not comment on legal methods under consideration.

Journaliste de l’Amérique Latine : dans quelle mesure vous pensez que le gouvernement est à même de remplir les missions notamment en matière de consolidation de l’état de droit que les Nations Unies espèrent qu’elles pourront remplir dans quelques années, sachant que la majorité des gens dans la rue espère au contraire que les Nations Unies vont rester ?

M Ladsous : Je crois l’avoir dit, il n’est pas question pour les Nations Unies de quitter Haïti demain. Il y a encore beaucoup de travail à faire. Et ce travail nous devons le faire la main dans la main avec les autorités et bien sûr avec la population haïtienne. Alors, il y a des problèmes. Bien sûr, il y a des problèmes politiques. Il y a un problème de fonctionnement des institutions, le fait que les reformes et les grands chantiers juridiques ne progressent pas au rythme auquel nous souhaiterions les voir progresser. Cela a été donc l’un des messages aux autorités exécutives et aux autorités législatives qui doivent travailler de telle sorte que toutes ces réformes indispensables puissent se traduire dans les faits. C’est important, par exemple, que le Conseil électoral permanent puisse être mis en place parce que des élections sont nécessaires. Des élections sénatoriales, des élections pour pourvoir au fonctionnement des collectivités territoriales. Il est important qu’une série de textes sur la réforme du droit pénale, sur la réforme du droit social, sur le blanchiment de capitaux soit adoptée rapidement. Ce n’est pas à nous d’empiéter sur la souveraineté des autorités haïtiennes, mais il est de notre devoir de leur conseiller d’agir et d’agir de manière proactive, d’agir avec célérité pour que tous ces réformes indispensables puissent être décidées, adoptées et mises en œuvre.

Inter Press - Thank you for being here to answer this question, I was wandering if you could address my question from earlier related to the US special Envoy in Haiti, Bill Clinton, who has said that the UN soldiers brought the disease with them in this country, I am curious, why is that Bill Clinton is able to say that and you are not?

Mr Ladsous : Mr. Clinton is entitled to his views and to his comments. But I do not comment.

OK and my other question is: Here in Haiti, there have been polls that show that between 65 and 75 % of Haitians want the UN to leave, there are two separate polls that we have done in the past years that show that. The Senate of Haiti has also called for a withdrawal. What needs to happen for the UN to withdraw from Haiti? Why do Haitians not want MINUSTAH in the country?

Mr Ladsous : What I have to say is that in the talks I had the day before yesterday and yesterday with the President of the Republic, with the president of the Senate, with various ministers, at no time was I told that the UN should leave Haiti.

Radio Galaxie- Compte tenu des événements et des décisions qui avaient marqué les années antérieures comme des cas de viol, le choléra, et la recrudescence de l’insécurité, quel est votre bilan ?

M. Ladsous : Je crois que globalement, les statistiques de criminalité en Haïti sont sensiblement inferieures à celles que l’on constate dans d’autres pays de la région. Alors, je crois qu’effectivement à Port-au-Prince il y a une petite différence. Mais, globalement la situation en Haïti est meilleure. Car, au fil des années, elle s’est améliorée, il y a moins de crimes violents, moins de viols. Il y en a encore, c’est toujours autant de trop, bien sûr. Mais je crois que la tendance est quand même positive et au fur et à mesure que la Police nationale haïtienne pourra assurer ses missions à travers l’ensemble du pays, cela contribuera encore à améliorer la situation.

Media du Chili : Des agences des Nations Unies m’ont fait part d’une baisse des dons et, en tout cas, de perspectives assez pessimistes pour leur propre financement. Donc, je voudrais avoir votre sentiment sur la manière dont la crise économique mondiale risque d’affecter les programmes de développement et d’aide, ici en Haïti, des agences du système des Nations Unies.

M. Ladsous : Je crois qu’il est exact que la crise financière internationale depuis un an et demi n’a épargné quasiment aucun pays, C’est vrai que cela a un impact sur la disponibilité à poursuivre les efforts pour aider au développement à travers le monde. Je crois que, s’agissant du secteur que je connais le mieux, c’est celui des opérations de maintien de la paix, nous sommes tout comme les autres obligés d’être plus que jamais économes avec les moyens que les Etats membres des Nations Unies mettent à notre disposition. C’est la raison pour laquelle nous devons constamment examiner les mandats des opérations de maintien de la paix dont nous sommes chargés et ajuster les moyens, au plus près des besoins. C’est ainsi par exemple que nous sommes en train de réduire les effectifs du maintien de la paix au Soudan, au Darfour. Nous sommes en train de les réduire également au Libéria. Je vous signale également que nous avons fermé le 31 décembre, il y a 10 jours, la Mission de maintien de la paix au Timor Oriental. Voilà, donc nous sommes comptables des moyens qui nous sont confiés et nous devons être plus économes que jamais. Mais je crois qu’il faut être toujours dans l’initiative. Et je le redis, notre objectif premier ici en Haïti, c’est de contribuer à créer les conditions qui convaincront les bailleurs de fonds gouvernementaux ou privés de venir investir dans le développement d’Haïti.

Yasmina Bouziane : Merci beaucoup Monsieur Ladsous. Je pense que nous allons maintenant clôturer puisqu’il n’y a plus de question pour la conférence de presse. Si vous avez un dernier mot pour conclure.

M. Ladsous : Eh bien, merci à nos amis haïtiens. Je dirais Mèsi tout moun. Annou tout travay pou yon Ayiti kote lapè ak etadedwa va grandi.

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Yasmina Bouziane, Chef de la Communication et de l’Information publique, MINUSTAH
Cell: (509) 3702 8001; tel : 2240 2050, ext.6182
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Vincenzo Pugliese, porte-parole adjoint, MINUSTAH
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E-mail : pugliesev@un.org

Michel Alston, porte-parole UNPOL
Cell : (509) 3702 6655 ; tél: 2240 2050, ext.3096
E-mail : alston@un.org

Lieutenant Colonel Marcos Santos, porte-parole militaire
Cell : (509) 3728 7606
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http://www.minustah.org

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