Les coopératives agricoles renforcent la sécurité alimentaire en Haïti

16 oct 2012

Les coopératives agricoles renforcent la sécurité alimentaire en Haïti

En Haïti, où 60% de la population dépend directement de l’agriculture pour survivre, le regroupement des producteurs en coopératives a permis aux producteurs d’unir leurs forces, en réduisant leurs coûts et en facilitant l’accès aux outils nécessaires.

Les coopératives agricoles renforcent la sécurité alimentaire en Haïti

 

Photo : Logan Abassi – UN/MINUSTAH

« Quand vous êtes planteurs dans un pays comme Haïti, vous êtes faibles », explique Charlemagne Joseph, Secrétaire général de la Fédération des planteurs et d’irrigants de la Basse-pleine des Gonaïves (FEPIBGO). « Avec cette organisation, nos planteurs arrivent facilement à établir le pont entre autorités, ONG et nos revendications », ajoute-t-il, décrivant la Fédération comme « l’écho des voix des agriculteurs et notre avocat ».

Mistral Joseph, planteur de la localité de Grand-Mont qui travaille depuis huit ans à améliorer la production agricole dans l’Artibonite, est plus radical : « Sans cette structure, l’agriculture ne serait qu’un enfer pour nous ».

En effet, se réunir en associations ou en coopératives permet notamment aux agriculteurs de faire baisser les coûts de production, les membres ayant la possibilité de tout acquérir en commun. « Cela facilite la synergie, stimule et encourage les travailleurs », estime l’agronome Jean Yves Banatte, professeur d’université spécialiste en organisations paysannes et coopératives.

A Doland, première section communale des Gonaïves, la Fédération dispose d’un magasin où les 5.650 planteurs des 35 localités de la région viennent s’approvisionner en engrais, en insecticides et en fongicides, entre autres.

David Moise, agriculteur, souligne l’avantage pour les producteurs, souvent dispersés, de disposer « à portée de main » des outils nécessaires à la production. « Maintenant nous achetons les intrants agricoles à un prix réduit », se réjouit-il également.

Le travail en association a aussi comme avantage de faciliter la participation des agriculteurs à des œuvres communautaires, comme la réhabilitation de certains canaux d’irrigation.

Pour l'année 2012, l’Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a dédié la Journée Mondiale de l’Alimentation, le 16 octobre, à la mise en avant du travail des coopératives agricoles qui, selon elle, travaillent à l'amélioration de la sécurité alimentaire et contribuent à l'éradication de la faim dans le monde.

En Haïti, le Programme alimentaire mondial (PAM) travaille avec plus de 50 Organisations de Producteurs Agricoles (OPA). « Cela nous a permis, en 2012, d’acquérir près de 5.000 tonnes de nourriture auprès des petits producteurs haïtiens, pour une valeur qui dépasse les 7,7 millions de dollars », explique sa Directrice en Haïti, Myrta Kaulard.

Le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a lui aussi salué le « formidable » savoir-faire des coopératives pour aider à « doubler les revenus et la productivité des petits exploitants agricoles ».

Il a également profité de la célébration de cette Journée spéciale pour inviter tous les partenaires à relever le défi « Faim Zéro », lancé en juin dernier au Brésil, à la Conférence Rio +20 sur le développement durable, pour « un monde à l’abri de la faim, où tous les systèmes alimentaires sont durables et où chacun peut jouir de son droit à l’alimentation ».

Pierre Jérôme Richard et Jean Etiome Dorcent