Portait : Femme et conductrice à la MINUSTAH

18 sep 2012

Portait : Femme et conductrice à la MINUSTAH

« Maggy, Mag, Maga », tels sont les surnoms que les passagers des navettes de la MINUSTAH habitant Pernier (quartier de Pétionville) donnent à leur chauffeur Magalie Alfred. Cette célibataire de 43 ans fait partie des 70 conducteurs, dont 7 femmes, qui travaillent au service des Transports pour le personnel de la MINUSTAH, communément appelé « dispatch ». Femme active et soucieuse de l’avenir de sa fille de 23 ans, Magalie parvient à concilier ses tâches de conductrice d’autobus et celles de mère de famille. Portrait.

Portait : Femme et conductrice à la MINUSTAH

Photo : Jonas Laurince – UN/MINUSTAH

Il est 17 heures et les autobus sont prêts à démarrer pour reconduire le staff de la MINUSTAH vers leurs demeures respectives après une journée de travail au Quartier Général de la Mission à Tabarre. Après les dernières vérifications de son véhicule tout-terrain, Magali Alfred fait passer un registre dans lequel les passagers inscrivent leurs noms. Ceinture de sécurité attachée, elle attend les dernières consignes de son superviseur pour démarrer.

A l’intérieur de l’autobus, certains discutent de leurs activités de la journée alors que d’autres, placides, écoutent de la musique sur leur baladeur. Imperturbable malgré le trafic chaotique de Port-au-Prince, Magalie dépose chaque passager devant sa maison, et a droit à une série quotidienne de « merci Madame ». « On ne voit pas souvent de femmes conduire un autobus. Je trouve que Magalie est très prudente au volant et même exemplaire», remarque Convinton Bien-Aimé, un de ses passagers habituels. Pour Sandy Cadet, elle, Magalie « fait honneur aux femmes haïtiennes ».

Ponctuelle, Magalie est toujours à son poste dès 14h alors que sa tournée ne commence qu’à 17h, pour se terminer à 22 heures. Elle prend son métier à cœur, avouant qu’elle rêvait de conduire des véhicules depuis l’enfance. Pourtant, sacrifiant à certaines habitudes bien ancrées qui destinent les femmes à des métiers plus ‘traditionnels’, Magalie a débuté sa vie professionnelle comme couturière. Ce qui ne l’a pas empêchée d’aller au bout de ses rêves à partir de 1999. « J’ai débuté avec le Centre National des Equipement (CNE) qui, à l’époque, intégrait des femmes comme conductrices de poids lourds, et j’ai continué jusqu’ici à la MINUSTAH », confie-t-elle.

C’est en 2005 que cette native de Jérémie intègre la Section des Transports de la MINUSTAH comme conductrice de camions aux quatre coins du pays. Deux ans plus tard, elle retrouve un poste plus ‘tranquille’, au service de navettes de la MINUSTAH. « Je n’ai eu aucun accident », se félicite-t-elle, ajoutant que ni une panne mécanique ni une crevaison, le lot de tout chauffeur, ne lui font peur. « Magalie est une femme toujours prête à remplir toutes les tâches, tout autant qu’un homme », sourit son collègue Jean Renel Edouard qui estime que « rien n’ébranle » celle qui fait partie des plus anciens chauffeurs haïtiens de la MINUSTAH.

En dépit de ses activités professionnelles, Magalie parvient tout de même à trouver du temps pour s’occuper de sa famille. Pendant qu’elle dépose ses collègues chez eux, son téléphone sonne. Sa fille de 23 ans, qui étudie en République Dominicaine, l’appelle pour lui annoncer la date de son retour à la maison. « Ma chérie, je suis au volant, je t’appellerai une fois à la base », lui répond-elle, consciencieuse. « Avant tout, je respecte mon travail, c’est cette discipline que j’applique également chez moi. Je m’efforce donc d’être aussi une bonne mère pour ma fille », affirme Magalie qui ajoute qu’à la maison elle « fait la lessive, la cuisine et [a] élevé [sa] fille comme toutes les autres femmes au foyer ». Et même si elle termine sa tournée en pleine nuit, à 22 heures, elle dit se rappeler ses années de conductrice de poids lourds, quand elle roulait la nuit pour retrouver sa fille bien après la tombée du jour.

Rédaction: Jonas Laurince
Edition: Tahirou Gouro Soumana