Comment faire progresser le suivi des plaintes déposées pour les violences faites aux femmes

15 oct 2012

Comment faire progresser le suivi des plaintes déposées pour les violences faites aux femmes

Une soixantaine de policiers de la région de Jacmel ont suivi une formation sur les violences faites aux femmes afin d’améliorer la gestion par les Commissariats des plaintes déposées pour violences sexuelles ou conjugales, dans un contexte où le silence continue de prévaloir.

Comment faire progresser le suivi des plaintes déposées pour les violences faites aux femmes

Photo : Logan Abassi - UN/MINUSTAH

« A ma connaissance, il ne se passe pas à Jacmel une semaine sans que l’on ne reçoive des lettres de plaintes pour des cas de violence contre des femmes », explique la coordonnatrice départementale du Ministère à la Condition Féminine et aux Droits de la Femme, Jeudanie Samedi Guilloteau. « Mais les cas non déclarés sont souvent majoritaires ».

C’est pourquoi elle plaide pour la sensibilisation et l’éducation civique à travers tout le département. « Rendre plus performants les policiers et enquêteurs, c’est une initiative très louable, mais les doter de moyens adéquats pour faire leur travail reste un pas important à franchir », souligne-t-elle.

Le bureau du Service Départemental de la Police Judiciaire (SDPJ) à Jacmel traite plus de 70 cas en moyenne chaque mois, mais bon nombre d’entre eux restent lettre morte, soit par manque d’effectifs, soit parce que la complexité des cas ne permet pas de déférer les dossiers à temps.

Dans le cadre de leur mandat, le bureau de la Police des Nations Unies pour le renforcement des capacités et le développement, en appui à la Police Nationale d’Haïti, a initié une formation théorique et pratique sur les violences basées sur le genre, qui vise à faciliter un meilleur suivi des dossiers judiciaires des plaignantes.

Elle porte notamment sur la gestion et la résolution de conflits, l’étude des dossiers et leur suivi médical, la protection de l’identité des victimes, et enfin l’enquête de proximité et le classement de la documentation.

Elle entre dans le cadre d’un projet-pilote financé par la MINUSTAH et mis en oeuvre par des formateurs de la Police des Nations Unies (UNPol), assistés d’ instructeurs haïtiens.

« Les policiers sont des ambassadeurs du changement, ils sont appelés à accompagner les institutions qui travaillent contre les violences faites aux femmes pour aider à enrayer ce phénomène », explique la responsable de cette formation, Sonia Hamer.

Une partie des plaintes déposées dans les bureaux de police ne sont pas traitées parce que les victimes refusent de collaborer ou abandonnent au cours de l’enquête, bien avant le procès, souligne Jean-Baptiste Agounabome, chargé des questions de Genre au bureau des UNPol à Jacmel..

« Pour décourager les auteurs des infractions, la justice doit sévir contre les coupables », insiste-t-il.

Les agents formés reproduiront cette formation auprès de leurs pairs basés dans les différents postes de police du département du Sud-Est.

Jean Patrick Mackintosh/Mathias Gillmann