Des policiers haïtiens formés à la gestion des armes obsolètes

1 juil 2014

Des policiers haïtiens formés à la gestion des armes obsolètes

 

Photo : Logan Abassi - UN/MINUSTAH Photo : Logan Abassi - UN/MINUSTAH

 

 25 armes légères et 150 kg de munitions de 38 mm ont été détruites, le 27 juin en début d’après-midi, à l’Académie de police de Port-au-Prince.  

C’était à l’issue d’une formation de trois jours sur la gestion d’armurerie et la destruction d’armes et de munitions obsolètes. 22 policiers haïtiens et cinq de l’ONU ont pris part à cette formation, organisée par le Service de la lutte anti-mines des Nations Unies (UNMAS).

Le dispositif de destruction des munitions, fabriqué localement, est simple. Une cage superposée à une cuve. L’une est destinée au combustible, la seconde aux munitions à détruire. Une étincelle suffit pour enflammer le brasier dans sa coque de métal. Une fumée noire s’échappe de la boîte. « La destruction se fait sans explosion », rassure l’officier d’UNMAS, Nick Bray.

Mais, les visiteurs sont invités à s’éloigner par mesure de prudence. Des détonations, d’abord sporadiques. Les premières balles éclatent sous l’effet de la combustion du gasoil. La fumée, au début noire, devient blanchâtre au moment où les coups, devenus crépitements, se font plus fréquents. « Ca ressemble à la préparation du popcorn », se souvient un des observateurs.

Le silence revient lorsque toute la poudre des balles a été consumée. « Une balle, comme tout produit, a une date de péremption. A la fin de sa durée de vie, elle devient dangereuse pour celui qui l’utilise », prévient le capitaine ivoirien Zoumana Ouattara, de la police judiciaire de l’ONU.

La seconde formation-démonstration a porté sur la destruction par découpage à la scie circulaire d’armes obsolètes. Effectuée par des policiers haïtiens, celle-ci clôturait la partie pratique de leur formation. Les armes détruites sont d’une vétusté extrême. La crosse en fer ou en bois a changé de couleur à force d’avoir été saisi par plusieurs mains. Le canon est couvert de rouille épaisse.

Des tours de scotch relient des pièces entre elles. Avant le découpage, l’arme est examinée, enregistrée suivant ses caractéristiques et son numéro de série. Elle est découpée en deux ou trois morceaux la rendant totalement inutilisable. Ceux-ci sont ensuite entreposés dans une boite de récupération. Ils seront recyclés et pourront servir à la fabrication d’objets d’art ou à la refonte selon les promoteurs du projet.

« Certaines de ces armes ont été mises en service depuis 30 ans par l’Etat haïtien et sont totalement obsolètes. D’autres ont été saisies par la police entre les mains de criminels ou remises par des civils lors de la campagne de régularisation des armes », explique Bernard, un policier de la première promotion  formée à l’académie de police.

« La destruction des armes obsolètes qui ont servi à commettre des crimes et sont récupérées par la police dans le cadre du programme Désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) sert à éviter qu’elles se retrouvent indument de nouveau entre les mains de criminels », explique le capitaine Ouattara. 

 

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Photo : Logan Abassi - UN/MINUSTAH

 

Grâce aux éléments théoriques et aux séances pratiques, les participants ont démontré leurs capacités à appliquer les nouvelles connaissances acquises. « Nous avons appris lors de cette formation qu’on ne construit jamais un dépôt d’arme sous du feuillage. Nous avons aussi étudié la structure d’une chambre forte de stockage des armes », déclare Neptune Pierre un des participants.

Pour Mike Giles, chef de la section planification stratégique de la Police des Nations Unies, « cette formation vient développer l’expertise et de nouvelles capacités opérationnelles permettant à la PNH de continuer de professionnaliser son fonctionnement et son mandat en minimisant les risques associés aux armes et aux munitions obsolètes ».

Le commissaire divisionnaire Francène Moreau, directeur de l’Académie de police a, quant à lui, mis l’accent sur la responsabilité de l’Etat dans la gestion des armes.  Il est de l’obligation de tout Etat de contrôler la circulation d’armes sur son territoire. Si un Etat n’arrive pas à faire cela, il va tout droit au chaos », a-t-il déclaré, tirant les leçons des troubles du passé en Haïti, marqués par des crimes violents perpétrés avec des armes à feu. 

 

Antoine Adoum Goulgué – UN/MINUSTAH