Après le vote de la Résolution 2119, Sandra Honoré se penche sur le mandat de la MINUSTAH

31 oct 2013

Après le vote de la Résolution 2119, Sandra Honoré se penche sur le mandat de la MINUSTAH

Dans une interview à MINUSTAH TV, à l’occasion de la Journée des Nations Unies le 24 octobre dernier, la Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU en Haïti, Sandra Honoré, a appelé la population à œuvrer en faveur du progrès et de la paix. Revenant sur les grands points de la dernière résolution du Conseil de sécurité sur Haïti, elle a souhaité l’adoption d’une loi électorale unique « connue et reconnue » par toutes les parties prenantes des futures joutes dans le pays.

SRSG for HAiti speaks to Media

MINUSTAH TV : Mme la Représentante, le Conseil de sécurité vient de renouveler le mandat de la MINUSTAH. Quels sont vos priorités par rapport à la nouvelle résolution ?

Sandra Honoré : Effectivement, par la Résolution 2119, le Conseil de Sécurité a renouvelé le mandat de la Mission de Stabilisation pour encore un an, jusqu’en octobre 2014. Les priorités pour moi comme Représentante spéciale du Secrétaire général, vont s’axer sur le développement de la Police Nationale d’Haïti (PNH) et la contribution que la Mission apporte à ce développement, la gestion des élections et le renforcement des capacités haïtiennes en ce qui concerne la question électorale, l’état de droit et les droits humains, et sur quelques thèmes clés de gouvernance, tels un consensus politique sur les élections, et le renforcement des institutions de l’Etat, au niveau central et local.

Quelle est votre lecture du nouveau mandat ?

Ma lecture du mandat est celle du désir du Conseil de continuer à appuyer Haïti dans sa marche vers le développement durable et de ce fait à travers la contribution que la Mission a apporté à Haïti depuis son installation dans le pays. Il est évident que la Mission vit un moment de consolidation, ceci a été très clair depuis quelques années maintenant, que nos budgets et nos effectifs ont été réduits, par rapport par exemple à nos budgets et effectifs votés immédiatement après le terrible séisme du 12 janvier 2010.

Comment comptez-vous mettre en pratique la réduction demandée des effectifs militaires et policiers tout en préservant la sécurité et la stabilité du pays ?

En ce qui concerne la réduction des effectifs, il est à noter que ce sont les effectifs militaires qui vont baisser pour passer de 6 270 actuellement à 5 021 d’ici à juin 2014. L’effectif policier reste inchangé. La composante militaire sera déployée dans cinq points centraux du pays à savoir Port-au-Prince, Gonaïves, Cap-Haitien, Fort-Liberté et Léogane, avec un déploiement de la composante policière d’une telle façon qu’en cas de besoin d’appui de la composante policière, la composante militaire puisse se déplacer de manière rapide et efficace, pour appuyer les efforts de la police des Nations Unies (UNPol). En premier lieu vient toujours la PNH, et en cas de besoin il y a un appui de UNPol.

La résolution accorde une grande importance au rôle de la MINUSTAH dans la formation de la PNH. Quels sont les priorités de la Mission pour parvenir à réaliser les objectifs du Plan de développement de la Police nationale dans 3 ans (en 2016)?

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La Police des Nations Unies travaille de concert avec la Police haïtienne, et son ministère de tutelle, le ministère de la Justice et de la sécurité publique (MJSP), en ce qui concerne la professionnalisation de la PNH, et la mise en œuvre du Plan de développement de la PNH, qui va de 2012 à 2016. Toutes les autorités haïtiennes apprécient et ont exprimé leur appréciation du travail d’accompagnement de la PNH par UNPol. Cela se traduit par la formation, mais aussi par la colocation de certains éléments de UNPol avec des collègues de la PNH dans les commissariats ; et évidemment UNPol est appelée par moment à jouer un rôle d’appui à certains efforts de recrutement de nouveaux agents, et certaines opérations conjointes. L’idée de la formation est que la PNH verra son effectif s’élever à 15 000 d’ici à 2016.
Et nous pensons qu’avec les progrès qu’on a constatés dans la performance de la PNH, on verra la consolidation et la professionnalisation accrue de l’institution dans les années à venir, pour que la PNH soit en mesure d’assurer complètement la sécurité sur le territoire national.

Élections

Le Sénat de la République a voté la loi électorale en termes différents de la chambre des députés. La présidence n’a toujours pas convoqué les députés à l’extraordinaire pour statuer sur le projet de loi. Comment organiser des élections sans loi ?
Premièrement, je dois rappeler les normes internationales en termes d’élections transparentes, démocratiques et crédibles. Nous avons besoin d’enjeux électoraux connus et reconnus par tous les participants aux élections. Nous avons déjà expliqué que le processus a démarré avec le dépôt du projet de loi électorale au Parlement le 28 août dernier, un texte qui est toujours au Parlement. Evidemment, j’ose espérer que le processus qui a démarré avec ce dépôt va suivre son cours jusqu’à la fin, de manière à ce que le Collège transitoire du conseil électoral permanent (CTCEP) puisse disposer d’une loi unique connue et reconnue par tous les participants pour organiser ces joutes.

Qu’entend faire la mission onusienne pour encourager l’Exécutif à organiser les élections comme annoncé par le CTCEP?

L’organisation d’élections relève en tout premier lieu du Conseil électoral. J’encourage tous les acteurs à travailler de manière à ce que la loi électorale qui sera utilisée en vue des prochaines élections soit connue et reconnue par tous ceux qui vont prendre part à ce scrutin.

Abus sexuels

L’image de la Mission a été récemment ternie par de nouvelles allégations d’abus sexuels qui auraient été commis par du personnel en uniforme. Comment parvenir à prévenir de tels comportements et les sanctionner ?

Premièrement, je dois signaler que le personnel des Nations Unies est appelé à respecter les plus hautes normes en matière de conduite et de discipline dans l’exercice de leur fonction, dans les postes où ils sont affectés, et dans leur vie de tous les jours. Il est vrai que nous avons eu à faire face à plusieurs cas d’abus et d’exploitation sexuels. La politique du Secrétaire général est une politique de Zéro tolérance. Quand nous recevons des plaintes ou des allégations, nous les prenons au sérieux, une enquête est menée, et s’il s’avère que l’allégation est bien fondée, il y a tout un processus de suivi pour encourager le pays de nationalité - dans le cas d’un personnel militaire - à se pencher sur le cas. Nous avons déjà eu des cas de poursuites judiciaires, et j’ai récemment rappelé au personnel de la Mission en Haïti l’importance pour tout le monde, pour nous autres de même que pour le Gouvernement et le peuple haïtien, de respecter les normes de bonnes discipline et de bonne conduite.

Choléra

La Résolution 2119 prend note des efforts du Gouvernement afin de maitriser et stopper l’épidémie de choléra. Quels sont les actions menées par la MINUSTAH pour aider à remédier aux faiblesses structurelles du pays, en particulier celles des systèmes d’approvisionnement en eau et d’assainissement? Et que comptez-vous faire pour renforcer les institutions nationales de santé publique ?

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Premièrement, permettez-moi d’utiliser cette occasion pour exprimer ma tristesse pour le grand nombre de familles qui ont perdu des êtres aimés et pour le grand nombre de personnes qui ont été infectées par le choléra en Haïti. Depuis le début de l’épidémie, la Mission et l’Equipe pays des Nations Unies ont œuvré de concert avec le Gouvernement, pour travailler sur le traitement et sur l’éducation en ce qui concerne l’épidémie. Nous avons travaillé avec le ministère de la Santé publique et de la population (MSPP). En soutien au Plan d’élimination du choléra, qui couvre une période de dix années à savoir 2013-2022, nous sommes en train de travailler sur un plan à court terme, c’est-à-dire allant de 2013 à 2015. Vous savez sans doute que récemment le Premier Ministre Laurent Lamothe a fait appel au Secrétaire général des Nations Unies pour l’établissement d’une commission entre l’ONU et Haïti pour trouver les voies et les moyens pour solutionner le problème du choléra. C’est une question que nous sommes en train de considérer avec le Premier ministre. Nous travaillons avec le MSPP, avec la Direction nationale de l’eau potable et de l’assainissement (DINEPA) et nous faisons ce que nous pouvons avec les limites que nous avons, en tant que Mission de maintien de la paix, pour remédier la situation.

En ce qui concerne les infrastructures dans le pays, notamment celles concernant l’assainissement, celles-ci relèvent du Gouvernement. Mais la Mission, agences, fonds et programmes des Nations Unies travaillant dans ce domaine dans le pays, font tout leur possible pour appuyer les efforts du Gouvernement, avec les institutions financières internationales comme par exemple en ce qui concerne le programme de réhabilitation des infrastructures d’assainissement.

Avez-vous un message pour la population haïtienne ?

Jeudi 24 octobre, c’est la Journée des Nations Unies. En cette occasion, je rappelle qu’Haïti est un membre fondateur de l’ONU. Je voudrais aussi rappeler la promesse faite par les membres fondateurs de pratiquer la tolérance, de vivre en paix et dans un esprit de bon voisinage. Ils ont aussi promis d’œuvrer en faveur de la paix, le développement et le respect des droits de l’homme. Je devrais aussi rappeler à toute la population haïtienne et la population des pays membres des Nations Unies la nécessité de travailler ensemble pour aller de l’avant. Merci.

Propos recueillis par Agathe Fabien et Jérôme Richard