Autonomiser les familles, un moyen de lutter contre l’insécurité alimentaire

11 mar 2016

Autonomiser les familles, un moyen de lutter contre l’insécurité alimentaire

Photo: Quetony Saintvil - UN/MINUSTAH

Photo: Quetony Saint-Vil - UN/MINUSTAH

 

« Avant que je vienne au Centre avec lui,  mon enfant était entre la vie et la mort. Pendant ses 13 premiers mois,  j’ai parcouru plusieurs centres de santé avec lui, mais son état continuait à se dégrader. Jusqu’à  sa prise en charge ici», témoigne Christiana Joseph, dont l’enfant était sévèrement malade.

Résidente à Dondon, commune limitrophe de Milot dans le département du Nord, cette femme de 27 ans a bénéficié en Septembre 2015 du projet « réduction de violence basée sur le genre (GBV) », piloté par le « Centre Second Mile Haïti ».

Souffrant de diarrhée et de vomissement chronique, le bébé de Christina était « très maigre et avait les cheveux de couleur rougeâtre ». Des signes manifeste que cette paysanne, chef de famille monoparentale, était « sous-alimentée pendant la grossesse », et avait dorénavant de sérieuses difficultés à survivre et à subvenir aux soins de ses deux premiers nés. Sa situation changée avec sa visite au « Centre Second Mile Haïti ».

 

 

Selon le Programme alimentaire mondial, PAM, dans certaines régions d'Haïti, jusqu'à 70% de la population est confrontée à la faim.  « Une étude récente menée par le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) et le gouvernement a révélé que dans plusieurs communes, les taux de malnutrition sont au-dessus des seuils d'alerte », soutient l’agence onusienne.

Comme tous les autres patients admis, le gamin de Christina a été notamment nourri « de beurre d’arachides, du lait et d’autres aliments nutritifs », fait-elle remarquer. 

En effet, le « Centre Second Mile Haïti » a hébergé Christiana et son enfant pendant trois mois, à raison de 5 jours par semaine. En plus des soins de santé, elle a eu droit, à l’instar d’autres femmes dont les enfants souffrent de malnutrition,  à des séances de formation sur les principes d’hygiène, d’alimentation et l’entrepreneuriat.

 

Un palliatif à l’incertitude  

Malgré sa position géographique dites de Montagne humide, à côté d’autres communes telles Plaisance, Borgne et Milot, la localité de Dondon où vit Christiana n’a pas été épargnée par la situation de sècheresse.  Dérèglement climatique ayant affecté Haïti pendant trois années consécutives, renforcée en 2015 par le phénomène El Nino. Ce qui avait fortement diminué la productivité des plantations.

Nombreuses donc sont les familles qui, à l’instar de celle de Christiana, étaient rudement frappés par le stress ou même l’insécurité alimentaire.

Pour éviter que les femmes récemment prises en charge ne retombent dans l’incertitude, le Centre leur a offert chacune des kits alimentaires et de première nécessité équivalant à 11,000 gourdes. Ces kits représentent pour les bénéficiaires, une nouvelle façon de voir l’avenir.

 

 

Le don de produits alimentaires, au même titre que la formation en entrepreneuriat renforcée par des notions de calculs, entre dans le cadre d’un projet visant l’autonomisation des femmes, notamment dans la commune de Milot. Ce projet s’implémente  dans la 3ème section communale Genipailler de la commune de Milot dans la localité Jean Louis et a été financé à hauteur de  199.587 dollars américains par la section de réduction de violence communautaire(RVC) de la MINUSTAH. Et vise à assister 120 enfants souffrant de la malnutrition sévère aigue pendant une année. Un programme exécuté par l’ONG internationale ‘’Association des volontaires pour le service international (AVSI) en partenariat avec «  Second Mile Haïti ».

 

Faire face à la catastrophe

L’importante baisse de la production agricole ne concerne pas seulement la commune de Dondon. Il est d’ailleurs rare de recenser une seule des 140 communes haïtiennes qui ne soit touchée par ce problème qui tend à s’aggraver chaque jour un peu plus, notamment à cause du faible niveau de pluviométrie.

Selon Lionel Valbrun, ex-ministre de l’Agriculture des ressources naturelles et du Développement rural, (MARNDR),  en 2015 le niveau de précipitations a été le plus bas depuis près de 35 ans. Ce qui fait que ce pays dont l’agriculture dépend en grand partie de la pluie « connait une situation très, très difficile », a-t-il souligné.

En effet, plus de 3.6 millions d’haïtiens sont concernés par l’insécurité alimentaire, soutient le responsable, révélant que  des « dégâts énormes » ont été enregistrés au niveau des plantations. Pour lui, il y a lieu de parler de « catastrophe avec grand C », particulièrement dans le Plateau central en ce qui a trait au sorgho dont les plantations ont été entièrement détruites.

Le pays n’a donc pu produire que le tiers des 2.500.000 tonnes équivalent en céréales, TEC dont il a besoin pour subvenir aux besoins des plus de 10.000.000 de ses habitants, a-t-il encore appuyé.

Et, pour y faire face, le titulaire de cette institution annonce qu’un ensemble de mesures susceptibles de faciliter la réussite de ce qu’il appelle la campagne de printemps visant 60% de la production agricole.

 

 

M. Valbrun a d’autre part annoncé des programmes d’emplois temporaires en faveur des populations les plus vulnérables. Les intéressés seront payés en espèces en échange de leur travail dans le cadre de certains  projets de gestion de l'eau ou de conservation des sols visant à améliorer l'infrastructure locale et favoriser le développement à long terme. Ce que le Gouvernement prévoit de faire de concert avec certaines organisations internationales dont le PAM.

Cette agence onusienne prévoit aussi d'intensifier ses programmes d'assistance alimentaire afin de répondre aux besoins les plus critiques et immédiats de 1 million de personnes victimes de la sécheresse en distribuant des liquidités et des rations alimentaires.

 

Quetony SAINT-VIL et Pierre Jérôme Richard