Colloque national sur la lutte contre la pauvreté extrême en Haïti : Un engagement solennel pour vaincre le fléau

9 nov 2012

Colloque national sur la lutte contre la pauvreté extrême en Haïti : Un engagement solennel pour vaincre le fléau

La capitale haïtienne, Port au Prince, a abrité du 6 au 9 novembre les assises du premier Colloque national sur la lutte contre la pauvreté extrême en Haïti.Cette première rencontre avait pour but de proposer des solutions au problème de la pauvreté extrême en Haïti où la moitié de la population vit avec moins d’un dollar par jour.


Colloque national sur la lutte contre la pauvreté extrême en Haïti : Un engagement solennel pour vaincre le fléau


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Photo : Logan Abassi – UN/MINUSTAH

“Là où il y a la faim, la misère, l’analphabétisme, il n'y a pas d'espoir. Il n'y a que désolation et souffrance. La faim nourrit la violence et le fanatisme. Et c’est contre ces fléaux qu’il est indispensable de s’attaquer aujourd’hui en vue conduire notre société sur le véritable chemin de la paix et du développement”, a soutenu le président Michel Martelly, ouvrant ce premier colloque du genre dans un hôtel de la capitale haïtienne. Selon les chiffres communiqués par le Gouvernement lors de la rencontre, huit haïtiens sur dix ne travaillent pas, et la moitié de la population vit avec moins d’un dollar par jour, un chiffre synonyme de « pauvreté extrême » selon le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).

Placé sous le thème « Penser et lutter contre la pauvreté extrême », ce colloque qui a réuni des experts du développement, des représentants d'organisations citoyennes et des bailleurs de fonds est une initiative du Gouvernement haïtien, à travers son Ministère délégué chargé des droits de la personne et de la lutte contre la pauvreté extrême. Il vise à proposer des stratégies de réduction de la pauvreté de 51 à 40% d’ici à 2016, conformément aux Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) pour la réduction de l’extrême pauvreté et de la faim.

Tout en appelant à la mobilisation des ressources dans la « bataille contre la pauvreté extrême », le Premier Ministre, Laurent Salvador Lamothe, a pour sa part rappelé qu’Haïti était particulièrement vulnérable aux aléas climatiques. «Les dégâts causés par la tempête Sandy sont là pour nous signifier que la réduction de la pauvreté ne pourra se réaliser si nous n’arrivons pas à mieux gérer les risques liés au réchauffement climatique sur notre économie. Pour gagner cette bataille, nous avons besoin de l’aide de nos partenaires », a affirmé le Premier Ministre haïtien. En effet, le Gouvernement et la communauté humanitaire viennent de lancer un appel de fonds à hauteur de 39 millions de dollars afin de venir en aide à un million et demi de personnes menacées d’insécurité alimentaire suite au passage de l’ouragan Sandy il y a deux semaines.

Vers un filet de protection des plus vulnérables

Des efforts sont en cours pour mettre sur place un système de protection sociale de plus vulnérables en Haïti. Un Ministère chargé des droits humains et de la lutte contre la pauvreté extrême a ainsi été crée pour la mise en place de programmes ciblés. Sa Ministre Marie Carmèle Rose Anne Auguste a témoigné de la détermination du Gouvernement « à lutter contre la pauvreté extrême à travers tout le pays, en allant la traquer dans les quartiers précaires et dans les régions les plus reculées ». Elle a rappelé la mise en place des programmes de lutte contre la faim et de protection de l’enfance respectivement connus sous les noms de ‘Aba Grangou’, ‘Ti Manman Cheri’ afin « d’accompagner les couches les plus pauvres de la population dans leur lutte quotidienne pour la subsistance, de mettre à leur disposition des moyens qui leur permettent de soulager leur souffrance et leur ouvrent des opportunités de développer des activités économiques, afin de retrouver leur dignité et réduire la transmission générationnelle de la pauvreté », a-t elle affirmé.

Pour le Président de la Banque Mondiale, Dr. Jim Yong Kim, Haïti peut et doit se développer. Pour cela, des accords de financement ont été signés entre son organisme et la Présidence dans les secteurs de l’énergie, des infrastructures et de la sécurité alimentaire à hauteur de 160 millions de dollars. Dr. Kim a également annoncé que la Banque mondiale couvrira les frais de 15 mois de loyer pour 60.000 personnes déplacées suite au séisme de 2010 et leur assurera une formation professionnelle.

Le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations Unies et Coordonnateur des affaires humanitaires en Haïti pense, pour sa part, que la volonté politique et les investissements dans les secteurs de l’agriculture, l’éducation, la santé, le genre et l’équité peuvent changer la donne. « Il y a un besoin d’une collaboration entre les haïtiens, d’une conscience commune », a insisté Nigel Fisher. Justement, pour la Responsable du secteur pauvreté, genre et équité en Amérique Latine et aux Caraïbes de la Banque Mondiale, Haïti peut « tirer les leçons des autres pays [voisins] pour réduire la pauvreté extrême. « Il y a énormément de potentialités, une grande volonté politique et une société civile active et dynamique », estime Louise Cord.

Selon l’Institut de recherche des politiques alimentaires internationales (IFPRI), Haïti figure parmi les 5 pays au monde où la faim sévit le plus en 2012. Le pays est en tête de la liste des pays d'Amérique latine et des Caraïbes ayant le plus faim, selon le dernier classement de l'indice de la faim dans le monde, un outil de mesure mis en place par l’IFPRI.

Tahirou Gouro Soumana/Sophie Boudre