Cinq jeunes formés à l’ébénisterie dans le cadre des programmes RVC volent aujourd’hui de leurs propres ailes

18 sep 2012

Cinq jeunes formés à l’ébénisterie dans le cadre des programmes RVC volent aujourd’hui de leurs propres ailes

A l’issue d’un atelier de 6 mois, cinq bénéficiaires d’un programme de formation en ébénisterie ont décidé d’ouvrir ensemble un atelier de fabrication de meubles à Raboteau, quartier défavorisé de la Cité de l’Indépendance. Une initiative qui leur permet de gagner leur vie en mettant à profit les connaissances acquises.

Cinq jeunes formés à l’ébénisterie dans le cadre des programmes RVC volent aujourd’hui de leurs propres ailes

Photo : Jean Etiome Dorcent - UN/MINUSTAH

Au numéro 209 de la Rue Liberté, au cœur de Raboteau, se trouve un atelier particulier. Ici, cinq jeunes diplômés en ébénisterie à l’issue d’une formation de 6 mois financée par la section de la Réduction de la Violence Communautaire (RVC) de la MINUSTAH travaillent sans relâche, depuis mai 2012. Leur objectif : gagner leur vie dignement, en valorisant le métier d’ébéniste, dans ce quartier défavorisé connu pour son fort niveau de violence communautaire. « Une telle initiative nous permet d’être indépendants économiquement, de mettre en application les notions apprises et, du même coup, de promouvoir la non-violence », explique Michelson Hyppolyte, 25 ans, l’un d’entre eux.

Tout a commencé quand Markens Jean-Baptiste, 32 ans, un autre jeune de l’équipe, a demandé à son père, propriétaire de l’atelier, d’accepter ses camarades de formation. « Dès le début, nous nous sommes entendus de ne pas mettre au tiroir l’expertise acquise. L’idée était d’avoir un métier pour être utiles à notre communauté. Aujourd’hui, notre rêve se réalise. Grâce à cette formation, nous avons réussi, tant bien que mal, à nous prendre en charge », déclare-t-il, fier de son initiative.

L’un des points forts de l’équipe est l’harmonie entre ses membres. « Nous travaillons dans la confiance et le respect mutuels. Pour arriver à produire efficacement, nous mettons en commun nos bénéfices pour acheter les outils et les matériaux qui nous sont nécessaires », raconte M. Jean-Baptiste. Ensemble, le groupe produit et vend sur le marché local des petits meubles comme des tables, des chaises et des placards. Une fois la marchandise vendue, l’argent est réparti entre les 5 membres du groupe de façon équitable.

Forte de son succès, l’équipe est souvent sollicitée pour des travaux de charpenterie et d’installation de placards à domicile. « J’apprécie le travail de ces jeunes. Ils respectent la date de remise des travaux et ils ne sont pas trop demandeurs», assure Dorotie Deonville, une de leurs clientes.

Au total, les 5 jeunes ébénistes ont produit, pendant leurs quatre premiers mois d’activités, deux lits, trois salles à manger et deux coiffeuses. Ils envisagent d’en produire davantage, si les moyens le leur permettent.

En dépit des efforts déployés et de leur détermination, ces jeunes sont confrontés à certaines difficultés. Ils disent manquer encore de certains outils modernes, de l’électricité en permanence et d’un fonds de commerce qui leur permette d’investir. Mais ils n’entendent pas baisser les bras. « Nous allons continuer à nous battre pour faire de cet atelier une référence dans le département», affirme, optimiste, Markens.

Dans le cadre de ses projets visant à réduire la violence communautaire, la RVC avait financé en 2011-2012 la formation d’un total de 120 jeunes, dont Markens et ses 4 co-équipiers, issus des quartiers populaires des Gonaïves et de ses environs tels Raboteau, Décahors/Trou Sable, Praville et K-Soleil. Formés en mécanique auto, électricité bâtiment, maçonnerie, plomberie sanitaire, art ménager et ébénisterie au Complexe de Formation Professionnelle de Poteau (COFOPROP), les 120 jeunes avaient reçu leur diplôme en mai 2012. En complément de ces disciplines techniques, ces jeunes ont acquis des notions sur le développement et la perception de soi, l’éducation civique, l’entreprenariat et la gestion d’entreprises, le leadership et la résolution des conflits.

Rédaction : Jean Etiome Dorcent
Edition : Sophie Boudre