Conférence de presse de la Représentante Spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en Haïti et cheffe de la MINUSTAH

17 avr 2017

Conférence de presse de la Représentante Spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en Haïti et cheffe de la MINUSTAH

 

 

Photo: Logan Abassi - UN/MINUSTAH

Photo: Logan Abassi - UN/MINUSTAH

 

INTERVENTION DE LA REPRESENTANTE SPECIALE DU SECRETAIRE GENERAL DES NATIONS UNIES ET CHEFFE DE LA MINUSTAH

 

 

Bonjour à tous et à toutes,

 

Merci d’être venus si nombreux à cette conférence de presse qui vient à un moment décisif pour Haïti, à un moment où le pays peut se réjouir des progrès remarquables dans son processus de stabilisation et de consolidation démocratique. Ces progrès vont permettre non seulement aux autorités nationales et locales de faire face aux multiples défis auxquels le pays est confronté, mais aussi vont ouvrir un nouveau chapitre dans le partenariat entre Haïti et les Nations Unies.

 

Il n’y a aucun doute : c’est grâce à la détermination des Haïtiens et des Haïtiennes que ces progrès ont pu se réaliser au fil des années, avec l’appui de l’équipe pays des Nations Unies et de la MINUSTAH. 

 

Jeudi dernier, le 13 avril, en prenant la décision charnière de fermer la MINUSTAH dans six mois, le 15 octobre 2017 et d’établir une nouvelle mission, réduite, qui va se concentrer sur la consolidation des gains achevés, les membres du Conseil de Sécurité étaient unanimes à reconnaitre les progrès enregistrés au regard de la stabilité en Haïti au cours des dernières années.

 

Dans sa Résolution 2350, le Conseil a félicité les autorités nationales et le peuple haïtien de la bonne tenue des élections du 20 novembre 2016 et du 29 janvier 2017, aboutissant au retour à l’ordre constitutionnel, avec l’investiture du 58ème Président de la République d’Haïti le 7 février et le fonctionnement régulier de la 50ème législature depuis le 9 janvier. Avec tous les postes élus au suffrage universel renouvelés pour la première fois depuis 2006,  ces élections vont donner à Haïti une opportunité unique pour aborder les causes profondes des crises politiques récurrentes. Le pays pourra prendre des mesures tangibles afin de répondre aux besoins de la population, de rétablir la confiance dans les institutions étatiques et d’améliorer  les perspectives économiques des citoyens.

 

Le Conseil de sécurité s’est montré encouragé par les premières mesures prises par le Président Jovenel Moïse quant à la transparence de l’action gouvernementale ainsi que par les appels des acteurs clefs de la classe politique, du secteur privé et de la société civile en soutien des réformes institutionnelles. Le Conseil a salué la professionnalisation continue de la Police nationale d’Haïti (PNH), qui, aujourd’hui forte de 14,000 effectifs, a continué d’accroitre sa capacité, notamment dans la planification et l'exécution d'opérations complexes, dont la sécurisation des élections, ou l’exécution des tâches de routine dans la lutte contre la criminalité et pour le maintien plus efficace de l'ordre public.

 

En dépit de ces améliorations, pour les Etats membres, il était aussi clair que beaucoup reste à faire, surtout dans le domaine de l’état de droit, y inclus la police et le système judiciaire et les droits de l’homme, afin d’assurer la consolidation de la stabilité dans le pays et la durabilité des progrès. Et que ces efforts et les réformes nécessaires sont la prérogative du gouvernement haïtien.

 

Les multiples lacunes dont souffre le système judiciaire et le respect des droits de l'homme exigent en effet un engagement renouvelé de l'Exécutif et du Législatif, tandis que le développement de la police nationale, y compris dans les domaines de la gestion et de la transparence interne, du ratio police-population et de la couverture géographique devra encore se faire dans le cadre du nouveau plan stratégique de développement quinquennal 2017-2021. Le Conseil a souligné qu’il va être crucial pour la durabilité institutionnelle de la PNH que le gouvernement continue à prioriser la professionnalisation et à allouer les ressources financières et matérielles nécessaires pendant qu’il préserve le caractère apolitique de la police nationale afin de sauvegarder la crédibilité de l'institution ainsi que sa capacité de servir et protéger tous les citoyens haïtiens.

 

Du fait de ces défis et au vu des progrès réalisés au cours des 13 dernières années, le Conseil de sécurité est arrivé à la conclusion que le moment est venu de remodeler le partenariat entre la communauté internationale, les Nations Unies et Haïti en vue d'assurer la consolidation de ces acquis.

 

La Résolution 2350 prévoit donc, en plus de la fermeture de la MINUSTAH le 15 octobre, la mise en place d’une nouvelle mission, la Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH), établie pour une période initiale de six mois, du 16 Octobre 2017 au 15 Avril 2018.

 

Cette nouvelle Mission, avec un effectif et un mandat plus réduits assistera le gouvernement d'Haïti dans le renforcement de l’état de droit, apportant un soutien opérationnel et technique à la PNH dans la mise en œuvre de son plan de développement stratégique 2017-2021 et  un appui  sur la situation en matière de droits de l’Homme, pour en rendre compte et l’analyser. Elle sera composée d’un maximum de sept Unités de police constituées (au lieu de 11 actuellement)  qui seront déployés dans cinq départements ainsi que 295 officiers de police individuels dans les dix départements, soit une réduction des 2/3 de nombre de policiers individuels.

 

Permettez-moi de vous rappeler que bien que le rôle des Nations Unies va changer fondamentalement, ce changement a été préparé pendant un processus de consolidation de quatre ans, avec l’adoption du Plan de Consolidation de la stabilisation par le Conseil de sécurité en 2013.

Ayant des mandats et des effectifs différents, la transition entre la clôture de la MINUSTAH et l’ouverture de la MINUJUSTH suivra de la même façon, une planification minutieuse.

Premièrement, le but du système des Nations Unies en Haïti et le but du Conseil de sécurité est que la transition entre les deux Missions soit fluide afin que les gains achevés soient préservés et même consolidés.

Deuxièmement, cela implique une responsabilité conjointe des Nations Unies et des autorités nationales afin d’assurer que le retrait des troupes militaires onusiennes durant les six prochaines mois, la réduction des effectifs de police des Nations Unies ainsi que la réduction des tâches civiles de la MINUSTAH, soient planifiés et coordonnés avec les autorités nationales et locales concernées, la société civile et les autres partenaires clefs de la vie politique et économique du pays.  Pour réussir, il est impératif que le gouvernement et les autres acteurs politiques assument leur part de responsabilité. A ce titre, je voudrais vous dire que je suis rassurée par les premières discussions que j’ai eu avec le Président de la République, le Premier Ministre et les deux Présidents des deux chambres du Parlement, parmi d’autres, pour préparer cette transition de manière ordonnée.

Une première étape a été passée avec succès ce samedi 15 avril avec la cérémonie que marque le départ imminent des troupes militaires de l’Uruguay et du Pérou déployés à Morne Cassé. Ces pays avaient contribué à la MINUSTAH dès sa mise en place en 2004. Avec leurs départs du département du Nord-Est et celui des troupes chiliennes, également pays contributeur dès les premiers jours de la MINUSTAH, la PNH va pleinement assurer la sécurité, dans les départements du Nord et du Nord-Est, avec le soutien continue de la police onusienne. Et je suis confiante que la PNH est en mesure de le faire, comme ils l’ont démontré lors des différents tours électoraux, notamment.

Troisièmement, le soutien continu des partenaires internationaux va être crucial, un soutien bien coordonné qui met l’accent sur le renforcement institutionnel afin d’assister les autorités nationales à améliorer la prestation des services. Je vais m’engager pendant les mois qui viennent afin que le processus de transition de la MINUSTAH puisse être accompagné d’une mobilisation de ressources afin d’appuyer les autorités nationales et l’Equipe pays des Nations Unies dans ce cadre.

Enfin, et c’est le dernier point que je souhaite développer, avant de répondre à vos questions, alors que nous passons d’une approche centrée sur la stabilisation à une approche donnant la priorité au renforcement institutionnel, les Agences, Fonds et Programmes des Nations Unies continueront, bien sûr, leur travail important, en appui des priorités du gouvernement haïtien dans les domaines du développement socio-économique et de l'aide humanitaire pour atteindre les Objectifs de développement durable ;  et dans le plan national d’élimination du choléra et la nouvelle approche du Secrétaire général de décembre dernier. Le Secrétaire-général Antonio Guterres a lancé une nouvelle demande de financement que je voudrais réitérer aujourd’hui. En 2017, il est possible de porter un terme définitif à la transmission du choléra si les ressources suffisantes sont mobilisées. Cette mobilisation des Etats membres des Nations Unies et de tous les partenaires et amis d’Haïti est cruciale pour financer les besoins en accès à l’eau, à l’assainissement, aux soins de santé et d’appuyer les personnes les plus touchées dans les différentes régions du pays.

Je conclurai en m’engageant à continuer de travailler, au cours des six prochains mois, de concert avec les autorités haïtiennes et les principaux secteurs de la société haïtienne, afin d’assurer un processus de transition inclusif et durable.

 

Merci beaucoup.