Déclaration faite à la presse par le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en Haïti le jeudi 23 février 2012

23 fév 2012

Déclaration faite à la presse par le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en Haïti le jeudi 23 février 2012

Port-au-Prince, jeudi 23 février 2012

La MINUSTAH tient à féliciter les autorités haïtiennes pour les avancées récentes dans le renforcement de l’Etat de droit en Haïti avec notamment la nomination de quatre juges additionnels à la Cour de cassation et l’annonce de la prochaine mise en place du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ). Nous tenons également à remercier les autorités haïtiennes pour le déroulement réussi de la visite du Conseil de sécurité des Nations Unies en Haïti.

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Photo : Logan Abassi – UN/MINUSTAH

L’année 2012 pourrait s’avérer un véritable tournant pour Haïti au plan de la reconstruction, de la croissance économique, de l’investissement et du renforcement des institutions politiques et de gouvernance, si toutefois les autorités haïtiennes décidaient d’avancer sur des éléments prioritaires qui pourraient constituer le fondement de la stabilité politique: l’adoption par le Parlement du budget national; l’élaboration d’un agenda législatif consensuel; la publication des amendements de la Constitution; et l’organisation des élections locales, municipales et sénatoriales de 2012.

Cependant, nous observons depuis plusieurs semaines une série de crises à répétition entre les pouvoirs exécutif et législatif qui minent le bon fonctionnement des institutions ainsi que le processus démocratique. L’impasse politique et la paralysie institutionnelle entre le gouvernement, le Parlement et le Président ne reflètent pas les engagements que ceux-ci ont pris vis-à-vis du peuple haïtien et ne sont pas de nature à créer les conditions nécessaires pour la relance de l’économie et la consolidation de la démocratie.

Nous avons pris acte des déclarations du Premier ministre et du Ministre de l’intérieur au sujet du regroupement  à travers le pays d’éléments armés, dont certains sont issus des ex-Forces Armées d’Haïti. Nous nous attendons  à ce que ces déclarations soient accompagnées d’actions concrètes visant à mettre un terme à ce processus ad hoc de regroupement qui est une provocation inutile. Nous réaffirmons que le choix de recréer ou non une seconde force est une question légitime et une décision souveraine. Toutefois, cette initiative ne doit pas se faire au détriment du développement des capacités et des effectifs de la Police Nationale d’Haïti comme a indiqué le Conseil de sécurité. Dans cette perspective, la MINUSTAH et ses partenaires internationaux appuient le renforcement de la Police Nationale d’Haïti, chargée d’assurer la sécurité et une stabilité durable dans le pays.

Nous restons aussi très préoccupés par le retard pris dans l’organisation des prochaines élections locales, municipales et sénatoriales qui constituent une exigence constitutionnelle. Il faut de la volonté politique pour aller de l’avant. Tout comme des élections réussies peuvent renforcer les institutions démocratiques et le consensus sociopolitique autour des priorités du gouvernement, des élections retardées ou controversées risqueraient de miner les efforts déployés pour projeter l’image d’un pays où les institutions sont fortes et capables de garantir la stabilité politique et la sécurité des investissements nationaux et étrangers.

Nous sommes certains que l’ensemble de la communauté internationale partage notre avis et ensemble nous œuvrons afin de contribuer à la stabilisation et au développement d’Haïti au profit du bien-être de ses citoyens. Nous réitérons notre ferme volonté d’accompagner les autorités et le peuple haïtiens dans la consolidation irréversible d’un  Etat de droit fondé sur les institutions prévues dans la constitution, les lois, la transparence et la bonne gouvernance. Nous encourageons fermement les autorités haïtiennes à forger un consensus au-delà des différences partisanes afin de prendre les décisions qui serviront à renforcer les institutions du pays ainsi que la stabilité politique et le développement économique.