Carnaval national de Port-au-Prince, la PNH et la MINUSTAH renforcent le dispositif de sécurité.

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11 fév 2015

Carnaval national de Port-au-Prince, la PNH et la MINUSTAH renforcent le dispositif de sécurité.

Photo : Antoine Nerris Markogiannis- UN/MINUSTAH Photo :Nerris Markogiannis- UN/MINUSTAH

A une semaine des festivités carnavalesques dans la capitale haïtienne, Port-au-Prince, prévues les 15, 16, et 17 février prochain, un nouveau dispositif de sécurité, mis en place par la Police nationale d’Haïti, (PNH), appuyée par la Police des Nations Unies, (UNPOL), a été testé le 8 février dernier.

Michelène et Étienne prennent part à la soirée du pré-carnaval du dimanche 8 février, mais pas avec les mêmes objectifs. La jeune fille vient se défouler en compagnie de ses camarades, alors que le jeune homme guette des situations pour faire les poches aux autres.

Sa première proie fut Michelène dont il a dérobé le cellulaire. Cette dernière, âgée de 14 ans, crie au voleur, et la clameur parvient aux oreilles des policiers déployés au bas de Delmas, au Carrefour de l’aviation pour sécuriser le pré-carnaval. « Nous avons pourchassé le suspect, un homme de 27 ans. Nous l’avons rattrapé et le téléphone volé a été remis à sa propriétaire », raconte Lary Woods, un officier de police de la UNPol, attaché à la MINUSTAH.

L’auteur du flagrant délit est conduit au sous-commissariat de Saint Joseph et risque une peine d’emprisonnement, comme le prévoit la loi.

 

Le dispositif de veille

Photo : Antoine Adoum Goulgué- UN/MINUSTAH Photo : Antoine Adoum Goulgué- UN/MINUSTAH

Le 8 février, dernier dimanche avant le carnaval, la PNH et l’UNPOL ont déployé en colocation 11 équipes dans les endroits clefs de la ville. Objectif, dissuader les personnes malveillantes à l’instar d’Étienne.

Comme prévu dans le plan, en plus des patrouilles mobiles et des cordons de sécurité, la PNH appuyée par la Police des Nations Unies (UNPOL) va donc créer des postes de police supplémentaires.

« Les équipes que nous avons créées sont des postes fixes. Les policiers déployés à ces endroits vont rester sur place pendant toute la durée des festivités durant les trois gras», explique Frantz Séraphin, inspecteur de police, chargé de la supervision des équipes de la PNH.
Les 119 membres du dispositif sont issus de la PNH (20 policiers) et de l’UNPOL (74 dont 50 éléments des forces de police spécialisée (FPU indiens et jordaniens).

Les militaires du contingent brésilien de la Minustah, une cinquantaine, ont pour mission de renforcer les équipes déployées.

L’emplacement d’un poste répond à un besoin propre à chaque quartier.

Le marché de la Croix-des-Bossales, par exemple, est un haut lieu du crime. « La Police enregistre quotidiennement des actes criminels dans cette zone », indique Mihai Valentin, UNPol, membre de l’équipe de coordination de l’opération.

À l’intersection de la route nationale # 1, est installé le premier poste de police.

Au carrefour de l’aviation, véritable plaque tournante des Tap-taps*, l’importance du trafic justifie la création du poste #2. « Ce carrefour est un point de passage pour la majorité des personnes utilisant le transport en commun et venant des communes du nord de la métropole. Pendant le carnaval, il sera très fréquenté » anticipe Yamkey Vincent, UNPOL qui a piloté l’opération de dimanche.

Dans les environs de la Cathédrale située dans le quartier du Bel-Air, réputé difficile, est aussi un point de passage obligé pour des tap-taps, l’éclairage public manque. Dans la pénombre, les unités de police constituées (FPU) jordaniennes sécurisent l’équipe du poste #4. Des bandes de jeunes défilent et saluent au passage la présence de la police à cet endroit ce soir-là.

Portail Léogane , qui abrite la principale gare pour les véhicules venant du sud du pays, n’est pas non plus négligé. C’est « l’endroit où les attaques à la pierre sont les plus récurrentes en cette période de carnaval », signale l’inspecteur Séraphin. Un autre poste est installé à cette jonction du Boulevard Jean Jacques Dessalines, des rues Dehoux et Oswald Durand. Une veille policière s’y est organisée à mesure que les passants vont et viennent.

 

L’essai avant sept jours

Photo : Antoine Adoum Goulgué- UN/MINUSTAH Photo : Antoine Adoum Goulgué- UN/MINUSTAH

18 heures, la coordination de l’opération dirigée conjointement par l’inspecteur Séraphin et l’UNPOL Yamkey quitte la base maritime (Amiral Killick) de la Garde côtière, au sud à environ 10 minutes du centre-ville de Port-au-Prince pour inspecter les équipes déployées.

À 19 heures, la majorité des policiers étaient en poste.

Au carrefour de l’aéroport, c’est-à-dire à l’angle de la route de Delmas et du Boulevard Toussaint Louverture menant à l’Aéroport, les UNPol suppléent au sous-effectif de la PNH représenté par un agent au lieu des deux minimums. Les vendeurs ambulants de ce vaste croisement se sentent soulagés. « Aujourd’hui la police est avec nous. Nous allons pouvoir rester un peu plus tard et probablement vendre un peu plus », sourit une détaillante de petits récepteurs, dont des baladeurs et lampes électriques, près du viaduc en construction.

Après 20 heures, vers Delmas 31, sur la route menant au quartier plutôt huppé de Pétion ville, c’est la marée humaine attirée par le passage d’un char de carnaval. La vigilance des équipes est à son plus haut niveau. La coordination se sert de tous ses outils pour s’enquérir de l’opérationnalité de chaque poste. Toutes les équipes doivent garder leur position jusqu’au bout rappelle Yamkey, au téléphone. La raison : anticiper ou empêcher la survenue d’éventuels actes d’agressions.

« C’est souvent vers 23 h00, au moment où les bandes de jeunes reprennent le chemin du retour à la maison qu’éclatent les heurts. Les postes sont créés pour rappeler à tout le monde que la police est là pour faire son travail », avertit pour sa part Séraphin.


Défis et dispositions à prendre

A Delmas et Pétion-Ville, il y a eu des tirs d’armes à feu d’origine non élucidée. Au niveau de la rue Delmas 95 notamment, l’équipe mixte PNH/UNPol en faction, a essuyé des jets de pierres et d’autres projectiles dont des bouteilles venant de personnes perchées sur des toits. N’était-ce son casque, un policier de la MINUSTAH aurait été blessé à la tête après avoir été atteint par une bouteille.

Des correctifs seront apportés en vue de continuer à renforcer le dispositif à mettre en place d’ici à dimanche prochain, fait valoir Mihai, l’officier onusien chargé de coordonner les opérations de l’UNPol dans le département de l’Ouest. C’est le principe même de l’action de la police : s’adapter au plus près des besoins et des circonstances pour protéger la vie et les biens de la population.

 

Rédaction : Antoine Adoum Goulgué